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Dordogne Intégrale 2025 : tout ce qu’il faut savoir pour être prêt le jour-J !

Épreuve de référence en ultra-longue distance, la Dordogne Intégrale (DI) est une aventure unique qui met à l’épreuve aussi bien le physique que le mental des compétiteurs. Avec ses 130 km de descente entre Argentat et Castelnaud, cette course exige une bonne préparation, tant sur l’eau qu’en dehors. Chaque édition apporte son lot de défis : débit du fleuve, gestion de l’effort, ravitaillements et stratégies de course sont autant de paramètres à anticiper pour maximiser ses chances de réussite. Que vous soyez un habitué de la DI ou que vous vous lanciez pour la première fois, bien se préparer est la clé pour affronter cette compétition dans les meilleures conditions. Pieter Paauw, responsable sportif de la DI et grand habitué de la course, partage ici ses conseils essentiels pour vous aider à relever le défi en 2025. A vos agendas : la Dordogne Intégrale vous donne rendez-vous le 9 mai prochain, et, pour les plus gourmands, le Semi-Marathon (21km) aura lieu la veille, ainsi que la Hard-Roque (aller-retour Castelnaud – Cenac) le lendemain ! Compétition ouverte aux SUP évidemment, mais aussi canoë, kayak, OC et prone !

Salut Pieter ! Tu es le responsable sportif de la DI et un participant fidèle de cette compétition, alors qui de mieux que toi pour nous faire un topo détaillé de la Dordogne ? Mais, tout d’abord, peux-tu nous faire un petit bilan de l’édition 2024, qui était pour la première fois le Paddle Dordogne Fest sur 4 jours ?

Bonjour Laurie. Avant d’en faire le bilan, rappelons le projet ! D’ordinaire la DI c’est les 130km et puis c’est tout ! En 2024 on a vu un long week-end sur calendrier et on s’est dit que quitte à ramener tout ce monde dans la vallée autant étoffer le programme ! Sur le plan sportif d’abord. Au-delà de rajouter des épreuves en annexe des 130km, l’idée était surtout de donner une occasion aux accompagnateurs de profiter aussi de l’événement la pagaie à la main ! Les 3 courses annexes : le Semi Marathon, le Rallye et la Hard Roque devaient permettre à des pratiquants moins mordus que les adeptes de la DI de venir découvrir la rivière.

Dans l’idée tous les ingrédients étaient là pour offrir à chacun, et quelque soit son niveau, la possibilité de participer au festival. Malheureusement Dame Nature s’est déchaînée dans les jours précédents et la Dordogne nous a imposé un débit 5 fois supérieur à ce qu’on avait d’habitude! On a toujours clamé que la DI, malgré la distance est une course offerte aux novices, pour preuve que de nombreux Finishers chaque année ne sont pas des kayakistes ou supistes chevronnés, mais des sportifs en quête d’un défi, d’une nouvelle expérience, seuls mais aussi très souvent en équipage.

Mais là à 350m3/s c’est clair que la participation ne pouvait pas être ouverte à n’importe qui. Il a fallu poser des critères de niveau de navigation face à un enjeu de sécurité inédit depuis la création de la DI en 2006 ! La semaine précédente et tout le long du week-end il a fallu s’adapter. Prêter des bateaux aux équipages étrangers qui ne se sentaient pas de descendre avec leurs bateaux de course. Adapter les parcours, notamment le Rallye qui a été chaleureusement accueilli chez nos confrères de Marcillac sport Nature, renforcer la sécurité nautique. La question de la 130 a été difficile à régler, j’étais partisan d’un départ à Argentat – avec la perspective que soit battu le record de l’épreuve (7h34’ par les frères Martinat en 2008) – mais cette option posait un gros problème de sécurité. Après beaucoup de discussions et notamment une riche conversation avec Gilles « Lapin » Lelièvre, il a été décidé d’amputer le parcours de ses 30 premiers kilomètres et de déplacer le départ à Altillac. Cette DI 100km, avec certes moins de participants que prévu, mais des sensations inouïes pour ceux qui y étaient, une Dordogne assourdissante qui traversait les forêts sur ces rives, des moyennes hallucinantes de 21kmh! Le tout sous un soleil radieux !

A l’arrivée, on ne peut pas dire que tout se soit passé à merveille pour tout le monde, la rivière a malmené son lot de naufragés, notamment avant Souillac mais au grand soulagement de tous, pas de gros bobos à signaler ! Au-delà des courses, c’était un riche week-end avec du beau temps, des repas conviviaux, des concerts et surtout de belles rencontres! Une édition avec beaucoup de pagayeurs étrangers (Linda et Annette d’Estonie, Peter et Paul d’Australie, Les Barbarians du Royaume Uni!)

