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Paddle contre Parkinson : la première course de Pascale Picard grâce à Objectif SUP Race !

Nous vous présentions il y a quelques mois Christophe Mathevet, président de l’Association Paddle Contre Parkinson – PcP, et comment il a réussi à mobiliser le monde du SUP, athlètes et évènements, à la sensibilisation autour de la maladie de Parkinson. Lui même malade, il a enchainé les compétitions pour montrer l’exemple et inspirer d’autres Parkinsoniens à essayer le paddle. C’est alors qu’est né Objectif SUP Race ! Ce projet a été initié par Christophe avec l’aide de la prof et coach de stand-up paddle, spécialisée en Pilates & Sport Santé, Céline Guesdon, ancienne sportive de haut niveau au palmarès impressionnant en SUP Race. Objectif SUP Race consiste à coacher un malade au stand-up paddle dans le but de participer à une course de SUP. La première bénéficiaire de ce projet a été Pascale Picard. A 67 ans, cette professeur de Français et de Théâtre retraitée, qui a son frère également Parkinsonien, a mis les pieds pour la première fois sur un paddle en février dernier, avant de participer à sa première course sur le Canal de Savières et Lac du Bourget de l’Alpine Lakes Tour à peine 2 mois plus tard ! C’est en tandem, sur la planche gonflable d’Itiwit, que Pascale et Christophe se sont lancés dans cette aventure, après un stage en Bretagne et un coaching à distance assuré par Céline.

Photo : Anaïs David

Bonjour Pascale, Christophe, Céline, tout d’abord, félicitations pour votre course en tandem au Canal de Savières en avril dernier ! Pouvez-vous me raconter comment s’est passée cette course, physiquement et mentalement ?

Pascale : Après un bon mois de préparation, nous étions prêts pour notre objectif de participation à la course, sans autre ambition pour moi que de finir debout et de ne pas tomber à l’eau. La case a été cochée, ça s’est fait ! Christophe gérait la navigation et me guidait quand il le fallait. On a un très bon dialogue ensemble. Je me suis principalement impliquée à suivre le rythme, et à ramer du mieux possible. Nous avions convenu d’aller à notre rythme. Je m’étais préparée mentalement au cas où j’aurais eu un moment de fatigue et de découragement, et cela m’a servi. Un des plus beaux moments a été quand nous avons fait une pause contemplative sur le lac pour “regarder la beauté du monde”. La magie de cette aventure réside aussi dans la compagnie des autres participants, le bon esprit qui règne, les chaleureux encouragements sur les berges et sur l’eau. J’ai vécu très intensément cette course.

Christophe : Ça commence la veille par un coup de stress, car le froid, la neige et le vent s’invitent. Pascale a 3 paires de chaussons mais une paire de gants de plongée trop raide. Ses proches s’inquiètent, tout le monde y va de ses conseils. Bref, elle est un peu en panique. On prend un thé, on discute, on en conclut qu’on est prêt. D’ailleurs on est prêt ! Rendez-vous le lendemain. Il fait soleil, plutôt doux et le vent est moins fort que prévu. Beach start, on prend 30 mètres par rapport aux derniers… Le spectacle sur le lac était magnifique, on a fait une pause contemplation. Nous ne gérons pas trop mal la partie sur le lac, nous sommes 3èmes depuis la fin à l’entrée du canal. Le canal est une partie de plaisir au début ; puis je commence à avoir chaud, heureusement Pascale assure à cet instant. Rafraîchi, je reprends mes esprits, Pascale a un coup de mou, les jambes tremblent, elle poursuit par la volonté et finit sa première course sous les applaudissements. Nous avons écrit une belle page, nous avons mis Parkinson en arrière-plan. J’ai une amie sincère, presque une grande sœur.

Photo : Philippe Millet

Le plus impressionnant dans l’histoire, c’est que toi, Pascale, tu as débuté le stand-up paddle il y a seulement quelques mois ! Comment es-tu arrivée à ce sport ?

