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En route pour le Corsica Paddle Trophy 2023 avec Xabi Reinares

Alors qu’il se prépare pour une nouvelle édition du Corsica Paddle Trophy qui aura lieu dans la baie d’Ajaccio du 20 au 22 octobre prochains, nous partons à la découverte du parcours unique du basco-corse Xabi Reinares installé à Bastia, et de son amour pour le SUP. Né en région parisienne de parents basques, Xabi a grandi à Bayonne avant de suivre une carrière de marin plongeur dans les Garde-Côtes des Douanes à Bastia. Son attachement à la Corse l’a finalement conduit à s’y installer il y a 22 ans. Il y a deux ans, il fonde le club “Corsica Suprana Paddle” pour promouvoir et fédérer le stand up paddle en Corse. Comme Fabienne Levallois, Xabi vous attend sur son île de beauté pour 3 jours de paddle et de franches rigolades sur le Corsica Paddle Trophy, alors n’hésitez pas à le rejoindre !

Bonjour Xabi ! Peux-tu nous raconter ce qui t’a amené à t’installer en Corse et partager ton histoire avec la région de Bastia ?

Comme mon prénom l’indique je suis basque, par mes deux parents, bien que né en région parisienne (une anomalie!). J’ai grandi à Bayonne, et après y avoir terminé des études universitaires, j’ai débuté une carrière professionnelle en tant qu’instructeur de plongée sous-marine à Biarritz. Pour des raisons personnelles, j’ai toujours eu un fort attachement à la Corse et l’envie de m’y installer. Mais il a fallu attendre mes 32 ans, une fois devenu marin plongeur dans les Garde-Côtes des Douanes, pour réaliser ce rêve. Cela fait donc 22 ans que je suis installé à Bastia.

Un plongeur donc! Du coup parle-nous de ton passé sportif et de ton histoire avec le SUP.

Le sport a toujours été, de très loin, ma matière scolaire favorite, et comme beaucoup de gamins j’ai très tôt touché à de multiples disciplines, ne sachant faire un choix durable. “Bon nul part et moyen partout”, j’ai collectionné des licences et adhésions de club dans pas moins de 14 sports différents ! Ayant tâté du trail-running dans mes jeunes années au Pays Basque (nous appelions ça de la “course en montagne”), j’ai repris cette pratique en Corse il y a 6 ans environ. Parallèlement à ça j’ai débuté le SUP en 2016, classiquement par de la balade avec du matériel basique, uniquement l’été… Le trail, outre le plaisir, m’a apporté de nombreuses blessures aux chevilles, 3 par an en moyenne! Mon super kiné du sport, sachant que j’avais une planche de paddle, m’a conseillé de pratiquer plus régulièrement pendant les périodes de rééducation, pour améliorer ma proprioception. De fil en aiguille, je me suis “pris au jeu”, et il y a trois ans j’ai investi dans une planche gonflable de race. La randonnée est devenu sportive et tout naturellement j’ai participé à ma première compétition au Corsica Paddle Trophy 2021. Ce fut à la fois un choc et un énorme coup de cœur, complètement conquis par l’épreuve et l’ambiance parmi les compétiteurs! Tout s’est alors enchaîné très vite, entre l’achat de matériel plus compétitif, la création d’un club sup à Bastia et l’inscription à des épreuves sur le continent. La Glagla Race fut la première, en janvier de l’année dernière. Ce qui nous a valu, à Antoine mon binôme bastiais et moi, le surnom de “Corsica Rockets” (en référence aux rasta rockets et leurs aventures hivernales incongrues). Les Corsica Rockets sont donc maintenant les membres du club qui font de la compétition.

Tu as monté un club de stand up paddle en Corse. Peux-tu nous en dire plus sur ce club et son rôle dans la promotion du SUP dans la région ?

Le club est né au printemps 2022. J’avais créé un groupe de randonnée paddle sur Facebook deux années auparavant environ, appelé Corsica Suprana Paddle (paddle de Haute-Corse, en langue insulaire). Antoine Ricez, dès son arrivée dans le groupe en 2021, m’a convaincu de la pertinence d’ouvrir un club affilié à la FFSurf, que nous avons appelé du même nom. J’en ai été le premier président et j’ai passé la main cette année à Antoine, bien plus légitime que moi pour cette fonction. Dès son ouverture, le club a compté une grosse dizaine de licenciés. La race et les entrainements dédiés sont devenus l’activité principale, même si nous n’oublions pas le côté convivial de la randonnée et des combos apéro-paddle! Bien sûr, dès que l’occasion nous en est donnée nous faisons la promotion du paddle en Corse, au travers de l’initiation et de la participation à des évènements nautiques dans la région bastiaise, voir les deux en même temps. Il faut savoir que les insulaires n’échappent pas au stéréotype du pratiquant-touriste estival de paddle, sans que ça soit péjoratif. Nous essayons donc de les intéresser à une pratique plus régulière et plus sportive. Comme partout, le coût du matériel et le souci du stockage sont de gros freins pour nous. Concernant Corsica Suprana Paddle, nous n’avons au jour d’aujourd’hui ni partenaire ou sponsor, ni local, ce qui est problématique, mais nous avons espoir que les choses changent!

