Trois rameuses, un voilier et une traversée épique entre Saint-Raphaël et Calvi. À l’occasion de l’édition 2025 de l’Ultra Paddle Race, dont le départ à eu lieu le dimanche 11 mai dernier, Fabienne Levallois, Chrystele Velayoudon et Laetitia Bonnard — réunies sous le nom des Unstoppaddle — se sont lancées dans cette aventure hors normes en stand-up paddle, avec un objectif clair : prouver qu’il n’y a pas d’âge pour se dépasser. Toutes les trois âgées de plus de 50 ans, elles ont relevé le défi avec détermination, soutenues par leur coach Amaury Dormet de l’Ocean Paddle Camp et un équipage chevronné à bord du voilier Imara. Si la course a finalement été interrompue au petit matin du 12 mai à cause d’une météo orageuse, leur expérience humaine, sportive et solidaire reste marquante. Rencontre avec une équipe inspirante.
Hello les Unstoppaddle ! Alors, racontez-nous qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette aventure de l’Ultra Paddle Race ?
Hello TotalSUP et coucou Laurie ! On a participé à l’Ultra Paddle Race de Saint Raphaël à Calvi cette année. Ça alterne chaque année. Une année st Raphaël Calvi, l’autre dans l’autre sens. La grande différence avec le Raid c’est qu’on part en SUP rigides et qu’on est autonome avec un voilier dédié. On gère notre route et notre tempo comme on le sent, par contre on rame toutes seules, pas en bande comme les copains/copines du Raid.
C’est une aventure qui fait rêver ! Une telle traversée est la promesse de rendez-vous galants à la tombée du jour avec des dauphins, pourquoi pas une baleine ou des tortues… la Corse au bout du chemin et surtout la réalisation d’un dépassement dont on ne sait pas encore vraiment les ingrédients ! Carole Galone nous avait un peu dit à quoi nous attendre en termes de désagréments, on croyait tout savoir, on en a rencontré des différents. Chaque course est différente au final. Avec peut être une petite constante sur le mal de mer à gérer et ce n’est pas négligeable car ça impacte sur notre force physique.
Comment vous vous êtes retrouvées toutes les trois dans ce projet ?
C’est Fabienne Levallois qui a initié l’idée, sur le bateau de Fort Boyard en fait. Elle s’était inscrite pour le Raid en 2024 mais s’est cassée une côte quelques semaines avant le départ et avait dû déclarer forfait. Dés le départ elle avait l’idée d’une team féminine de plus de 50 ans pour la Race.
Sans trop savoir dans quoi elle s’embarquait, Chrystele a répondu oui tout de suite et Titia a suivi ! Titia et Fabienne se connaissaient déjà bien pour avoir été entraînées par Amaury Dormet pendant 2 saisons de championnat de France. Chrystele rame avec Titia à l’ACBB et on se croisait sur les courses avec Fabienne. C’était un truc important d’être entre femmes pour nous. Il y a encore trop de préjugés sur les femmes de plus de 50 ans, dans le boulot, dans le sport et dans la société en général !
Est-ce-que tu savais que la pratique du sport chez les femmes après 50 ans peut réduire les risques de cancer et de maladie neuro génératives de 30% ? Le sport est notre bonne énergie à toutes les trois. Il nous pousse à nous dépasser et nous permet de nous épanouir dans tous les autres domaines. Retrouver les copines sur les événements sportifs est un de nos grands plaisirs. Sur nos planches : pas de chichi, que la meilleure gagne et surtout qu’ on prenne toutes du plaisir à être sur l’eau.
On a toutes les trois des grandes filles, c’était aussi pour leur montrer que tout est possible, quand l’envie est là et qu’il n’y a pas d’âge de péremption, pour les femmes comme pour les mecs !
Comment se sont passées les qualifs et la préparation avant la course ?
