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SUP surf 3 Bay : rencontre entre le rider Arthur Daniel et le shapeur Patrice Remoiville

3 Bay, ce ne sont pas que ces planches de SUP Race que l’on voit sur toutes les compétitions ! 3 Bay, c’est aussi des SUP surf, fabriqués sur mesure également de la main du maitre shapeur Patrice Remoiville dans son atelier à Vannes. Pour nous parler de ces planches, nous sommes allés interrogés un SUP surfeur émérite du team 3 Bay : Arthur Daniel. Surfeur et SUP raceur breton d’origine, c’est tout naturellement qu’il s’est ensuite consacré au SUP surf lorsqu’il a déménagé sur l’Ile de la Réunion. Entre un barrel et autres manœuvres, Arthur a répondu à nos questions sur son partenariat avec 3 Bay et sur son quiver, tout en étant accompagné par Patrice Remoiville qui nous apporte ses lumières sur le shape et les différents éléments, des ailerons aux pads, de ces boards.

Photo : Antoine Veillard

Bonjour Patrice, bonjour Arthur ! Lors de notre dernière interview avec Patrice, on a fait le tour du shape d’une planche de SUP Race sous toutes ses coutures. Aujourd’hui, on va parler SUP surf, avec donc des questions pour celui qui les conçoit et fabrique, Patrice, et celui qui les ride avec talent, Arthur. Mais tout d’abord, peux-tu te présenter Arthur pour ceux qui ne connaîtraient pas ? 

ARTHUR : Bonjour TotalSUP, je m’appelle Arthur, j’ai 27 ans, je suis Maître-Nageur à la piscine municipale de St Leu à La Réunion, où je suis installé depuis presque 5 ans. Je suis breton d’origine, c’est d’ailleurs pour cela que je connais Patrice. J’ai commencé le SUP en 2010 avec mon père, dans les vagues de Quiberon, où je pratiquais déjà le surf. J’ai fait une courte carrière dans le SUP Race, j’ai eu la chance de connaître de grands événements qui m’ont marqué comme la Battle of the Paddle en Californie ou encore la participation aux mondiaux ISA au Mexique. Puis, j’ai décidé de rejoindre mon père qui vit sur l’île de la Réunion, j’ai mis de côté le SUP Race pour le surf et le SUP surf, même s’il m’arrive encore de faire des balades.

Photo : Antoine Veillard

Comment est né ton partenariat avec 3 Bay ?

ARTHUR : J’ai rencontré Patrice sur de nombreux événements SUP Race et je me suis toujours très bien entendu avec lui, j’aime beaucoup son état d’esprit. J’ai contacté Patrice après être arrivé à La Réunion, je me suis dit que ça pourra être cool de représenter une marque bretonne ici. J’ai également été attiré par son travail et j’étais persuadé qu’il pourrait me faire des planches adaptées aux vagues Réunionnaises. Patrice a eu confiance en moi et nous avons créé ce partenariat. C’est en 2018 que nous avons commencé.

PATRICE : J’ai aperçu Arthur pour la première fois, sur les compétitions de SUP RACE française, alors jeune espoir, ainsi que pendant les compétitions du circuit finistérien : Swell Series. Je me souviens en particulier d’un Championnat de France à Canet en Roussillon en 2013, où il ne s’est pas dégonflé et avait rejoint un groupe d’une douzaine de paddlers chevronnés, pour un DW par 50 nœuds entre Canet et Collioures. Je l’ai aussi suivi sur la plage à Quiberon pour les épreuves de qualification à l’équipe de France pour les mondiaux ISA au Mexique. Arthur habitait Vannes, comme moi. A cette époque je le surveillais de près (comme d’autres jeunes) pour un éventuel sponsoring par mon ex-employeur.

Photo : Armand Daydé

Le SUP surf de chez 3 Bay a été développé en collaboration avec toi, Arthur. Peux-tu nous faire le tour de ton quiver de SUP surf 3 Bay, et quelles planches utilises-tu pour quelles conditions ?

ARTHUR : J’ai deux modèles dans mon quiver. Une Wave Carbon de 7’4 x 24’’, d’un Volume de 68 litres, que j’utilise le plus souvent. Elle est idéale jusqu’à 2m, elle fonctionne aussi bien dans les petites vagues lentes que dans les vagues creuses et rapides, elle est légère et vive, bien pour enchaîner des manœuvres rapidement. Elle possède 5 boîtiers, je l’utilise en 2 + 1 (thruster)

J’en ai une autre 7’10 x 23’’75 Volume 74 litres, que je garde pour les vagues plus consistantes, entre 2m et 4m. Nous avons rarement de très hautes vagues ici mais plutôt des reef breaks rapide et creux. C’est pour cela que j’ai opté pour ce « semi-gun » qui a de l’allonge pour bien démarrer mais qui reste maniable et rapide à l’accélération.

