Aujourd’hui nous avons le plaisir de rencontrer Jean-Frédéric Tillie, l’une des figures emblématique du Paddle Raid, pour avoir participé 4 fois à cet événement hors-normes qui voit chaque année une ribambelle de courageux traverser en stand up paddle la méditerranée entre Calvi et Saint Raphaël sur 190 kilomètres. Que ce soit en mode raid (Paddle Raid) ou en mode course (Ultra Paddle Race), où il détient, avec Julien Castel, le record en duo de la traversée, il partage avec nous son expérience et nous fait part de ses conseils pour ceux qui souhaitent être de l’édition 2024 qui aura lieu entre le 11 et 18 mai prochains. Au-delà de ses exploits remarquables, Jean-Frédéric (Jean-Fred pour les intimes) partage également son aventure extraordinaire en tant que papa d’Edgar, son fils autiste âgé de 16 ans, avec qui il a réalisé la traversée l’année dernière. Un moment de partage et d’émotions incroyable, faisant du Paddle Raid bien plus qu’un simple défi sportif.
Bonjour Jean-Fred, peux-tu nous raconter comment tu es tombé dans la marmite du Stand Up Paddle et tes activités actuelles liées au SUP ?
Salut Mathieu et TotalSUP. Champenois d’origine, je suis depuis toujours attiré par la mer. Après avoir tâté du catamaran, du laser, je me suis passionné pour le windsurf. Cependant, mes obligations familiales et professionnelles étaient souvent une source de frustration, car mes créneaux disponibles ne correspondaient pas toujours aux conditions idéales pour le windsurf. Un jour, en 2011, je suis tombé sur un paddle JP Australia Cruiser, et c’est là que j’en suis tombé amoureux. J’ai commencé par des ballades qui se sont avérées de plus en plus sportives.
Le paddle me convenait parfaitement : efficace pour sortir même avec un timing réduit, et le vent n’était plus un allié attendu. Je me suis pris au jeu des sorties de plus en plus longues et nombreuses.
J’ai participé aux premières courses à Sainte-Maxime, Grimaud, au Challenge hivernal du Hyères Stand Up, au Nautic Paddle sur Paris, et au championnat de France en 2016. Bien que je n’aie jamais été aux avant-postes, j’ai toujours été pugnace pour rester dans le premier tiers et devant certains copains. Le milieu du SUP est accueillant avec des coureurs ouverts et toujours prêts à donner de bons conseils, une petite famille qui manque malheureusement actuellement de jeunesse.
Depuis 5 ans, je fais partie du Yacht Club de Toulon, un club multisupport en cours d’affiliation à la Fédération Française de Surf, en plus de nos liens avec la FFV et la FFCK. L’idée est de proposer, dans un premier temps, une approche conviviale, créer une émulation autour de sorties communes. Notre situation sur la côte fait de nous un passage obligé pour les dizaines de propriétaires de paddles gonflables qui profitent de notre mise à l’eau quotidiennement en période estivale. Nous pouvons leur donner envie de pratiquer tout au long de l’année et, par quelques conseils techniques, améliorer leurs sensations et leur plaisir sur l’eau. Dans un deuxième temps, faire connaître aux plus jeunes la possibilité de pratiquer en compétition.
La Ligue de surf Sud a lancé l’année dernière une compétition jeunesse sur support commun. Dans un troisième temps, le développement d’une section Paddle foil. Nous disposons d’un spot permettant d’offrir des conditions de downwind par vent d’Est ou d’Ouest.
Tu as découvert le Paddle Raid par le biais de l’Association caritative Le Chant des Dauphins ? Peux-tu nous parler de cette structure et nous raconter comment la rencontre avec le Paddle Raid a impacté ta vie ?
Le Chant des Dauphins est une association dynamique basée à Fréjus. Son objectif est de faire découvrir l’élément marin, la navigation à la voile à un public présentant un handicap intellectuel. Malheureusement, l’association a perdu son président fondateur en octobre dernier, Philippe Manon, lors d’une sortie à la voile organisée pour l’association. L’idée première est de faire rencontrer des enfants porteurs de handicap avec des mammifères marins. Cette volonté est bonne. Il suffit de se voir scrutant la mer et se remplir de joie à la vue d’un dauphin. C’est un sentiment fort qui, je pense, a un impact positif sur ces enfants.
L’association cherche constamment des financements, car un voilier a des coûts d’entretien. Les sorties sont proposées gracieusement aux enfants, à leur famille, aux hôpitaux ou instituts.
