Une figure incontournable du SUP Race français, Patrice Remoiville, a lâché une place en or dans un grand groupe international il y a 6 ans à l’âge de 50 ans, pour se consacrer au développement de sa marque de planches custom, 3 Bay Paddle. Un pari d’entrepreneur risqué mais aussi une ôde à la liberté, à l’artisanat et un hommage aux 3 spots si chers à son coeur: le Golfe du Morbihan où il réside, Bayonne sa ville natale et Byron Bay en Australie. Quelques années plus tard et la marque 3 Bay Paddle (ou “3 Bay” pour les intimes) est connue et reconnue en France et de plus en plus hors des frontières métropolitaines comme la référence en matière de fabrication de planches custom. Retour en arrière sur 35 ans de “shape” avant de parler présent et futur avec “Roro”, dont l’ADN n’est pas fait que de SUP Race, comme on pourrait le croire.
Bonjour Patrice, j’ai découvert récemment que tu étais landais avant d’être breton. Peux-tu nous rappeler ton parcours de vie jusqu’à aujourd’hui ?
Bonsoir Mathieu. Je suis né à Bayonne il y a 56 ans, et je vis au Bono, petit village breton, sur les rives du Golfe du Morbihan et de la rivière d’Auray.
Je suis effectivement fier d’être landais, basco-landais même disais-je quand j’étais enfant. Je suis originaire de Soustons, et c’est là, sur son lac, que tout s’est joué pour moi. La voile, l’aviron, le windsurf, la pêche, j’ai tout pratiqué, très jeune.
A 16 ans j’ai été initié à la mise en œuvre des matériaux composites, au Centre Nautique du village, où j’ai eu mon premier job de moniteur de dériveur et windsurf. J’ai ainsi pu réparer mes planches de surf et fabriquer ma première planche de windsurf.
Tu évolues dans la glisse et les métiers de construction et de design depuis près de 30 ans. Peux-tu nous rappeler les différents rôles et métiers que tu as exercés jusqu’à aujourd’hui et ce qu’ils t’ont apporté humainement et professionnellement ?
C’est avec mon ami d’enfance, Pierre Cazadieu « ZAKA », que nous avons commencé à fabriquer des planches de surf, pour nous-même et les copains. Nous occupions le grenier du magasin de sa mère, pour le shape et la stratification, puis l’usine de mon père pour le ponçage.
En 1987, nous avions à peine 22 ans quand nous avons créé notre première SARL de fabrication de planches de surf, nommée KOUNGAT, à Vieux-Boucau. C’est là qu’une grande chaine de solidarité s’est mise en place pour nous aider et que le bouche à oreille nous a amené des clients de très loin.
A partir de 1990, alors jeune papa, j’ai rejoint à Capbreton l’atelier du fameux et ingérable shapeur australien Maurice Cole. J’essayais tant bien que mal de gérer et faire survivre son entreprise, AUSSIEGOR, qui avait été le berceau de l’introduction en Europe des marques RIP CURL et QUIKSILVER.
En 1993, j’ai travaillé une année chez PUKAS en Espagne comme stratifieur, me spécialisant ainsi à la production de masse des planches de surf. Nouveau tournant en 1994 où je reviens à Capbreton pour installer mon propre atelier de sous-traitance de stratification pour le compte des shapeurs : RORO GLASS.
En 1998, je développe, sous la marque SURFOAM, l’unique fabrication française des pains de mousse polyuréthanes, matières premières des shapeurs de planches de surf.
Puis en 2007/2008, conséquence indirecte de la fermeture du géant californien du secteur, CLARK FOAM, je perds mon entreprise SURFOAM et me retrouve bien dépourvu, sans atelier ni outils pour exercer ma passion et mon métier.
Après quelques mois d’errance, en Asie et en Océanie, je crée AVP PADDLEBOARDS à Capbreton en 2010. C’était un tout petit atelier dans un garage d’à peine 75 m², aménagé sommairement, avec un tout petit budget. Et cela m’a vite permis de me créer une clientèle pour qui je fabriquais des SUP SURF essentiellement.