Comme l’an dernier donc, en plus de la DI, d’autres courses auront lieu la veille et le lendemain de la compétition reine. Peux-tu nous les présenter rapidement ?

Comme en 2024 on aura le Semi Marathon d’Argentat à La Berge Ombragée la veille de la DI. C’est une sorte de grand « warm-up » avant de s’enquiller les 130km du lendemain. Le parcours reprend les 21 premiers kilomètres de la DI, qui concentrent les principaux passages. Tous ceux qui pensent que 130km c’est trop long n’ont pas d’excuses pour ne pas participer au Semi! Au menu : départ en ligne, les premiers gros rapides dans les 10 minutes qui suivent. Les gorges boisées de la partie Corrézienne qui dévoilent les collines virage après virage! Et une super arrivée dans un des plus beaux spots de la haute vallée au pied du « River Bar » tenu par Rose et Marijn!

La Hard Roque c’est le lendemain des 130. Le concept originel c’est de partir de Castelnaud, l’arrivée de la DI et de remonter vers La Roque Gageac … et puis demi tour! Vu les conditions, on s’est rabattu sur un aller simple l’année dernière mais on compte bien mettre en œuvre l’aller-retour en 2025. Ce format est chouette parce qu’il est simple en logistique pour nous comme pour les participants. De plus, ça permet à tout le monde de se croiser sur la rivière, peu importe le niveau. Un beau défi pour ceux qui auront pris le départ à Argentat la veille. On sait que c’est possible, deux années de suite le Marathon de la Dordogne s’est tenu à Castelnaud le lendemain de DI et pas mal de bateaux avaient participé aux deux évènements.

Entrons dans le vif du sujet et parlons de la préparation à la course, quels sont selon toi les points clés pour bien se préparer physiquement, techniquement et mentalement à la Dordogne Intégrale ?

La DI appelle différentes facultés : capacités physiques, notamment d’endurance, capacité technique de navigation, et un peu de stratégie.

Pour ce qui est du physique, rien de bien compliqué, il s’agit de s’entraîner ! Et ce, chacun à son rythme selon ses possibilités, ses ambitions. Je pense qu’il est impératif d’avoir fait quelques sorties longues (plus de 2 heures) pour être rassuré quant à la distance. Mais nul intérêt à mon avis de faire des séances de 5h deux fois par semaine !

La navigation a son importance sur la Dordogne. Sur les 30 premiers kilomètres (Argentat-Beaulieu) il y a une succession de rapides où être dans les bonnes trajectoires permet d’éviter le bain mais aussi de gagner du temps et de l’énergie. Si on perd du terrain sur le groupe de tête dès le début, ça va être difficile et couteux en énergie de le reprendre sur la suite. Les 100km suivants sont plus calmes, mais demandent quand même une bonne lecture de rivière. La navigation est souvent un compromis entre la trajectoire la plus courte et celle qui permet de rester au maximum dans le courant le plus puissant.

La stratégie sur la DI c’est un terrain large. Mais ça passe d’abord par le matériel, l’embarcation doit être suffisamment confortable pour pouvoir s’y donner pendant plus de 8h, ce n’est pas toujours le cas des plus rapides. Une pagaie réglable a l’avantage de pouvoir faire varier le braquet suivant les fluctuations de la forme physique. La nutrition est un point important, je conseille de prendre avec soi des aliments qu’on a essayé à l’entraînement et que notre corps a l’habitude d’absorber. Il faut évidemment en prendre assez mais nul besoin de partir avec 5kg de nutrition, c’est du poids en trop à traîner sur toute la distance.

L’arrêt aux ravitaillements est une option qui ne s’offre pas vraiment aux candidats pour la victoire. Un arrêt c’est l’occasion de se dégourdir les jambes mais c’est du temps ou le courant ne nous porte pas d’où l’intérêt à mon avis d’optimiser sur ce temps-là.

C’est compliqué logistiquement de repérer les 130km du parcours. Néanmoins je conseille vivement de reconnaître la portion Argentat-Beaulieu, et au moins visuellement la Digue de Carennac.

Comment conseilles-tu de décortiquer le River Book de la DI ?

Le River Book a 2 destinataires. Les concurrents pour lequel il dessine les différents points clés du parcours. Mais surtout les accompagnateurs pour lesquels il spécifie les meilleurs points de rendez-vous. Pour les concurrents il ne remplacera jamais une reconnaissance sur l’eau vis à vis de la navigation.

Peux-tu nous faire un topo des grandes sections de la Dordogne Intégrale ? Quelles sont les spécificités de chaque portion ?