La planche à 5 boîtiers, je la monte surtout en quattro, pour plus d’accroche et pour me placer plus haut dans la paroi.

Parlons shape, on remarque qu’il y a deux shapes de SUP surf bien différents : les SUP surf type shortboard au nose pointu et ceux, plus longs et ronds, qui ressemblent à des longboards. Quelles sont les spécificités et différences de pratique entre ces deux shapes ?

PATRICE : Lorsque j’ai commencé à shaper les premiers SUP surf, il y a environ 16 ans, il n’y avait que ceux du type « longboards » idéaux pour les paddlers débutants ou en apprentissage. Ils sont plus longs, souvent plus de 10’ de long et de largeurs aux environs de 30’’ environ, volume 130 à 140 litres (pour un paddler de 70 à 80 kg). Les dimensions sont à adapter en fonction du gabarit, bien sûr.

Les  SUP shortboards, plus courts, de 7’ à 9’’ environ, sont beaucoup plus maniables dans les manœuvres, mais franchement plus exigeants en stabilité latérale et au take off. Ils sont à réserver aux paddlers aguerris

ARTHUR : Cela correspond à deux styles différents, l’un sera adapté à une approche plus radicale, plus proche du surf performance, et l’autre à une approche plus cool, plus coulée (longboard).  Les deux peuvent s’utiliser dans le même type de vague selon le niveau du surfeur.

En SUP surf, quels sont les éléments du shape qui vont influencer : la glisse ? la maniabilité ? la stabilité ? 

PATRICE : Pour la glisse, le rocker est primordial, mais pas seulement. Une planche trop plate sera ingérable au moment du take off ou dans la pente de la vague pendant les manœuvres. Une carène à concaves pour les shortboard est assez efficace pour augmenter la vitesse.

Pour un SUP longboard on va plutôt privilégier une carène plate vers le milieu et avec un V important sur le 1/3 arrière pour faciliter la maniabilité. Pour la maniabilité une planche étroite à l’arrière sera beaucoup plus maniable. La disposition et la taille des ailerons sont primordiaux. Les rails très épais seront une gêne pour la maniabilité, car le rail à l’intérieur de la courbe doit couler et un rail trop volumineux est un « empêcheur de virage », c’est donc un autre paramètre très important à considérer au moment du design et du shape. Pour cela je shape des dessus de planches en forme de dôme, de manière à avoir du volume et de l’épaisseur au milieu, et j’affine très vite les côtés pour avoir ces rails peu volumineux.

Pour la stabilité latérale, la largeur maximale vers le milieu est essentielle, le volume global aussi.

Photo : Antoine Veillard

A l’œil, les shapes de SUP surf me semblent plus simples que ceux de SUP race, mais, pour creuser la question : pourquoi les SUP surf 3 Bay ont une carène à plusieurs concaves ? 

PATRICE : Ces 6 concaves sur le dessous du SUP WAVE CARBON 3 Bay commencent vers le milieu de la planche, pour se terminer à l’arrière. Ils sont peu profonds, environ 7 mm au maximum. Ils vont être utiles pour donner de la vitesse dans le surf.

Rappelons que nos planches sont assez larges, pour que l’on puisse tenir debout dessous à l’arrêt sans vitesse. Mais cette largeur importante et un petit frein à la vitesse, les concaves sont là pour améliorer ce problème.

Photo : Armand Daydé

A quel point le rocker doit-il être prononcé sur les SUP surf de type shortboard ? Et quid du rocker en longboard ?

PATRICE : Finalement les rockers de ces deux types de planches ne sont pas si différents, pour mes planches.  Comparons un longboard 10’ et un shortboard 9’ le nose est de 160 mm sur le longboard et seulement 10mm de plus, pour le shortboard. En revanche pour tail rocker c’est le longboard qui est 10 mm plus courbe. Un nose rocker prononcé facilitera dans la descente dans la pente de la vague et limitera le risque d’enfournement du nez, chute toujours très spectaculaire et dangereuse.

Photo : Antoine Veillard

Côté côtes, quelles sont les dimensions extrêmes vers lesquelles un SUP surf peut aller ?