C’est à cette époque que BIC SPORT (basé à Vannes) est venu me recruter fin 2011, et je suis promu Chef de Produit pour le Stand Up Paddle, en charge du commercial, du design de tous les produits SUP, de la promotion et du marketing. C’était sans doute un peu trop pour une seule personne. J’y suis resté jusqu’au printemps 2015. Et c’est en partie grâce à la notoriété mondiale de shapeur de SUP RACE acquise chez BIC que j’en suis là où j’en suis aujourd’hui.
Si je ne me trompe, 3Bay Paddle a soufflé ses six ans cette année. Comment est née la marque et le choix d’un positionnement de départ presque exclusivement sur le SUP Race et en custom? Qu’est-ce qui te donne le courage de quitter un grand groupe international et d’entreprendre en 2015 ?
Oui ça fera six ans à la fin de l’année.
Ce positionnement presque exclusif en SUP RACE n’est pas exact car mes racines de shapeur sont dans le surf et le SUP Surf. C’est en fabriquant ces planches beaucoup plus complexes qu’il n’y parait que je prends le plus de plaisir dans le shape.
Je pense que c’est dans le shape des SUP SURF que j’excelle le plus. Malheureusement cela est peu connu et les clients focalisent sur les SUP SURF à deux balles, importés et vendus par mes confrères, alors que moi, je ne veux pas brader mon travail. C’est aussi probablement parce-que j’ai développé mon projet d’entreprise autour d’un outillage spécifique pour les dimensions du SUP RACE et que je suis capable de fabriquer jusqu’à 20’ de long.
Ce n’était pas du courage de quitter le groupe BIC, c’était de la folie. Mais une folie nécessaire, pour vivre ma passion de l’entreprise, de l’artisanat et de la création d’objets uniques en toute liberté.
Aujourd’hui de nombreux convertis et fidèles en Bretagne, en France et à l’étranger ne jurent que par 3 Bay et son fondateur Patrice Remoiville. Qu’est-ce qui fait l’unicité des boards 3 Bay, mais aussi des valeurs qui entourent la marque ? Comment réussis-tu à fédérer autant de monde ?
Je ne sais pas si je connais la recette exacte.
Bon nombre de mes clients sont devenus des amis, et ils ont créé une sorte de fraternité de propriétaires d’une 3 Bay. Le week-end 3 Bay de juillet est la grande messe qui rassemble « la famille 3 Bay ».
Ils apprécient de venir visiter l’atelier et comprendre comment seront fabriquées leurs planches.
Toutes les 3 Bay sont uniques. Quand mes clients se rencontrent, ils comparent leur matériel, échangent, et discutent de leur prochaine planche.
Je suis à leur disposition pour presque tout, aussi bien pour essayer une planche ensemble, leur faire découvrir le Golfe du Morbihan, vendre leurs anciennes boards, réparer, partager un déplacement sur une compétition, faire traverser l’Europe à une 18’, etc….
De plus en plus souvent je vois venir des clients sensibles à l’origine de fabrication de leur board. Pour beaucoup le « Made In Breizh » c’est beaucoup plus citoyen et éco-responsable que les SUP RACE « made in Vietnam or China ».
Après le SUP race, on a vu sortir des planches 3 Bay de SUP surf, de sauvetage, de prone paddle et plus récemment de foil, SUP foil et Wing. Comment a évolué la marque jusqu’à aujourd’hui. En 2021 quels sont les pratiques qui permettent le plus à la marque de se développer ?
Le SUP SURF, le prone et le sauvetage, c’est dans mon ADN, depuis mes longues années d’artisan à Hossegor. C’est normal que je le propose à mon catalogue. Mais le prone reste un sport marginal. Le sauvetage a marqué un grand coup par une très grosse commande de la SNSM en 2019, mais, depuis, presque plus rien. 4 ou 5 communes françaises me commandent chaque année quelques RESCUE Paddles.