Argentat-Beaulieu. 27km denses en rapides. On est dans les paysages Corréziens, de collines verdoyantes et de granit.

Beaulieu-Carennac 15km un peu plus calmes qui se terminent par la digue de Carennac. Apparaissent les premières falaises de calcaire et le château de Castelnau de Prudhomat, comme un Mirage de celui de l’arrivée.

Carennac-Souillac 35km où la rivière s’accélère de nouveau, rien de très difficile mais la lecture de rivière et la navigation permettent de tirer son épingle du jeu. On navigue quasiment toujours le long de grandes falaises blanches et on croise quelques belles demeures.

Souillac Carsac. 30km. Portion de nouveau assez calme où le soleil et la fatigue commencent souvent à se faire sentir. C’est une portion assez difficile parce que le corps est entamé par l’effort et les quelques lignes droites paraissent interminables.

Carsac-Castelnaud. La délivrance, la rivière s’accélère de nouveau et les virages sont de retour pour casser la monotonie. On arrive dans la vallée des Châteaux, les quais de la Roque Gageac nous annoncent qu’on y presque et juste avant d’entamer le dernier virage le château de Castelnaud, le Vrai, se dresse tout en haut de son rocher avec à son pied l’Arrivée.

Quels sont les passages les plus exigeants techniquement, où les participants doivent être particulièrement vigilants ?

Le Malpas km3, Le Battut km25, La digue de Carennac km45.

Au contraire, y a-t-il des sections plus “roulantes” où on peut récupérer et optimiser son effort ?

Passé Beaulieu, hormis Carennac, la rivière est plutôt roulante. Il est certain qu’il vaut mieux assurer sur la première section pour s’économiser sur la suite.

On a vu l’an dernier un débit exceptionnel mais… Quelles sont les conditions de navigations et niveaux d’eau “habituels” en mai ?

On a grâce à EDF un minimum garanti de 50m3. Suivant les précipitations des semaines précédentes, on peut espérer plus. Le top est d’être entre 70m3 et 100m3 pour avoir un parcours accessible à tous mais rapide.

On sait que ta spécialité est le kayak, mais en SUP, quel type d’embarcation est le plus adapté pour affronter la Dordogne Intégrale, et pourquoi ? (rigide ou gonflable, largeur… et est-ce qu’un changement de planche est possible ?)

Le rigide c’est l’option pour gagner, mais au risque d’être pénalisé en cas de touche sur le haut de parcours. Le gonflable c’est la garantie d’arriver au bout en limitant le risque de casse matérielle, on en revient à la stratégie ! En 2022 Bruno Hasulyo a choisi de porter à Carennac par peur d’abîmer sa planche, c’est à ce moment-là qu’Olivier Darieumerlou l’a définitivement distancé. En plus du choix de la planche, le choix de l’aileron a son importance, on conseille vivement un modèle relevable ou souple, au moins pour le haut. Dans tous les cas, le changement de planche est autorisé une fois sur le parcours.

Quelles sont les règles de participation en relais ? De combien à combien font les différents tronçons ? Quelles sont tes recommandations ?

Comme il y a 6 points de relais, 7 tronçons, c’est donc 7 relayeurs maximum ! Le premier fait 32km

A quoi peut-on s’attendre au niveau des ravitos ?

De l’eau, du salé, du sucré et de quoi soigner les bobos, mais surtout de la bonne humeur !

On te laisse le mot de la fin avec tes conseils pour une première participation à la DI ?

Venez nombreux! La DI, c’est certes une course, mais c’est aussi et surtout un événement festif organisé par deux clubs dynamiques qui se démènent pour proposer de la longue distance à prix raisonnable. Alors pour une première, venez déjà tâter l’atmosphère de la vallée, la pression de la ligne de départ, la chaleur du repas d’après course, bref l’ambiance DI ! (Si vous êtes dans votre élément, le sportif suivra…)

Merci beaucoup Pieter pour tes réponses !

Pour plus d’informations sur la Dordogne Intégrale :
Facebook / Instagram / Site Dordogne Intégrale – Vallée Dordogne

A propos de l’auteur

Laurie Montagner

Windsurf, wakesurf, surf, wingfoil et surtout SUP race, vous trouvez Laurie dans le Sud-Ouest, partout où il y a de l’eau entre Gruissan, la Garonne et Capbreton. Passionnée des sports nautiques, elle passe son temps à surfer, que ce soit sur la vague… ou sur le web ! Laurie est en effet spécialiste en marketing et développement web, de l’écriture de lignes de code à la réalisation de vidéos professionnelles. Très attirée par la compétition, vous l’avez sûrement déjà croisée sur l’un des évènements SUP aux quatre coins de la France !

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