Peux-tu nous décrire quel type de stand up paddler tu es ?

On peut dire que pour un stand up paddler insulaire, je suis plutôt atypique!!! Je pratique bien sûr en mer régulièrement, mais si on passe outre “le plaisir des yeux”, ce n’est pas ce que je préfère. Pagayer sur du pur flat, voilà ce qui m’éclate! J’ai pour cela deux trois petits fleuves et deux lacs navigables, sur l’île. Mes soucis de cheville, de proprioception  et les problèmes d’équilibre qui en découlent n’y sont pas étrangers… Du coup, mes compétitions préférées sont celles qui se font en eaux intérieures. En premier lieu celles du circuit de l’Alpine Lakes Tour, et aussi le Loire Paddle Trophy, les 10 heures de Vassivière – je vais y revenir – et toutes celles qui me restent à découvrir! Mais je me déplace également sur des épreuves en mer Méditerranée continentale, comme la Léo Paddle Race ou la Cannes-Lerins, où l’aspect caritatif et commémoratif me tient à coeur…

Quelles sont tes épreuves de prédilection et qu’est-ce qui te motive le plus dans la pratique du SUP ?

Pagayer pour une cause, me “mettre ma race” au profit de quelque chose, voilà ce qui est au moins aussi important pour moi que le plaisir de la glisse et de l’effort d’endurance. C’est dans cette optique que j’ai rapidement adhéré à l’association “Paddle contre Parkinson” de Christophe Mathevet, ce compétiteur extraordinaire que vous pouvez voir sur pas mal d’évènements en France, atteint de la maladie… Etre membre de la team PcP, en être “l’ambassadeur” pour la Corse,  faire de l’information sur la maladie et promouvoir la pratique du sup pour tous les malades, voilà ce qui me rend fier!

Ayant déjà participé au Corsica Paddle Trophy, quels sont tes avis et retours sur cet événement unique qui allie vacances et compétition pendant un weekend de 3 jours ?

Le Corsica Paddle Trophy  (CPT) à Ajaccio… La seule compétition qui existe sur notre île, mais quelle compétition, en plein “été indien” ! J’aime (presque) tout sur cet event ! Ok c’est en mer et je l’ai dit, ce n’est pas ce que je préfère. Mais déjà le format est assez exceptionnel : trois jours de compétition, c’est unique, et ça permet aux continentaux d’optimiser leur venue sur l’île, ce qui représente un coût, il ne faut pas le cacher (mais après tout, moi c’est mon “quotidien” dans l’autre sens !). De la longue distance, du downwind, de la beach race, de la technical race, du sprint, des relais par tirage au sort… N’en jetez plus la coupe est pleine ! Des formats différents (courses élite / amateur / loisir) adaptés à tous, du professionnel au débutant. Des cérémonies de podium chaque soirée, avec diffusion sur écran géant des images photos et vidéos de la journée, c’est vraiment un sans faute de l’organisation ! Et bien sûr, il ne faut pas oublier la cerise sur le gâteau, le magnifique combo de la couverture média et de l’animation, avec TotalSUP pour des lives (ndlr: malheureusement pas cette année!), et Stéphane Hoquingheim de SUP Passion au micro sur la plage ! Bref, c’est d’un niveau “championnat du monde”, vraiment ! Et tout ça, avec un hébergement proposé à tous les concurrents dans un village vacance au bord de l’eau, au Sud du golfe d’Ajaccio… C’est une ambiance un peu “club Med”, appréciée de tous, moi le premier ! En effet je pourrai loger chez des amis (Ajaccio est quand même à trois heures de chez moi), mais pour rien au monde je ne manquerai ces p’tites soirées et repas tous ensemble, où tu te fais chaque année des nouveaux potes ! Bref, je recommande à tous les sup racers qui ne l’auraient pas déjà fait, de venir découvrir le CPT, vous n’allez pas être déçus  ! Le seul risque, c’est de devenir accroc à la Corse, à cette race, et de revenir tous les ans!… Et je vous jure que je ne touche absolument rien pour la promotion que j’en fais! Mais bon, Daniel Damien si tu me lis (joke!)…

Pourrais-tu partager une ou plusieurs anecdotes mémorables du Corsica Paddle Trophy sur les précédentes éditions ?

