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Franck Fifils remporte la DI 350 – Carnet de bord de l’édition spéciale de la Dordogne Intégrale 2019

A peine bouclés les 350 kilomètres de l’édition anniversaire de la Dordogne Intégrale, nommée exceptionnellement “DI 350”, Franck Fifils, le rider guadeloupéen de la marque SIC Maui, vainqueur de la course en SUP individuel, nous fait le cadeau de son carnet de bord exclusif de sa course vécue de l’intérieur où rien ne s’est vraiment passé comme prévu !

Difficile de résumer en quelques mots les 3 jours de courses de ce challenge que représente la Dordogne Intégrale 350 ! Car avant d’être une course, la DI est d’abord un challenge personnel ! Tous les Finishers ont gagné en relevant leur challenge en franchissant la ligne d’arrivée. C’est toujours une expérience riche, très singulière de vivre ce type de course ! Quand tu boucles le parcours, tu sors différent, tu te (re) découvres physiquement et mentalement.
C’est pour cela que nous pouvons saluer Philippe Marchegay et son équipe d’organisation de proposer cette course unique en Europe !

DI 350 – Jour 1

Dès le départ, vendredi à 7h du matin malgré la distance des 350 km, ça partait sur un bon train d’entrée, pour attaquer les rapides du 1er tronçon.
Pour les SUPs qui voulaient jouer devant le jour 1, l’équation était simple : rejoindre Mauzac 176 km avant minuit, voire pour les plus ambitieux, essayer d’arriver avant pour anticiper sur les kilomètres de la journée 2. Aucun SUP solo n’y parviendra ni même les relais ou les Tandems SUP.

Crédit photo: Maurice Pubert

Ayant participé déjà 3 fois à la Dordogne Intégrale classique sur 130 km, j’avais quelques bons points de repères. Je suis donc descendu tranquille sur les premières heures de course en effectuant un seul arrêt ravitaillement au bout de 5h30 pour me changer et manger. J’en ai profité aussi pour effectuer un changement de board, le proto 18’ de SIC Maui a été support confort pour toute la 1ère partie avec les rapides, je suis reparti avec une RS 14’ de Série par 23.

Autant le matin il a fait frais que l’aprèm super chaud (il y a eu quelques bonnes insolations et coups de chaud parmi les concurrents). Le facteur chaleur je sais le gérer donc suis arrivé plutôt frais aux 130 km à Castelnaud (l’arrivée habituelle de la DI version classique) en 11h en tête des SUP uniquement, le SUP biplace de Sébastien le Meaux et Stéphane Leblond était déjà passé.
Je n’ai pas cherché à rester avec le tandem le Jour 1. Après la digue de Carenac, ils sont partis sans moi, leur vitesse moyenne était trop rapide pour moi pour ces 3 jours de course.

Après le checkpoint de Castelnaud où j’ai pris le temps de me changer, de monter ma lampe pour la nuit, de manger, je suis reparti avec Alexis qui glissait bien avec son Unlimited. Il nous restait 50 kms à boucler pour rejoindre Mauzac avant minuit. Etrangement, je me suis senti vraiment pas fatigué sur cette dernière partie du jour 1, en glissant au maximum et pagayant relâché et le plus fluide possible. J’ai lâché Alexis qui je pense avait dépensé pas mal de jus plus tôt en voulant restant dans le draft du Tandem. Du coup à la confluence de la Vezere et la Dordogne là où j’ai attaqué la partie de nuit, j’étais tout seul à pagayer sous la pleine lune! Les 15 derniers kilomètres avant Mauzac ont paru long. La fatigue de 15h à pagayer et une eau sans courant pour te pousser, je suis arrivé à Mauzac à 23h pas épuisé mais les pieds en compote. C’était pas une super idée de naviguer pieds nus…

Là, tu rêves juste de manger, de prendre une douche et dormir. Mes amis kayakistes de Dordogne (Laurent Zito et Phil Renaudet) avaient réservé un bungalow sur le site des championnats du monde de kayak de marathon à Tremblay. Un super Spot sauf que à minuit passé après une journée à pagayer nous n’avions pas prévu de jouer à “cherche ton bungalow” dans un camping sans plan et pas éclairé !!! Résultat: à peine dormi 2 heures car le matin nous étions loin du départ du jour 2 situé à Bergerac.

DI 350 – Jour 2

Je me réveille pas si mal en point que ça. Des courbatures … mais pas pire. La course part à 6h dans le noir à Bergerac. On galère pour trouver le lieu d’embarquememt, du coup je mets à l’eau en amont du lieu de départ et comme il fait nuit noire, je ne vois pas qui est vraiment là ou pas en SUP.

Il fait bien frais, dans ma tête là journée va être plus courte, 60 km pour rejoindre Castillon avec une pause repas à ce checkpoint obligatoire, puis après avec la marée descendante que l’on touchera on essaiera d’aller le plus loin possible avant le mascaret et la marée montante. J’avais grosso modo prévu de m’arrêter vers 17h sous Libourne.

Et bien rien ne s est passé comme prévu !!

D’entrée de jeu, 5 min après le départ je suis bêtement des OC et surfskis dans une gravière ou il n’y a pas d’eau, et je fais un vol plané au dessus de la board, atterrissage dans 10cm d’eau et de galet ! Ça réveille l’eau de la Dordogne au petit matin ! Là ça été raide ! J’étais gelé. J’étais parti équipé “light” juste un lycra manche longue technique et j’ai claqué des dents jusqu’à sécher avec les premiers rayons du soleil. Un peu plus bas en me retournant je vois un gros spot de lumière pas loin de moi, il s agit du Sup Tandem de Stéph et Seb.  Je pensais qu’il avait pris le large hier. Nous discutons de notre journée de la veille tout en pagayant puis on prend un rythme de croisière. Nous avons fait le parcours de la matinée jusqu’à Castillon ensemble. Les Dernière kilomètres avant le checkpoint sont pénibles, on touche la fin de la marée montante, des grandes herbes partout et la Dordogne devient très large.