Pascale : En juillet 2021, quand j’ai été diagnostiquée de la maladie de Parkinson, j’ai cherché sur Internet des renseignements et des contacts avec des personnes actives et optimistes. Je savais que le seul moyen de ralentir de cette maladie évolutive était le sport. Je pratiquais principalement la randonnée, la marche rapide et la natation. Dans ma jeunesse j’avais fait de la voile mais jamais de compétition. J’aime l’eau, et la fréquentation de la nature m’est indispensable. Quand Christophe m’a contactée pour “ faire équipe en tandem sur une course de paddle” j’ai ouvert des yeux ronds ! Puis je me suis dit, on n’a qu’une vie, allons y. Le 23 février 2022, je suis montée pour la première fois sur un paddle, le point capital a été d’être d’abord initiée sur l’eau par Christophe, puis de faire équipe avec lui. Car nous sommes au même stade de la maladie et il a su s’adapter à moi. Puis le travail avec Céline a été une autre étape, tout aussi capitale. Car elle m’a proposé un coaching musculaire au quotidien, adapté à ma situation. Quand on est montés en Bretagne, cela a été vraiment génial à tous points de vue : la rencontre, la synergie à trois, les relations amicales, la prise en compte des éléments maritimes particuliers (courants, clapots, marée, vent). J’ai encore beaucoup de chemin à faire ! Je souhaite trouver des cadres favorables à ma pratique.

Christophe : Ce que Pascale a fait, c’est juste extraordinaire ! Elle a une grande force mentale qui était enfouie sous les doutes avant la première session. Petit à petit cette force mentale s’est révélée. Elle m’a vite fait confiance et a été une élève exemplaire vis à vis des coachings de Céline.

Pascale et Christophe en stage / Photo : Céline Guesdon

Qu’est-ce que le paddle t’apporte, et as-tu ressenti des effets positifs depuis que tu as commencé cette pratique ?

Pascale :  Le paddle est à la croisée de ce que j’aime, tout en étant un vrai challenge au niveau de l’équilibre, vu que les symptômes de tremblements dans les jambes ne disparaissent pas miraculeusement sur un paddle ! Le paddle me stimule à me dépasser, à entretenir et améliorer ma santé, car il faut des cuisses, des abdos, des bras et de la confiance. J’ai éprouvé de vrais moments de bonheur, lorsque les mouvements devenaient tellement fluides que je ne pensais plus à rien. Je me sentais alors immergée dans la nature et en harmonie avec mon coéquipier. Avec le plein air, mon odorat s’est développé, ce qui est très important, car notre pathologie nous conduit à le perdre progressivement. Globalement l’initiation au paddle m’a donné de la force. A la fin de chaque session, je me sens intensément bien. Et j’ai fait des rencontres extraordinaires dans ce monde du SUP que je découvre.

Pascale et Christophe en stage / Photo : Céline Guesdon

Pouvez-vous me raconter la naissance du projet Objectif SUP Race, et quel en est l’objectif ?

Christophe : Un des objectifs de l’association est d‘inciter les malades à poursuivre une activité physique. Le paddle pour son côté ludique immédiat est un support très intéressant. Lorsque je suis sur l’eau, je ressens un bien être immédiat. Je voulais faire connaître cela à des malades comme moi. Le tandem permet d’aplanir les appréhensions. Après mon interview, j’avais deux choix : le premier tenter des choses de plus en plus difficiles pour donner l’exemple ou alors proposer à des malades peu sportifs de débuter le stand up paddle. C’est la différence entre pour l’exemple et par l’exemple. La première à mon avis fait parler de la maladie, flatte l’ego mais incite peu le malade à pratiquer. La deuxième est donc ce que j’ai choisi.

Un appel de Céline qui arrive à propos ; on échange on débat sur le projet, je discute et propose à Pascale… Pascale dit “oui” ; Objectif SUP Race était né. Au final l’objectif est d’amener les malades nouvellement diagnostiqués vers la “Résilience”. C’est-à-dire rebondir et rester positif après l’annonce du diagnostic. L’objectif de participer à une course est le fil conducteur, le vrai objectif est de prendre conscience que même malade on peut (et on doit) être actif, prendre du plaisir, se retrouver dans de beaux endroits ; mettre la maladie en arrière-plan, au moins le temps sur l’eau.