Si je dois sortir une anecdote particulière du CPT, je te parlerai d’un souvenir de l’édition 2021, à la fois très drôle et un peu triste. Second jour de compétition, l’arrivée de la longue distance se fait à “la plage d’Argent”, décor de carte postale… Un malicieux shore break attend les concurrents, qui pour la plupart finissent leur course par un surf plus ou moins maitrisé. Bref, on est bon nombre à terminer sur le sable avec une magnifique chute, immortalisée par les médiamen de l’orga. Le genre de gamelle qui te fait marrer tout le reste de la journée (surtout celles des autres, qui ont forcément fait plus spectaculaire que toi !)… Et au milieu de ces arrivées épiques, les pros arrivés les premiers et quelques accompagnants s’en donnent à cœur joie en sup-surf dans ces belles vagues! Parmi eux, notre ami Yann (ndlr: Yann Ebersold alias Yann de Cannes), disparu bien trop tôt, qui ne manquait pas de faire le pitre, fesses à l’air, scène immortalisée par les caméras de télévision de l’équipe du “Petit Journal”, qui couvraient l’évènement…

Nous avons pu admirer ta planche personnalisée avec les couleurs basques et le drapeau corse. Peux-tu nous en dire plus sur cette planche et ce qu’elle représente pour toi habillée de la sorte?

Aaah…. Il était inconcevable pour moi d’avoir la planche “de monsieur tout le monde” ! A défaut d’être un champion, je voulais me faire plaisir avec des planches uniques, personnalisées, qui représentent ce que je suis… Après avoir contacté notre célèbre shaper corse Jean-Valère Bordenave (les surfboards JVB sont connues jusqu’à Hawaï !), qui n’a pu me proposer de sup au delà de 12.6 pieds, par faute de place, je me suis tourné vers Patrice Remoiville ! En plus d’être un “compatriote” (Patrice est né à Bayonne) et de faire des planches de race aux performances reconnues, il te permet de réaliser un design personnalisé et ça franchement, c’est le Nirvana ! Après le choix des coloris de base, je lui ai alors demandé de faire figurer sur le nose des planches mon logo, réalisé avec mon cher Antoine : la croix basque en fond, qui symbolise mon sang, la tête de Maure de la “bandera” corse, qui symbolise mon cœur, entourés d’un coup de pinceau à la façon de la zénitude asiatique… C’est comme ça que mes planches sont bien plus célèbres que moi sur les évènements!

La Corse semble offrir de nombreuses possibilités pour la pratique du SUP Race, avec diverses conditions. À ton avis, que faudrait-il pour développer encore davantage la pratique du SUP Race en Corse et attirer davantage de passionnés de SUP dans la région ?

La Corse a la particularité d’offrir des conditions contrastées, pour la pratique du sup race. Nous avons certes des paysages magnifiques, une eau chaude et translucide, 1000 kilomètres de littoral… Mais aussi des contraintes certaines : nos fleuves et lacs ne sont pas assez importants pour réaliser de la longue distance et donc nous obligent à nous tourner uniquement vers la mer. La Corse est une île montagneuse (peu de monde sait que nous avons 117 sommets de plus de 2000m d’altitude !) qui génère des vents imprévisibles, parfois forts et irréguliers. J’en suis le témoin privilégié dans mon métier de marin… Programmer une compétition hors golfe d’Ajaccio, qui possède toujours des zones de repli en fonction de la direction du vent, est très compliqué. Les organisateurs du CPT l’ont bien compris, eux qui souhaitaient au départ changer le lieu de l’évent chaque année… Nous avons cependant pris le pari, dans notre club du CSP, d’organiser au mois de juin cette année le tout premier championnat régional de Corse de sup, dans le golfe de Saint-Florent, à 30 minutes de Bastia. L’équipe d’organisation chapeautée par notre président Antoine a fait un travail fantastique, et malgré des conditions “compliquées”, certains suppers insulaires ont pu faire leur toute première compétition! Et à en croire leurs retours, le plaisir était bien là! Comme quoi, avec la volonté, tout est possible. Le CPT ne sera plus seul à proposer de la compétition sur l’île, le championnat régional FFSurf va s’inscrire dans la durée, et je suis sûr qu’Antoine a d’autres idées derrière la tête pour développer la race chez nous. On en reparlera très vite j’espère! D’ici là, je vous donne rendez-vous du 20 au 22 octobre à Ajaccio pour trois jours de kiff au Corsica Paddle Trophy!

Pour rejoindre le club Corsica Suprana Paddle, c’est par ici:
https://csp.sportsregions.fr/
Pour participer au Corsica Paddle Trophy du 20 au 22 octobre, rendez-vous sur:
www.corsica-paddle-trophy.fr/

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

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