J’ai depuis longtemps fabriqué des SUP FOIL, mais la demande était négligeable en 2015/16.
Maintenant le Wing Foil, marque les esprits et les plans d’eaux. J’avais un peu délaissé ce marché, car très occupé par la fabrication des SUP RACE, mais j’ai décidé de m’y lancer plus sérieusement, quitte à embaucher. Mon modèle de wing board est validé et fonctionne très bien. Il reste à le faire savoir et le proposer à la vente.
Je suis aussi très soucieux de l’absence de jeunes arrivant à la pratique du SUP RACE.
Je voudrais sincèrement aider, par le développement et la fabrication française de planches spécifiques, au tarif abordable, pour les moins de 15 ans et les clubs.
La Fédération Française de Surf et sa commission SUP, semblent ne pas savoir comment se mettre en ordre de marche.
Où et comment peut-on se procurer une de tes planches ? Quels sont les étapes et les délais lorsque l’on fait le choix de la marque 3 Bay ?
Les 3 Bay sont fabriquées sur commande, et il faut me contacter personnellement à l’atelier, par téléphone, email ou sur le site www.3bay.fr .
3 Bay n’est pas distribué en shop, c’est uniquement vendu en direct.
Tu es très présent sur le circuit de SUP race français à la fois en tant qu’exposant mais aussi en tant que participant. Quels sont les événements que tu affectionnes le plus et quelle pratique fais-tu du stand-up paddle au quotidien ?
J’essaie d’aller sur l’eau 2 à 3 fois par semaine à la belle saison, que ce soit en SUP RACE ou SUP SURF et au moins 1 fois ou 2 en hiver.
Je participe de moins en moins souvent à des courses et je deviens très sélectif, avec une préférence certaine pour les très longues distances en relais.
La Dordogne Intégrale est ma course fétiche, ainsi que les 10h de Vassivière et les 6h de l’Erdre. J’aime aussi les grands raids et je serais du genre à traverser la France en SUP et en autonomie, sans assistance, rien que pour aller dire bonjour à des amis, si j’avais le temps.
Mais avant tout, certaines compétitions sont l’occasion idéales d’exposer, faire essayer et vendre mes planches et mes accessoires.
La jeune championne bretonne Anais Guyomarch a rejoint il y a quelques mois une petite équipe 3 Bay composée de Florent Dode, Marie-Elphège Julienne et Arthur Daniel. D’ailleurs ses résultats de juin sont tonitruants sous ses nouvelles couleurs. Y a-t-il une stratégie autour de la Team 3Bay, ou s’agit-il surtout d’une histoire de famille ?
Ce n’est pas une stratégie de Team, telle qu’on pouvait l’entendre chez BIC par exemple, c’est vraiment une histoire d’amitié entre nous.
3 Bay ne pourra jamais verser de salaire à des compétiteurs pro, il y a bien des contrats de sponsoring, mais ils sont rarement signés.
Marie-Elphège Julienne a arrêté la compétition depuis un an environ et Arthur Daniel à la Réunion, semble préférer se mettre à l’eau que quand les vagues font plus de 10 pieds.
Florent Dode a pris du recul depuis quelques mois, à cause de l’arrivée d’un second enfant dans son foyer et de travaux dans une nouvelle maison. Aujourd’hui le virus de la compétition semble le piquer de nouveau.
Quant à Anaïs Guyomarch, elle vient de rejoindre la team 3 Bay en mars dernier. J’en suis très heureux et chanceux, parce-que je pense qu’elle dominera la scène SUP RACE internationale féminime très rapidement.
Mais pour atteindre ses objectifs de participation à de grandes courses internationales, comme aux USA, elle devra trouver des sponsors complémentaires qui lui apporteront ces budgets (c’est un appel du pied aux mécènes et sponsors).
TotalSUP : Merci Patrice ! Et à bientôt sur l’eau !
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