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À la Découverte du Rhône en Stand-Up Paddle

Par Guillaume Ferment-

Hello, Les Supeurs, moi c’est Guillaume, j’ai 38 ans, je suis originaire de Haute-Normandie et j’habite en Provence mais je ne vais ni vous parler d’un spot normand ni d’un spot provençal. Je vais vous emmener sur un spot à mon avis peu fréquenté par les amateurs de SUP, le Rhône.

En ce mois de juillet, je m’étais fixé comme objectif de rallier en SUP Lyon à la Méditerranée en descendant le Rhône en totale autonomie. On s’imagine ou en tout cas je m’imaginais que le Rhône était juste un genre d’autoroute fluviale uniquement propice à la navigation commerciale, faux !

Son cours est en partie sauvage et naturel et ce qui fait qu’il mériterait à mon sens plus d’intérêt de nous autres Supeurs ! Sur le Rhône, on traverse plusieurs types de milieux, de la grande agglomération à la réserve naturelle en passant par le village pittoresque, impossible de s’ennuyer le long des 340kms qui relient Lyon à la Méditerranée. En naviguant sur le Rhône, on peut croiser aussi bien d’immenses péniches transportant des hydrocarbures, que des bateaux de plaisance ou même des familles de castors !

Armé de ma planche de « race » et de mon paquetage de camping, laissez-moi vous emmener sur ce fleuve emprunté d’histoire depuis l’antiquité ! Mon voyage commence dans le centre de Lyon par une belle matinée d’été, ici le fleuve est bordé de jolies rives joliment aménagées pour que les Lyonnais puissent profiter du fleuve et pratiquer toutes sortes d’activités, allant de l’apéro au street workout !

Sur le fleuve en lui-même sont stationnées de nombreuses péniches qui assurent des croisières touristiques entre Lyon et la Camargue, dire que je n’en mène pas large avec ma planche gonflable, c’est le moins qu’on puisse dire !

Je me dis que les automobilistes qui seront eux à Avignon dans un peu plus de deux heures contre plusieurs jours pour moi, doivent me prendre pour un extra-terrestre, moi seul sur un paddle au milieu du Rhône. Le fleuve est parsemé d’écluses et de barrages qui sont des passages obligés.

Dans les 10kms qui relient le centre de Lyon au premier barrage de « Pierre Bénite », j’ai déjà réussi l’exploit de perdre mes chaussures, un aileron, ma tétine de camelbak et de casser le chariot qui était supposé m’aider à transporter mon matériel lors des passages de barrages, ça commence fort !

Une paire de tongs roses, don du ciel posé sur des rochers me viendra en aide pour relever le bilan négatif de ces premiers kilomètres. Pourtant malgré ces petites mésaventures, je suis heureux d’être là, de vivre cette nouvelle expérience de voyage, je suis sur le Rhône en SUP. Jusque Vienne, on alterne entre zones urbaines et plages sauvages.

Malheureusement, la météo m’est complètement défavorable, un fort vent de face souffle et je n’avance pas au rythme que j’aimerais, je parcours seulement 25 kms en 2 jours alors que j’avais prévu une moyenne de 60 kms par jour pour ce voyage.

En ce deuxième jour d’aventure, le vent s’est tellement renforcé que la navigation en est devenue dangereuse, il y a de très grosses bourrasques, de très imposants rouleaux se forment au milieu du fleuve et même en bord de rive, le fleuve est déchainé et ne ressemble en rien à l’image d’un fleuve placide et tranquille que je m’étais fait de ce dernier.

Je décide de m’arrêter pour aujourd’hui et je trouve refuge sur une péniche habitée par un couple d’Américains qui ont la gentillesse de m’offrir l’hospitalité pour la journée et la nuit. Le lendemain, le vent est tombé et passé le barrage de Vaugris, le Rhône devient pittoresque, il est bordé de jolies propriétés, on traverse évidemment aussi les célèbres AOP de Cotes Roties, Condrieu, Château d’Ampuis… la vision des vignes depuis l’eau est juste paradisiaque et il en faut peu pour que l’amateur de vins que je suis s’imagine des barriques de vin transiter par le fleuve que je suis en train d’emprunter.

