Menu

Etre à l’aise dans l’eau, la base de la sécurité en mer

Le champion de surfski,  Valentin Hénot, vient de vivre en Australie, une mésaventure pas si rare dans une pratique quasi-quotidienne des sports nautiques, où nous sommes, faut-il le rappeler à la merci d’éléments naturels que nous ne pouvons contrôler. Comme dans la plupart des accidents nautiques, tout arrive très vite alors que l’on ne s’y attend pas. Si Valentin s’en est sorti ce jour là, c’est essentiellement pour une raison finalement simple et de bons sens: il est à l’aise dans l’eau. Son retour lucide sur cet événement, bien que peu académique, lui permet de nous faire à tous une petite piqûre de rappel sur l’importance de savoir nager, de connaître ses capacités à nager ou à tenir physiquement dans l’eau, et de préférence dans des conditions de mers ou de vagues. Et cela passe par l’intégration de la nage dans notre pratique régulière.

Voici son récit :

“Hier matin, je suis allé m’entraîner comme n’importe quel autre jour.

Pour pagayer en mer sur la Gold Coast, il n’y a pas d’autre moyen que de passer la barre (vagues déferlantes). Ce jour-là, il y avait beaucoup de vent, les vagues étaient grosses et le plan d’eau déchaîné. Je suis passé entre deux séries et j’ai réussi à atteindre le large, prêt à commencer la séance.
Après une heure d’intervalles, le travail était terminé et il était temps de retourner dans la rivière.

J’ai pris une petite vague, mais elle s’est dissipée en quelques secondes. Quand j’ai regardé en arrière, la vue n’était pas agréable : un énorme mur d’eau était sur le point de s’écraser sur mon bateau.
La vague m’a éclaté et j’ai été expulsé du bateau. Malheureusement, un de mes pieds s’est coincé dans le cale-pied, et j’ai été traîné dans la mousse pendant quelques secondes. La vague était si puissante que le cale-pied a lâché, un des câbles a cassé, et l’autre, toujours accroché à mon pied, a ouvert le bateau du cockpit au gouvernail.
J’ai émergé de l’eau pour voir mon bateau … coulé. Heureusement, il y avait un peu de mousse dans le surfski, le gardant entre deux eaux.

Par chance, mon entraîneur (qui s’était fait plier par la vague précédente, sans casse matérielle) m’a vu flotter dans l’eau et est revenu vers moi. Ses mots ont été : « abandonne le bateau et la pagaie et nage ».Bien qu’il ait pagayé pendant plus d’une décennie à cet endroit, il a rarement vu cette embouchure de rivière dans un état aussi chaotique. C’était dangereux pour lui de rester là et de m’aider, alors nous avons convenu qu’il viendrait me chercher à la plage.

J’étais déjà à environ à 700 mètres de la plage, dans un courant fort qui me poussait au large. Je ne pouvais pas me résoudre à abandonner le bateau, alors j’ai décidé d’essayer de le pousser jusqu’au bord.

Il m’a fallu 25 minutes pour rejoindre le rivage, avec mon surfski et ma pagaie. J’avais l’impression d’être dans une grosse machine à laver, des vagues se brisaient de tous les côtés, me jetant ainsi que le bateau dans tous les sens. Chaque vague emmenait le bateau dans une direction différente, tandis que le courant cherchait à l’envoyer au large, et j’ai dû nager à sa poursuite pour continuer à le pousser vers la plage.

De retour sur la terre ferme, j’étais plein d’adrénaline et j’ai continué la journée comme si de rien n’était. Aujourd’hui, j’ai décidé de m’asseoir et de faire le point. C’est pourquoi j’écris ces lignes.

Beaucoup d’encre a coulé au cours des dernières années sur la sécurité en mer, amenant beaucoup de sensibilisation sur les risques de cette activité. Hier, je n’avais ni leash, ni gilet de sauvetage.

Porter un leash dans des vagues déferlantes est dangereux, et aucun leash ne survivrait à une grosse vague de toute façon, donc il ne sert à rien d’en discuter maintenant.

En ce qui concerne le gilet de sauvetage, ça sauve des vies, on est tous d’accord. Mais honnêtement, si j’en avais porté un hier, la première chose que j’aurais faite aurait été de l’enlever. Quiconque a déjà essayé de nager en portant un gilet sait que vous faites du sur-place. Comme j’étais poussé vers le large par le courant, j’aurais fini à des kilomètres au large en quelques minutes.
Étant en Australie, au début de la saison des baleines, il y a beaucoup de grands requins blancs (entre autres). Le choix m’étant donné, je n’hésite pas une minute entre nager une heure dans les vagues, et la perspective de me faire manger par un gros poisson. Je prend la trempette en eau tumultueuse !

Voici donc là où je veux en venir aujourd’hui, et c’est le message que je veux faire passer :

La raison pour laquelle je ne me suis pas noyé, c’est parce que je suis à l’aise dans l’eau.

Je ne suis pas un bon nageur, mais je peux flotter et nager longtemps, même dans des conditions difficiles.

Pratiquant une activité en haute mer, c’est la base des bases. Il y aura forcément un moment dans votre vie de pagayeur où vous allez perdre votre bateau ou tomber à l’eau et avoir du mal à remonter. Si ça arrive et que vous paniquez, vos chances de survie s’effondrent.
Aujourd’hui, je veux vraiment encourager les pagayeurs de tous niveaux à sauter dans la piscine chaque semaine et à nager pendant une heure, ou encore mieux à acheter une planche de surf et à jouer dans les vagues, si cela est faisable pour vous. Incluez-le dans votre entraînement, c’est un super complément, et ça peut vous sauver la vie.”

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

To follow Mathieu: