Première Mondiale: Erwan Jauffroy a atteint la Corse en SUP Foil

Ce 12 juin, Erwan Jauffroy, figure emblématique du monde de la glisse en France, a réalisé une première mondiale en traversant la Méditerranée en SUP foil. Bien connu des fans de glisse car longtemps rédacteur en chef de plusieurs magazines dédiés et désormais créateur de la chaîne YouTube Watersports Zone, Erwan s’était lancé dans un défi ambitieux : relier Toulon à Calvi, sans voile ni moteur, en SUP foil, volant au-dessus des vagues formées par le Mistral. Parti de Porquerolles peu après 7h du matin, il a atteint la majestueuse citadelle de Calvi en début de soirée, accomplissant cette traversée de 246,8 km en 12h et 19 minutes. Le projet Foil Crossing Challenge, longtemps considéré comme impossible, a ainsi connu son aboutissement avec cet exploit historique. Crédits photos: Julien Bru.

Salut Erwan, félicitations pour cet exploit ! Comment as-tu préparé ce projet colossal ?

Salut Mathieu, merci ! Un projet comme ça, c’est la partie sur l’eau, qui est la partie la plus visible, autant dans l’entraînement que dans la réalisation. Celui-ci a demandé un an d’anticipation, de programmation et de préparation spécifique. Il a été crucial de bien s’entourer pour la préparation physique, la nutrition, le matériel, et les compétences spécifiques nécessaires pour aller au large. Des experts comme Eric Perron, Charles Caudrelier et Sébastien Josse, célèbres navigateurs de courses au large, ont été impliqués très tôt dans le projet.
Mais aussi tous les gens qui ont supporté le projet, qui m’ont marqué par leur confiance. Les gens que j’ai embarqués avec moi, et à qui j’ai essayé de rendre ce qu’ils m’ont donné en les honorant de m’avoir fait confiance pour réussir ce projet. Hier, sur l’eau, c’était l’aboutissement de tout ça, avec les obligations que ça apportait, et une difficulté qui a été beaucoup plus grande que ce que j’imaginais.

Quelles sont les difficultés logistiques et commerciales d’un tel projet ?

Lever des fonds et trouver des partenaires est essentiel. Ce n’est pas juste un petit coup de foil ; il y a de nombreux coûts logistiques. Il faut aussi produire du contenu de communication et des images pour les partenaires, ce qui coûte cher. Le projet, dans son ensemble, est énorme, et la satisfaction d’arriver sur l’eau est à la hauteur du challenge global.

Parle-nous des moments les plus difficiles de ta traversée.

J’avais fait plusieurs fois 100 km sans difficulté physique particulière et je pensais donc que jusqu’à 100 km, ce serait facile, mais en fait je n’avais fait que du côtier dans ma préparation. J’ai découvert que le grand large, c’est différent. Rapidement, tout était plus dur. Après 48 km, j’ai commencé à avoir des crampes. Et il restait juste 200 kilomètres à faire.

En haute mer, j’ai réalisé que ce n’était pas des boulevards comme j’espérais, mais une houle croisée, vraiment difficile. Le soleil très bas le matin, m’aveuglant et m’empêchant de lire la houle a été un premier handicap. La concentration était totale, rendant impossible de faire autre chose comme parler à la radio, manger ou se filmer, ce que je fais assez facilement d’habitude. Du coup, j’ai fait des erreurs inhabituelles, comme perdre le vol, tout en sachant que redécoller au large est très difficile.

J’ai failli aussi entrer en collision avec un ferry. C’est sympa de rencontrer des choses sur l’eau, mais un ferry ça fait peur, et c’est pas passé loin.

Enfin, voir la Corse à l’horizon pendant des heures sans qu’elle semble se rapprocher a été  aussi impactant moralement.

Maintenant que je suis arrivé, ces parties difficiles sont derrière.

Y a-t-il eu des moments magiques pendant cette traversée ?

Les moments de plaisir sont les petits trucs auxquels tu t’accroches, comme partir le long de la côte le matin avec une super lumière et dans un paysage côtier magnifique.

Voir les premiers oiseaux venant de Corse, les dauphins sautant devant moi, les tortues marines… tout cela a été magique. Et surtout, voir le Phare de la Revellata, mon objectif, devenir de plus en plus distinct.

L’accueil chaleureux de l’équipe du Calvi Nautique Club qui se sont mis à l’eau face au vent dans une mer formée pour m’accueillir a aussi été un moment fort qui m’a fait chaud au coeur.

Une satisfaction personnelle et un moment inoubliable, ça a été aussi d’arriver à la Citadelle de Calvi après tant d’efforts. Grâce à l’accueil reçu au phare, j’ai trouvé un dernier élan d’énergie pour pousser jusque là. C’était un grand moment, malgré la diversion par la Marine Nationale en pleine opération.

Enfin, ça a été aussi de partager ça avec mon équipe. On a des souvenirs ensemble qui nous appartiennent et pour toujours. Ca a été hyper fort.

Un mot pour ceux qui t’ont soutenu ?

Merci de t’intéresser au projet et à tous ceux qui m’ont envoyé des messages de soutien, cela me touche profondément. Un grand merci à mes partenaires : SeAir, le Nautic Club de Toulon, la Ville de Toulon, l’agglomération Toulon et Méditerranée, F-One, Sooruz et tous les autres. Chaque collaboration a donné lieu à chaque fois à des histoires humaines fortes. Ca part d’un courant qui passe bien et ça débouche sur des histoires extraordinaires. Sans eux il ne se passe rien. Donc c’est génial.

Merci, Erwan, pour cette interview inspirante quelques heures après ton arrivée et encore bravo pour cette performance exceptionnelle !