A Castillon je voulais prendre mon temps pour manger, me changer pour la chaleur qui était annoncé pour l’après midi. Tout s’est fait en fait un peu dans le speed, obligé de courir au camion pour aller récupérer des affaires.
Du coup, je repars tout seul, le tandem est devant, lors du checkpoint je vois que Didier Varon (avec une Sprint en 21,5) est là avec la seconde équipe en relais les “Paddle 29” équipés en SIC aussi. La première équipe en relais est déjà loin devant: William Kremer avec sa copine, qui font une course impressionnante sans arrêt prolongé ( c est l’avantage quand tu es en relais). Ils ont une moyenne élevée très régulière!

La descente en direction de Libourne n’est pas très fun, il y a le courant qui pousse avec la marée descendante, la berge défile vite, derrière moi les deux SUPs se rapprochent au fil des km, je vois que au fur et à mesure on revient sur le tandem.

A Libourne sous les ponts, ça bouge pas mal, de belles marmites! A la sortie de Libourne tout le monde est ensemble. Là je me dis que la journée est bientôt terminée, encore 10 km en direction de Vayre et je m’arrête du coup à Libourne. Je ne me ravitaille pas et ne fait pas le plein d’eau.

On arrive à Hauteur de Vayres et je comprends très vite que mes compagnons, eux, ils ont prévu de pagayer encore, direction Saint André de Cubzac. Didier Varon semble bien en forme avec une cadence de pagaie super élevée. Il est devant notre petit groupe avec 500 mètre d’avance environ.

Les kilomètres défilent, la marée descend toujours. Dans un petit port vers St Andre de Cubzac tout le monde pense à s’arrêter mais je vois que Didier reprend un sac d’eau et repart de suite. Je n’ai pas d’autre alternative que de le suivre, je remonte à sa hauteur, et là il me dit moi je pagaie jusqu’à 21h, la barrière horaire autorisée, je vois que sur sa board il a même sa lumière installée. Et là je percute, certains ont prévu de passer le mascaret et de naviguer contre la marée montante. Quand j’avais vu les coefficients de marées de plus de 100, je m’étais dis en SUP cela ne servira à rien de tenter de remonter le jus, autant s’arrêter lors du bascule de marée et repartir le lendemain.

Du coup, le tandem et le relais de Paddle 29 nous emboîtent le pas. Didier a repéré le parcours final, il est en communication en permanence avec son assistance à l’oreillette qui le prévient de l’arrivée imminente du mascaret et de la zone de déferlement. Nous passons le mascaret, des belles ondulations puis après nous sommes scotchés dans la renverse du courant, ça n’avance plus ! A droite, il y a un ponton avec quelques bateaux, le courant est vraiment fort nous avons du mal à nous en rapprocher, le Team de Paddle 29 s’arrête et débarque.

Je pense aussi débarquer, je suis bien fatigué et n’ai plus envie de pagayer cela fait plus de 2h30 que je pagaie sans eau, mais le tandem et Didier souhaitent continuer tant que c’est possible ! Je n’ai pas le choix ! Si je m’arrête là, demain matin je ne pourrai pas rattraper le retard…

Donc c’est reparti. Nous n’avançons pas, avec Didier nous faisons le choix de remonter le long du bord pour jouer avec les contres. Le tandem décide de rester au milieu. 2h30 de pagaie plus tard, nous arrivons à Bourg-sur-Gironde, et là enfin nous nous arrêtons ! Ouf ! Après 13h30 de pagaie !!!

Un repas, un dodo ! Je verrai demain.

DI 350 – Jour 3

Il reste juste 15 kilomètres pour rallier l’arrivée !

Mais là encore il va falloir batailler contre la marée montante ! A 6h30 à l’heure où nous pouvons prendre le start, il fait super noir et le courant est fort la marée charrie tout est un tas de branche. On se fait un brief rapide tous les 4 et tombons ok pour mettre à l’eau dans 1 heure car trop risqué de partir de nuit avec ce jus. Nous partons au final peu avant 8h00. Le tandem prend de suite la tête des opérations, puis moi et Didier suivons derrière.

Le rythme est soutenu face au courant, mais dès les premiers coups de pagaies je me sens bien. Je prends plaisir à jouer avec les contres courants, cela me rappelle les entraînements en kayak de descente à remonter la Marne ou le Rhône quand j’étais en pôle à Lyon, où c’était la bataille pour garder la place protégée le long de la berge. Je creuse rapidement l’écart sur Didier, je reviens par moment sur le tandem. Sur la fin je m’offre le luxe de relâcher mon effort pour profiter des derniers kilomètres avant de rejoindre l’arrivée à Blaye.

Voilà après 3 participations à la DI classique où j’ai toujours fleurté avec la victoire, il aura fallu attendre la 4ème et sa version XXL pour en gagner une !

Remerciements

Vivre cette expérience de la DI 350 km n’aura pu se faire sans l’aide et le soutien de plusieurs personnes que je tiens à remercier : ma famille, mes amis kayakistes pour l’assistance et leur accueil, et l’ensemble des paddlers pour le bon esprit sur l’eau.
Et mes partenaires : Kalamus CFA Guadeloupe, le comité régional de canoë kayak Guadeloupe, le club des pagaies de la Rivière Salée, Tahoe Outdoors, SIC Maui, Supskin, Supr paddles, Idoine Canoë kayak et le Purple Wave Beach Store de Saint François.

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

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