Le Paddle Raid a été créé afin d’aider à financer l’association. C’est ainsi qu’en 2016, en faisant des recherches sur “Dauphins et Autisme” sur internet, je suis tombé sur le site du Paddle Raid. Paddle, voilier, aide pour des enfants autistes : une mission claire et nette pour moi, je voulais y participer.
Depuis 2016, chaque mois de mai, je scrute les conditions météorologiques, pense et vis le Paddle Raid. J’y ai rencontré une équipe magnifique, investie et amicale, celle d’Extrême Glisse Événement (le club de Paddle de Saint-Raphaël), avec Jean-Phi, Jean-Marc, Eric, Luc, Sophie, et tous les autres bénévoles que beaucoup connaissent au travers d’étapes et de finales du championnat de France de SUP maritimes.
À combien d’éditions Paddle Raid as-tu participé ? Quels souvenirs forts gardes-tu de ta participation à la première édition de l’Ultra Race ?
J’ai participé à 4 Paddle Raid : en 2016, la première traversée, en 2017, l’aller-retour Fréjus-Porquerolles-Fréjus, en 2022, l’Ultra Race, et en 2023, de Saint-Raphaël à Calvi.
L’Ultra Race a commencé pour moi fin janvier quand Julien Castel m’a contacté pour me proposer de faire la course avec lui. Il avait un équipage motivé et prêt ! J’ai rencontré Julien pour un premier entraînement à Fréjus, et la pression montait, car je me devais d’être au maximum au niveau de Julien, qui est un sportif et un rameur au top. Le lien est devenu très vite amical, et il m’a bien conseillé pour ma préparation.
C’est vraiment la première vraie étape : je me souviens de ma traversée en 2016, des conditions parfois exigeantes, surtout à l’arrivée sur Calvi. Je sentais l’effort qu’il allait falloir fournir, car en plus d’aller vite, on allait être à deux et pas plus à ramer. Pas le droit de se laisser aller, car l’équipe à bord mérite un investissement total.
Nous avons traversé la veille du départ, une traversée parfaite, un vent constant, un même bord. Il fallait dormir une première nuit en navigation, et Pierre, le co-skipper, et Jean-Laurent, le propriétaire, ont eu la gentillesse de naviguer à la barre toute la nuit afin de nous préserver des bruits importants du pilote.
Le départ de Julien a été canon, nous avons pris les devants, et c’était le but : partir fort pour tenter de distancer immédiatement les autres concurrents. Nous avons décidé d’une route directe, pas de calcul sur une bascule de vent. En paddle, le chemin le plus rapide est souvent le plus direct et donc le plus court.
Les premiers relais se sont bien passés, la mer était incroyablement calme. Nous étions dans les premières chaleurs de l’année, et nous étions le jour d’une éclipse de lune. La nuit s’annonçait superbe. Cette mer si calme nous permettait de contempler des dizaines de couples de poissons-lunes, des tortues, des dauphins. Nous regardions rapidement car nos yeux étaient plutôt fixés sur l’horizon. Le voilier maintenait une vitesse limite calculée afin de passer sous les 24 heures. Nous rencontrions certains courants. Lors d’un relais l’après-midi, je suis sorti de la cabine et me suis retrouvé sur une autre planète. L’horizon n’existait plus, la mer se dissipait dans une brume lointaine, c’était presque oppressant. Pour l’instant, nous arrivions à manger un peu entre chaque relais. Christelle, l’amie de Julien, nous aidait à tenir la cadence par des massages bienvenus, et Élisabeth gérait nos approvisionnements.
L’Ultra Race, c’est avant tout une course en équipe, et pas seulement une équipe de rameurs. Nous avions également deux commissaires de course sur le voilier qui contrôlaient nos relais et le respect du règlement. La nuit en course a été rude car la fatigue a commencé à se faire sentir. Les relais s’enchaînaient et paraissaient de plus en plus longs. Enfin, le jour est arrivé, et le soulagement de voir la côte se rapprocher. L’arrivée était à fond car le chrono était bon, nous voulions s’activer pour arriver sous la barre idéale de 24 heures.
L’année dernière, tu participais de nouveau au Paddle Raid mais cette fois avec ton fils autiste de 16 ans installé sur ta planche. Peux-tu partager avec nous les émotions et les défis que vous avez rencontrés lors de cette aventure père-fils ?