Passé Condrieu, le Rhône est très large et très rectiligne, j’en profite pour travailler mon geste de pagaie et essayer de trouver un geste optimal allant même jusqu’à adopter des postures pas très naturelles où je manque de peu à plusieurs reprises de me retrouver à l’eau, enfin je m’amuse !

Je regarde les abords du fleuve et je suis surpris par le nombre de hérons figés là tous les 500m telles des bornes kilométriques, mon passage même de loin, les fait décoller systématiquement, ils sont majestueux. Je suis aussi surpris par le nombre de cygnes qui se baladent çà et là. Le barrage de « St Pierre de Bœuf » ne posera pas de problème particulier, d’autant plus que la marche qui l’accompagne se fait sur une piste cyclable qui ménage ma paire de tongs (rose !).

Le balisage est toujours aussi clair. Après ce barrage, le Rhône devient encore plus pittoresque et bucolique, il est plus étroit, les abords sont propres, des vaches broutent les prairies qui le bordent et, fait nouveau, grâce à la faible quantité de fond, j’ai du courant porteur, même sans pagayer je me vois filer au dessus des algues.

Si l’endroit est si joli, c’est que c’est une réserve naturelle « L’île de la Platière » , cette zone est d’ailleurs interdite à toute navigation, même aux embarcations légères comme un SUP, elle est cependant tolérée à condition que vous soyez « en transit » , comprenez que vous ne vous arrêtiez pas dans la zone ni même dans les quelques kilomètres passés cette dernière.

Ce site sert de halte migratoire et de site d’hivernage à de nombreuses espèces. Le paysage défile tranquillement sous mes yeux et en fin de journée j’atteins « Tain L’Hermitage » où je profite de faire quelques courses pour mon repas du soir, les touristes qui sont accostés là avec leur péniches me regardent comme un extra-terrestre, faut dire qu’avec mes tongs roses, mes manchons de compression oranges, mon short vert fluo et mon embarcation de 66 cm de large, je ne peux pas trop leur en vouloir !

J’arrive à Glun, j’ai parcouru 75 kms aujourd’hui, je suis fier de moi et j’en ai surtout pris plein les yeux. Le lendemain je pars entre chien et loup pour avoir le privilège de voir le fleuve se réveiller, peu de temps après avoir mis à l’eau, un castor se joint à moi pour quelques mètres puis disparaît rapidement sous l’eau.

En milieu de matinée, j’arrive sur Valence, je retrouve un peu de civilisation. Le vent s’est levé, il m’est favorable et transforme le fleuve en spot de downwind. J’arrive au barrage de « Charmes Sur Rhône » et ce dernier sonne la fin de ma session de downwind.

De retour sur le « Vieux Rhône », le fleuve redevient calme et à la fois sauvage par la faune et la flore qui y sont présente. Je rentre tranquillement en Provence, les chants des cigales font leur apparition et l’architecture des maisons qui bordent le fleuve devient typique de la région.

J’arrive sur Viviers en fin de journée, j’ai parcouru 65 kms et je « présente quelques traces d’usure » mais j’emmagasine plein de photos mentales de ce périple, ces dernières sont la raison pour laquelle je suis où je suis aujourd’hui.

Cinquième jour de mon expédition, je suis accompagné d’un ami qui va pagayer avec moi pendant une trentaine de kilomètres, passé « Pont St Esprit » le Rhône est plus large, Didier qui m’accompagne connait bien la zone que nous traversons.

Arrivé à Roquemaure dans le Gard, le paysage s’est fait encore plus caillouteux et sec, limite désertique. Mon accompagnateur du jour me laisse continuer ma route avec celui qui avait accompagné mon début de voyage, le vent de sud. J’évolue à nouveau dans des conditions similaires à mes deux premières journées, c’est à dire en bord de rive à genoux, mettant mon physique et mon mental à rude épreuve.

Une fois le barrage de « Sauveterre » passé, la Cité des Papes et son fameux pont sont à portée de pagaie. Un impératif personnel fait que je dois mettre un terme à mon aventure. J’ai parcouru 240 kilomètres, il m’en reste une bonne centaine pour atteindre la mer. Je savoure mes derniers kilomètres sur le fleuve. Beaucoup d’images, beaucoup de ces photos mentales que j’ai prises se bousculent dans ma tête, je remercie le fleuve pour ce qu’il m’a permis de vivre et en sortant de l’eau je lui dis à bientôt parce que je reviendrai.

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

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