Christophe Moulin alias “Tintin” n’avait jamais ramé ni tenu debout sur une planche aussi longtemps ! Et pourtant avec la bonne équipe, la bonne conditions physique et le bon mental, il est allé au bout des 78 kilomètres de la Tarn Water Race – Viaduc de Millau, édition 2021 en 9 heures et 47 minutes. Ce stand up paddler de La Croix St Ouen en Seine et Marne, a troqué sa 3Bay rigide, marque dont il est fan depuis sa rencontre avec le shaper Patrice Remoiville, pour une planche gonflable de la marque SurfPistols de 18 pieds de long et 26 pouces de large, de quoi mettre toutes les chances de son côté en terme de vitesse et de confort et éviter la casse dans les conditions chaotique de cette course-rando désormais incontournable. S’il a tout de même connu une avarie d’aileron, c’est pari gagné pour Christophe Moulin qui nous fait vivre ici sa “TAWARA” de l’intérieur, avant de passer de l’autre côté du rideau et préparer un premier événement SUP le 19 septembre avec le club CNCO Ohana Club qu’il a repris avec un ami il y a un an et qui compte déjà une trentaine de stand up paddlers et quelques kayakistes. C’est à toi Tintin !
Ma TAWARA
Saint Rome de Tarn, 5h20, les bus sont là. Ils doivent nous remonter à Saint-Chély du Tarn pour un départ à 8h30.
L’ambiance est à la rigolade, les boards sont chargées et attachées puis ce curieux convoi entame sa longue route dans une franche bonne humeur.
Cette course, nous l’avons rêvée, appréhendée, angoissée et aujourd’hui, nous y sommes ! Après ces mois de confinement, voici enfin les retrouvailles avec tous les amis du SUP.
Le bus nous arrête sur la route principale sur les hauteurs du village de Saint-Chély du Tarn. Que c’est beau. Tout le petit groupe de SUPers descend tranquillement vers le pont qui enjambe le Tarn, puis vers la plage en contrebas.
Beaucoup de Paddles et Kayaks sont déjà alignés, prêts à partir pour 18 ou 78 kms.
Il nous reste trente minutes avant ce départ tant attendu. Chacun s’affaire à finaliser sa préparation. On vérifie une dernière fois son matériel.
Le soleil n’est pas encore très haut, mais nous savons toutes et tous, qu’il va faire chaud, très chaud même ! Les heures passées à ramer vont être difficiles.
Enfin les kayaks sont invités à se mettre à l’eau. Nous sommes à quelques secondes du départ. La tension monte d’un cran, les interrogations également. Vais-je être capable d’aller au bout ?
Sans avoir le temps de me donner une quelconque réponse, la course est lancée.
On saute sur nos paddles et c’est parti !
Je ne prends pas forcément un bon départ, mal placé sur la ligne, je suis bloqué parmi plusieurs autres SUPers. Mes amis Fred Nogues et Patrice Remoiville sont là. Ma femme est bien mieux placée et a déjà pris le large.
Nous passons enfin sous le Pont de Saint Chély, Ce coup-ci, la grande descente a réellement démarré.
Les premiers rapides arrivent très vite ainsi que les premières chutes, avec des paddles en travers qui en font tomber d’autres.
En passant plus large et magnant énergiquement ma pagaie, j’arrive à les éviter . Je ne serais pas resté longtemps en compagnie des amis. Je suis isolé dans ce long peloton qui s’étire déjà sur plusieurs centaines de mètres.
Les premiers kilomètres s’enchaînent tranquillement, je suis bien, ma Surfpistols 18×26 est un régal de facilité. L’aileron arrière relevable m’apporte une vraie confiance aux passages des hauts fonds.
Les rapides se passent debout plutôt sereinement.
Un ou deux seront passé à genoux par sécurité
Le paysage est majestueux. Ces Gorges du Tarn, sont magnifiques, l’eau est tellement limpide qu’on regretterait presque d’être en course pour ne pas s’y arrêter pour une trempette improvisée.
Nous avons passé La Malène ou nous sommes venus récupérer nos dossards hier.
Je regarde ma montre GPS, déjà dix kilomètres de passés.
Il m’en reste 68 ! oups, ça me paraît tellement loin, tellement long mais tout va bien. J’ai pris un rythme de rame qui me va bien. Pas ultra rapide mais constant et peu fatiguant.
Nous arrivons bientôt au « Gros portage » du Pas de Soucy et pour certains la fin de la « petite course »… 18 kilomètres tout de même. Bravo à vous toutes et tous, nous, nous continuons.
Premier ravitaillement et premier gros pépin pour moi. Mon aileron relevable que j’ai arraché, je ne sais pas où ni comment !
Il pendouille lamentablement accroché à son bout de secours. Je ne l’ai pas perdu, c’est déjà ça.
Pas le temps de démonter, il me faut faire le portage de plus d’un kilomètre pour perdre le moins de temps possible.
J’ai bricolé un aileron truck de skate sur une idée géniale d‘Olivier Drut (ndlr: hehe, qui d’autre ?). Je l’installe sur mon rail d’aileron centrale et me voilà parti précautionneusement *dans un premier temps. Va t-il tenir le coup ? Le chemin qui remonte sur la route bitumée est un brin chaotique.Mais tout va bien, il tient.
La partie bitume n’est qu’une formalité.
J’arrive enfin au camping Le Beldoire ou nous pouvons nous remettre à l’eau.
J’en profite pour démonter mon aileron relevable, j’ai tout arraché !!
Bien m’en a pris d’emmener dans mon sac un petit aileron souple de 3”, Bien trop petit pour ma grande 18′ mais qui va me permettre de continuer la course.
C’est reparti. J’arrive au Village des Vignes. Le choix nous est donné, passer à pieds secs ou prendre le toboggan ? J’opte pour la deuxième solution.
J’entends le clop, clop, clop du petit aileron qui touche un peu mais ça passe plutôt facilement à genoux sur ma board.
Je continue, les kilomètres s’enchaînent , tout comme les rapides.
Je prends de plus en plus d’assurance et commence à me dire que le prochain rapide de la Sablière qui arrive à grand coup de pagaie devrait passer debout.
En arrivant sur l’obstacle, je me ravise directement ! Une 18′, un rapide bien costaud et un S à négocier auront raison de mon enthousiasme, ça sera à genoux.
Ça passe plutôt très bien, sans chute ni touchette avec le gros caillou qui en aura fait tomber plus d’un(e).
La descente jusqu’à Millau, se déroule sans problème, ma board fait du droite, gauche à cause de ce trop petit aileron, mais il me rassure dans les rapides où je n’ai que très rarement touché.
Le deuxième ravitaillement est passé sans arrêt, je suis bien et j’ai toujours de quoi m’alimenter.
Une fois le village d’ AGUESSAC passé, les rapides se font moins puissants et il faut jouer de la pagaie pour garder mon rythme.
Mais je vais toujours très bien. Pas de douleurs particulières, le paysage est toujours exceptionnel.
Nous approchons de Millau, passage au pied du camping Millau plage et d’un barrage qui nous oblige à mettre pied à terre. Les bénévoles de l’organisation sont là pour nous aider. Ils gèrent notre planche, nous n’avons qu’à la récupérer et nous remettre à l’eau l’obstacle passé. Merci à eux.
Cinquante kilomètres de parcourus, tout va bien, mes mains commencent à être douloureuses. Les ampoules et autres cloques commencent à apparaître.
Un peu de flat sans grand courant avant d’arriver au stade d’eau vive et la fameuse question du bénévole de surveillance.
« A gauche, tu passes par le stade, tout droit, tu as deux portages, tu fais quoi ? »
Et bien, Stade d’eaux vive bien sûr !! Après bientôt une cinquantaine de kilomètres dans les bras, je n’ai plus trop envie ni franchement la force de porter ma 18′ qui ne m’aurait jamais parue aussi lourde.
Je pénètre sur le stade d’eau vive, « Vas y bien au milieu et à fond « me crie t-on !! Ok, ok pas de souci, ça va le faire tranquille me dis-je. Grave erreur, ma 18′ se tire à chaque marche à droite ou à gauche, je tombe, je remonte, je retombe et ainsi de suite jusqu’à ce que ça se calme !
Un couple qui a admiré ma performance me lance même « c’était pas beau, mais c’est passé » dans un éclat de rire qui en dit long sur ma piètre prestation.
Je continue, j’arrive au deuxième toboggan de ma Tawara, En inox celui-ci, mais le même clop, clop clop d’aileron que pour le premier.
Encore une fois c’est passé. Je reprends ma descente, je laisse Millau derrière moi ainsi que le 3ème ravitaillement, il te reste seulement 20 kilomètres à parcourir, ça va le faire.
Mes mains sont de plus en plus douloureuses, mais physiquement je suis bien.
Je passe enfin sous le Viaduc de Millau que nous avons visité hier en mode VIP. Merci à l’organisation pour ce beau cadeau.
Les rapides s’enchaînent entrecoupés de parties sans jus où il faut ramer, arrive le dernier ravitaillement dix kilomètres avant l’arrivée. Je réalise que j’ai déjà soixante huit bornes dans les bras ! Jamais je n’avais ramé autant de kil, jamais je n’était resté si longtemps sur mon SUP.
Mon état de forme, me fait dire que c’est gagné ! J’irai au bout, et dans les temps. Je suis tellement heureux.
Je repars avec un SUPer et un kayakiste, nous irons tous les trois groupés jusqu’au bout. Mes mains sont devenues un cauchemar , j’ai du mal à tenir ma pagaie, pire, chaque changement de côté est un supplice.
Le dernier rapide est franchi avec l’aide d’un bénévole qui nous guide et qui me crie, « Allez plus que 3 kilomètres », je suis bientôt au bout. Ces 3 kilomètres se font tout à la pagaie, il n’y a plus de courant du tout. Nous passons devant le camping de la cascade et la musique de l’aire d’arrivée se fait entendre au loin.
Les derniers mètres sont un mélange de joie intense, du bonheur d’arriver au bout d’une course exigeante mais tellement belle et le presque regret que ça s’arrête maintenant. Je passe les deux grosses bouées rouges , descends de ma planche et passe le portique d’arrivée. C’est fait, j’ai vaincu la Tarn Water Race 2021 et 9h47′ et quelques secondes, sans importance à ce moment-là.
Je suis si fier et heureux. Mon seul regret ? Ne pas l’avoir faite plus tôt !
Ma femme que j’ai perdu depuis les premiers 500 mètres de course termine elle aussi, en 11h24′ ainsi que tous mes Amis du CNCO Ohana club.
Bravo à toutes et à tous pour votre course qu’elle soit de 18 ou 78 kms,
Un immense merci à Pierre Toussaint et toute son équipe de bénévoles pour l’organisation sans faille, leur bonne humeur et leur gentillesse.
On se dit à l’année prochaine !
Tintin
Résultats et renseignements Tarn Water Race 2022 :
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