PATRICE : Je ne suis pas un adepte des très courts shortboards, celui que j’utilise actuellement est un 9’3’’ et j’ai l’impression de ne pas pouvoir utiliser plus court et surtout de ne pas le vouloir. J’ai toujours regretté qu’une longueur minimale ne soit pas imposée en compétition de SUP SURF : 9’ 0’’ minimum aurait été judicieux. Je suis effaré de voir les compétiteurs ramer allongés sur leur planche, avec la pagaie calée sous le torse, pour remonter au peak.

ARTHUR : Je pense que cela dépend du niveau du rider et de ce qu’il recherche, s’il cherche du confort à la rame, il sera préférable d’avoir une planche avec un volume bien supérieur à son poids. S’il recherche de la performance et qu’il a suffisamment de condition physique, il pourra opter pour une planche plus extrême (avec un volume inférieur ou égal à son poids).

Photo : Nicolas Vuillaume

Sur les SUP surf 3 Bay, 5 boîtiers d’ailerons sont disponibles sur les shortboard, et 3 sur les longboards. Quels sont les différents montages possibles et leur influence sur le surf ?

PATRICE : Les ailerons ont une très grande importance dans le fonctionnement de mes planches. Les SUP longboards 3 Bay ont toujours un US BOX Central et des boitiers latéraux de la marque FCS II. Ainsi il est possible de les utiliser aussi bien en single fin avec un long aileron de 10’’ pour la balade qu’en différentes tailles de tri-fins, pour le surf, avec par exemple un central de 8’’ et des latérales de taille M5.

Pour les SUP Shortboard, avec 5 boitiers le client aura le choix où la possibilité d’essayer Tri-fins ou Quad. Généralement le tri-fins est l’utilisation de base la plus courante et le quad s’avère avoir une meilleure tenue dans les grosses vagues à grande vitesse, avec moins de risque de décrochage.

ARTHUR : Selon mon expérience, 3 ailerons donnent à la planche plus de pivot, elle réagit plus facilement aux changements de direction. 4 ailerons (quattro), aura une meilleure accroche (surtout dans les vagues creuses, et offre de la vitesse plus facilement.

Photo : Wilfried

Pour finir sur le côté technique, plutôt wax ou plutôt pad ? Quels sont les avantages et inconvénients de ces deux techniques ?

PATRICE : Généralement je couvre les dessus de tous les SUP Surfs 3 Bay de deck pad à picots pour les 2/3 de la longueur depuis l’arrière et le tiers avant est couvert d’un vernis antidérapant transparent. Personnellement je préfère cette solution, un peu plus lourde, mais moins cracra à l’usage. Puis j’y retrouve les mêmes sensations sous les pieds que sur mes SUP Race.

Mais je fabrique sur mesure, donc je peux m’adapter aux préférences de chaque client pour cette partie aussi. Chez 3 Bay, on adore shaper les planches de SUP surf et les fabriquer de manière personnalisée pour chaque client est l’assurance pour le paddler d’avoir la planche qui lui convient, selon son niveau de pratique. Nous proposons ainsi des modèles performants et qui restent faciles à utiliser pour chacun.

ARTHUR : J’aime bien les deux, esthétiquement je préfère sans pad, et je pense qu’il y a un gain au niveau du poids.

Et pour conclure, quels sont tes futurs projets Arthur ?

ARTHUR : Je suis papa d’un garçon de 15 mois. J’ai envie de pouvoir partager avec lui mes passions et profiter de ma famille au maximum. En ce qui concerne ma pratique, continuer à progresser dans mon surf, surfer de nouvelles vagues à La Réunion et ailleurs (plus de de droites haha). Et puis, s’il y a, pourquoi pas une compétition SUP dans des vagues intenses, je pense que ça me plaira.

Merci Arthur et Patrice pour vos réponses, et bon surf !

Pour plus d’informations sur 3 Bay Paddle :
3bay.fr / Facebook / Instagram

Pour suivre Arthur Daniel :
Instagram / Facebook

A propos de l’auteur

Laurie Montagner

Windsurf, wakesurf, surf, wingfoil et surtout SUP race, vous trouvez Laurie dans le Sud-Ouest, partout où il y a de l’eau entre Gruissan, la Garonne et Capbreton. Passionnée des sports nautiques, elle passe son temps à surfer, que ce soit sur la vague… ou sur le web ! Laurie est en effet spécialiste en marketing et développement web, de l’écriture de lignes de code à la réalisation de vidéos professionnelles. Très attirée par la compétition, vous l’avez sûrement déjà croisée sur l’un des évènements SUP aux quatre coins de la France !

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