On était toutes les trois emballées par le projet mais on savait qu’ avec nos emplois du temps de respectifs, notre éloignement géographique, il nous fallait une bonne organisation d’entraînement. On a donc rapidement eu l’idée de demander à Amaury Dormet d’Ocean Paddle Camp de nous préparer. On a attaqué l’entraînement à partir de janvier : un combo de renforcement musculaire, de rame et de cardio + plein de conseils précieux pour être prêtes que ce soit sur le choix des planches ou les équipements à embarquer. Amaury entraîne les meilleurs pour les championnats de France européens et mondiaux : on savait qu’on serait bien préparées.
On avait aussi pas mal cogité à l’alimentation et à la nutrition avec les bons conseils de Gilles Doucet même si une fois dans le feu de l’action et dans les conséquences du mal de mer, on n’a pas mangé grand-chose… Pour le mental… rien de mieux que l’esprit d’équipe et la solidarité, un mélange d’excitation, de trouille et de ténacité ! On est bien complémentaires toutes les trois et on s’est vraiment soutenues pendant la période d’entraînement : Titia et Chrystele à Paris, en Atlantique et un peu dans le Sud alors que Fabienne la guerrière nous faisait bicher sous le soleil de Corse tout l’hiver.
Chrystele a pas mal d’expérience en voile mais Fabienne et Titia n’avaient pas vraiment d’expérience de navigation donc ça a aussi aidé pour se préparer à la vie à bord. La logistique, la nourriture et le stockage des vêtements pour chaque run a été minutieusement préparée et heureusement !! Car en pleine mer quand tu sors d’ un run houleux de 1h30 ou tu as tout donné, tu as vraiment besoin que la suite ne soit pas compliqué. On avait notre rituel : rincer les tenues à l’eau douce (pour que ça puisse sécher). Étendre les fringues. Essayer d’avaler quelque chose et repos pour récupérer. Si tu partais direct au dodo, c’ était cuit !
On a participé au week-end de qualif avec tous les candidats du Raid, mi-avril. C’était un super moyen de découvrir toute l’équipe et surtout de sentir la vibe du Paddle Raid. Sur un peu plus de 24h00, on est sorti 4 fois 2 h sur des paddles gonflables ! (La sortie en pleine nuit a été annulée à cause d’un gros coup de vent 💨). Ça donne bien le ton de la traversée. C’était une bonne façon de tester nos équipements et notre mental…
C’était quoi votre état d’esprit au moment du départ ?
On était super excitées de partir. Et confiantes ! On a eu beaucoup de chance d’avoir un équipage super expert sur Imara, Corse de surcroît qui connaît parfaitement le terrain de jeu. Nicolas Lavigne et Gilles sont des marins aguerris et des habitués du Paddle Raid. Tous les deux de la SNSM de Calvi. Ça rassure. Gilles a déjà fait 7 fois le Raid et /ou la Race. Il a même posé le temps de référence autour de 25h en Itiwit de St Raphaël à Calvi. Respect ! Même si on était tout le temps sur la météo avant le départ, une fois partis c’est eux qui avaient le nez sur la météo et donnaient le cap. Nous on se concentrait sur la rame, se sécher, se changer, avaler quelque chose et se reposer pour enchaîner le relais d’après.
Parlons de la course en elle-même, comment ça s’est passé ?
C’était raide ! On s’ attendait à de la fatigue mais pas à cette météo. Dès le départ, vent dans le nez ou de côté. Grosse houle de côté pendant les 7 premières heures. Là tu es contente d’avoir fait des squats 😀! C’est Fabienne la plus rapide des trois qui a pris le départ suivie par Titia et Chrystele. L’idée c’était de placer le relais et de ne pas se faire distancer par l’autre team de 3 mené par Stéphane le Gloanic dont on savait qu’il ramait plus fort. On est resté sur des runs de 45 minutes / 1h pendant tout l’après midi… On a tenu une bonne cadence de rame malgré le mal de mer et enchaîné les runs.