Céline : Avant mon arrivée récente en Bretagne, j’ai entrepris au Pays Basque dans le cadre de ma spécialisation Sport/Santé un travail et une collaboration avec un Centre spécialisé dans l’accompagnement de patients atteints de la maladie de Parkinson. Le Stand Up Paddle est au cœur de cette collaboration car les médecins l’utilisent comme un protocole médical de recherche thérapeutique.

Pour ouvrir ce premier projet qui se poursuit à de nouvelles perspectives j’ai ensuite pris contact avec l’Association Paddle Contre Parkinson et son président Christophe. Nous avons pris le temps d’échanger, et de nos discussions est née cette idée de pouvoir permettre à des personnes atteintes de de la maladie de Parkinson de s’initier au Stand Up Paddle en étant accompagné avec une personne diplômée pour cela. J’avais de mon côté déjà testé en baie de Saint-Jean-de- Luz le Tandem avec une femme atteinte de la maladie de Parkinson. C’est tout naturellement et comme une évidence que j’ai proposé à Christophe ce support sans savoir qu’il en possédait un et qu’il emmenait son toutou Panama dessus pour de jolies promenades.

Notre enthousiasme a fait notre force, Christophe a trouvé cela vraiment intéressant, il est venu en stage pour tester et valider ce projet de Tandem avec un duo : élève et un coach spécialisé et de là nous avons proposé ce nouveau projet. Les objectifs sont de proposer un accompagnement sportif encadré adapté (selon les niveaux de pathologie) pour apprendre à se tenir debout en équilibre et de pouvoir naviguer en sécurité et si cela est possible par la suite de permettre une autonomie. Cet accompagnement peut se faire sous forme de cours, de stage.

Photo : Céline Guesdon

Sur cette course, vous avez navigué en tandem, discipline encore toute jeune. Pourquoi le choix du tandem ?

Pascale : Pour faire équipe, être en confiance et en sécurité, et afficher notre appartenance à l’association “Paddle contre Parkinson”.

Christophe : Pour moi c’est une évidence, le tandem est un outil merveilleux pour apprendre. Pascale a commencé devant. J’étais juste à côté pour la rassurer, la guider. On a commencé par des choses simples et progressives : se lever 15 minutes sur la première session, puis plus longtemps, Pascale apprenant à s’équilibrer avec la pagaie. Avec les vidéos, Céline nous corrigeait à distance. Puis en réel, puisque nous sommes allés en Bretagne pour faire un coaching en présentiel. Le tandem c’est aussi un bel endroit de partage, on a des souvenirs en commun inoubliables. C’est génial pour la cohésion, l’entraide.

Céline : Le Stand Up Paddle Tandem est pour moi le meilleur outil pédagogique adapté. Grâce à lui sur la même embarcation, l’enseignant assure la sécurité de son élève qui peut s’asseoir ou se reposer (notamment en cas de perte d’équilibre ou de motricité). Et puis vraiment, le Tandem c’est encore mieux que d’être à côté. La planche devient un véritable capteur pour ressentir ce que vit l’élève, elle est précieuse et donne beaucoup d’informations. Il y a surtout un Duo, une cohésion qui s’établit, un esprit de partage d’équipe et c’est en cela que la course réalisée par Pascale et Christophe est si magique ! On ressent leur énergie, leur bonheur d’avoir vécu ce défi ensemble !

Que pouvez-vous me dire sur la planche Tandem d’Itiwit ?

Christophe : C’est mon tandem personnel, j’en fais souvent avec mon chien. Voici le commentaire que j’ai mis sur le site Itiwit : c’est confirmé ce paddle est une grosse réussite. Très bonne glisse (pour sa largueur) et très bonne stabilité… Je l’ai essayé en mer sur houle croisée, j’ai fait du downwind. Il y a pour moi quelques bémols. La poignée est mal placée car seul, le portage du paddle déséquilibre… Je rajouterai un autre bémol, il est très difficile de tenir un cap par vent de côté.