Une traversée, c’est un moment fort. Edgar, mon fils, a toujours aimé l’eau. Il se baigne toute l’année, ce milieu marin l’apaise. Nous passons de nombreuses heures dans l’eau ou sur l’eau. L’idée de l’embarquer dans cette aventure s’est imposée à moi, une manière de poursuivre l’expérience Paddle Raid en y joignant la finalité de l’épreuve, ouvrir le milieu à un public présentant un handicap.
Les défis étaient multiples. Edgar a besoin de routine, de maîtriser son environnement. Il se réconforte dans les habitudes. C’était donc la plus grande inconnue : sa réaction à vivre sur un voilier en équipage pendant 35 heures à minima, avec des contraintes non maîtrisables, comme la météo, la durée de la traversée, la vie avec l’équipage, et le mal de mer.
C’était ma principale crainte, avec celle de savoir si cette virée lui faisait plaisir. Nous avons pu nous tester pendant les qualifications du Paddle Raid. Il a eu un comportement impeccable sur le paddle, il était à l’aise pendant les relais de deux heures, sans plainte. De plus, lors de ce week-end, il a pu commencer à se familiariser avec l’ensemble des participants.
L’autre idée était de le faire ramer avec moi. Il présente des troubles de la motricité fine, le geste de tenir une pagaie et la rame n’est pas forcément facile. Le week-end précédent le départ, il me demandait de partir plutôt avec sa sœur Esther, mais le jour J, il est monté à bord et tout s’est déroulé impeccablement. Il a été ouvert aux autres, intéressé, présent sur l’eau. Nous avons fait de belles rencontres, tant humaines qu’animales : dauphins, tortues, poissons-lunes. Une petite baignade à 100 km des côtes. L’arrivée à Calvi était pleine d’émotion. Son sourire, c’est mon principal souvenir de cette si belle traversée. Une image qui restera.
L’option raid c’est le Paddle Raid, l’optino course c’est l’Ultra Paddle Race. Ayant participé aux deux, peux-tu nous expliquer les différences ?
La course reste pour moi un très bon souvenir, mais un peu comme à l’armée, on savoure à l’arrivée et en souvenirs. Sur le moment, c’est dur, rude, on se sent à la limite, et notre regard se porte au devant de la planche. Je me souviens d’un dauphin sautant dans le plancton phosphorescent la nuit. C’était magnifique quand il a eu la bonté de sauter devant ma planche, mais apparemment, il m’a suivi un peu et je n’ai pas pu prendre le temps de regarder.
Le raid permet de prendre ce temps de voir, de discuter avec les autres participants.
Quelle est ton approche en termes de préparation physique et mentale pour une traversée aussi exigeante que le Paddle Raid ? As-tu des astuces spécifiques à partager avec les passionnés de SUP qui aspirent à des défis similaires ?
Pour le mental, l’amour de la mer, l’envie de vivre une expérience unique sont des moteurs importants. Mon fils est aussi une source de dépassement. Quand je coince, je pense à ses difficultés (passage dans la foule, modification d’une habitude…) et à mes injonctions pour qu’il se dépasse. Du coup, je m’impose ce que je lui impose. Une traversée, ça reste un mythe. C’est pour moi une source de motivation : on quitte une terre pour rejoindre une terre, cela doit être l’un des moteurs de l’humanité.
En 2016, j’avais eu un moment de doute en quittant le port de Fréjus à 4 h du matin avec une équipe que je ne connaissais pas (il n’y avait pas de qualification à l’époque). Un petit dépassement de la zone de confort.
Pour la course, j’avais surtout travaillé le cardio. La distance, je l’avais en tête. Il fallait juste gérer les potentiels soucis musculo-squelettiques. La course, c’est un effort en résistance. Il faut ramer fort pendant deux heures toutes les deux heures. Les moments de repos doivent être négociés intelligemment. Faire refroidir la machine, la nourrir, l’hydrater et se reposer (physiquement et mentalement) ; il faut chercher à se démotiver quand c’est très dur. J’ai retrouvé du rythme au moment des passages jour nuit et nuit jour.
Pour le raid, il faut, selon son niveau, faire un maximum de sorties dans différentes conditions. Il faut se préparer à rencontrer différentes météos. Au niveau physique, le week-end de qualifications permet de jauger et de travailler ensuite ce qui a fait défaut. Ramer deux heures toutes les 4 heures pendant 36 heures, c’est le deal du raid. Par conditions de mer changeantes et surtout jour et nuit.
Le Paddle Raid reste un grand moment de plaisir partagé. Chaque coup de rame vous rapproche d’un but commun, une arrivée sur une autre rive, et une bonne action pour des associations qui en ont vraiment besoin.
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