Vers 19:00, la mer s’est un peu lissée et on a pu profiter du joli coucher de soleil et même des dauphins 🐬 avant d’attaquer la rame sous la pleine lune avec une super glisse. Après minuit, Chrystele était complètement HS avec le mal de mer et ses conséquences. On a des souvenirs mémorables qui vont nous faire rire encore un bon moment! Mais ce qui se passe sur le bateau reste sur le bateau! du coup Fabienne et Titia se sont relayées pour qu’elle reprenne des forces. Cette solidarité nécessaire, Amaury nous y avait préparé. On savait qu’ à un moment donné, l’une de nous aurait un coup de mou et qu il faudrait assurer. Heureusement, Chrystele est une battante et elle s’ est battue jusqu’ au bout pour remonter sur la planche. À 5h15, elle était d’ ailleurs prête à relayer Laetitia mais la météo en a décidé autrement.
La course a dû être arrêtée à cause des conditions météo, comment avez-vous pris la nouvelle ?
C’est Titia qui ramait, c’était le 17ème run quand elle a vu sortir nos deux marins en veste de quart, ciré et bottes vers 5h00 du matin !!! Là, tu te dis « ça pue ». Il y avait déjà des éclairs… et le vent rentrait fort et l’orage arrivait derrière nous donc on ne le voyait pas. Elle a demandé pourquoi Gilles mettait son accoutrement de grande pluie au petit matin alors qu’il nous avait annoncé un lever de soleil mémorable… la réponse du grand sourire de Gilles a intrigué l’équipage et un quart d’heure plus tard, on a bien compris à quoi allait servir cette jolie panoplie orange !
Là, tout le monde dans la cabine et nos héros sur le pont pendant 2 heures de grosse brafouille ! On les regardait de temps en temps couvert de flotte, stoïque, scrutant l’horizon. On était toutes les 3 bien au chaud, un peu coupable de notre confort et totalement dépitées de cette nouvelle donne météo. On a réuni nos dernières forces pour leur faire des pâtes revenues à la poêle, histoire de leur donner un peu de force. À ce moment-là, on sent tout le sens de la solidarité dans un équipage. On est seuls en mer, ensemble et il faut qu’ on prenne tous soin les uns des autres pour pouvoir continuer de tirer le meilleur de nous-mêmes pour la suite.
Passé l’épisode orageux, un vent de 30 nœuds est rentré de face avec une mer déchaînée… c’est là qu’on a décidé de ne pas y retourner. On était dégoûtées, dépitées, agenouillées face à ces éléments qui nous montraient leur force ! On savait que l’équipage de Greg Girardin et Cornel avait abandonné à cause d’une côte cassée et on était convaincues que l’équipage JC Kittel, le Gloanic et Christophe qu’on avait distancé allait reprendre. On les connaissait : ils sont tenaces ! Restait l’équipage Jérôme Vignac et Merin qu’on voyait au loin mais dont on ignorait la capacité de reprise ou non après l’orage.
De notre côté, le mental était au plus bas. On s’est morfondu toute la journée malgré les bons mots de Nicolas, Gilles et d’Amaury Dormet. Patrick notre copain de l’ACBB qui nous suivait par WhatsApp a su trouver les bons mots : “face à la nature, il faut savoir être intelligent et savoir s’incliner quand elle est trop forte.” C’était le cas, indéniablement et nous en avons eu la confirmation quelques heures plus tard : arrivées à Calvi, on a retrouvé les autres et on a compris que tout le monde avait dû arrêter à cause de la météo ! Et surtout qu’on était bien loin devant les garçons ! Frustrées mais pas peu fières de nous et de notre équipage ! Il nous restait 35 miles marins avant l’arrivée… c’est peu : cf trace de notre bateau au moment de l’arrêt.
Malgré ça, est-ce qu’il y a un ou des moment(s) fort(s) que vous gardez en tête ?
La détermination de Fabienne au départ, la tête de Titia quand des dauphins sont venus lui faire un coucou vers 18h, Chrystele qui a vu une sublime tortue 🐢 au petit matin et le gros coup de blues dans le bateau quand on décide de raccrocher. Nos têtes à toutes les trois quand on a compris qu’on avait grave assuré !
Est-ce que vous avez envie de retenter l’expérience ?
Carrément. On va la refaire.
L’an prochain, avec cette expérience, on repart pour aller au bout. On espère qu’il y aura d’autres équipages féminins. Ce serait sympa !
Merci beaucoup les filles pour vos réponses, et on vous souhaite d’aller au bout l’an prochain !
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