Céline : Le SUP Tandem Itiwit est tout d’abord gonflable, ce qui lui confère une grande praticité. Il est compact, facile à transporter et en cas de chute il n’y a pas d’impact violent. Cette planche est vraiment très stable et spacieuse. Elle se porte en solo ou en duo grâce à ses deux poignées aux extrémités (très pratique !). Ses dimensions permettent à toutes personnes de gabarits différents de pratiquer. Les zones de placement sont clairement dessinées sur la planche, ce qui en fait un atout. Mon bémol sera l’aileron que je trouve assez fragile en plastique. Pourquoi ne pas proposer un boîtier pour ailerons interchangeables.

Photo : Anaïs David

Quels sont les objectifs du projet Objectif SUP Race ?

Christophe : Pour l’instant, on doit finir le bilan de l’expérience avec Pascale. On doit trouver des financements pour pouvoir offrir les coachings aux malades. (Le coaching de Pascale a été financé par ATSEN Santé). L’association est invitée à présenter deux équipes au CIC Ouest Business Trophy le 24 juin 2022, on réfléchit actuellement à la composition des équipes (100% malades, mixte avec des aidants ou des soignants…) ; bref dans tous les cas une belle aventure.

Céline : Pascale est la pionnière, elle porte haut les couleurs de ce projet qui nous tient à cœur ! L’objectif est de proposer Objectif Sup Race à d’autres personnes ou structures avec un encadrement adapté en accord avec le corps médical et un coach sportif diplômée en Sport Santé. La tulipe de ce projet est de pouvoir accéder à une pratique sportive comme tout un chacun.

En avril, le 11, il y a eu la Journée Mondiale Contre Parkinson. Christophe, peux-tu nous raconter les actions qui ont été mobilisées par le monde du SUP ?

Christophe : Oui, c’est Arnaud (Molinier) depuis Toulouse qui a œuvré et qui a lancé l’idée de s’afficher avec sa pagaie et une tulipe rouge. Des randonnées ont été organisées. Cela a été bien suivi. Nous sommes ravis. Nous pensons déjà pour 2023 à reconduire ces actions, et j’ai en tête de créer le 11 avril 2023 un master de SUP dans un endroit atypique pour le SUP Race mais proche d’un monument internationalement connu… Histoire qu’enfin au 20h on parle de la maladie de Parkinson.

Photo : Anaïs David

Un petit mot de la fin à propos de l’Asso Paddle Contre Parkinson et ses prochains rendez-vous ?

Christophe : Les prochains rendez-vous, ce sont principalement les membres de la team PCP qui vont y participer. C’est d’ailleurs fait avec Fanny qui gagne la DI et qui dédicace son record à l’association, c’est la super place de Morgan qui finit 5eme en 14 pieds à la DI. C‘est une tulipe rouge offerte aux concurrents de la Kelt. Pour le Morbihan Paddle Trophy nous étions 3 de la team, Fanny, Morgan et moi. Avec cerise sur le gâteau, la présence de Patrick un parkinsonien qui reprend le paddle après deux ans d’arrêt. Nous sommes invités par le CIC Ouest qui s’associe à nos actions lors du Pornichet Paddle Trophy. Les 10 heures de Vassivière se mobilisent aussi et nous offrent un euro sur chaque inscription. Bref un bel élan de solidarité s’est créé…

Merci à tous les trois pour vos réponses et votre témoignage inspirant, nous continuerons à suivre le projet Objectif SUP Race et l’Association Paddle contre Parkinson !

Plus d’infos sur l’Association Paddle contre Parkinson :
Site officiel / Facebook

Plus d’infos sur SUPcoaching+ et SUPDreams School de Céline Guesdon :
Site officiel / Facebook / Instagram

Plus d’informations sur Itiwit :
Site officiel /Facebook / Instagram

A propos de l’auteur

Laurie Montagner

Windsurf, wakesurf, surf, wingfoil et surtout SUP race, vous trouvez Laurie dans le Sud-Ouest, partout où il y a de l’eau entre Gruissan, la Garonne et Capbreton. Passionnée des sports nautiques, elle passe son temps à surfer, que ce soit sur la vague… ou sur le web ! Laurie est en effet spécialiste en marketing et développement web, de l’écriture de lignes de code à la réalisation de vidéos professionnelles. Très attirée par la compétition, vous l’avez sûrement déjà croisée sur l’un des évènements SUP aux quatre coins de la France !

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