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Martin Letourneur en Californie: Une Fin de Séjour qui Tourne au Rêve Californien

Crédit photo : Mike Muir

Suite et fin des aventures californiennes du jeune breton Martin Letourneur avec en prime une 8ème place aux Pacific Paddle Games. C’est à toi Martin!

Revivez les aventures de Martin:
> 3 mois en Californie, le journal de bord de Martin Letourneur sur TotalSUP
> Martin Letourneur aux USA, après 1 mois le bilan est plus que positif! 

Martin Letourneur: Après mon séjour dans l’Oregon, 3 semaines de surf et d’entrainement se sont passées, entrecoupées d’un séjour en Floride pour travailler sur la Surf Expo (Orlando) sur l’espace Hobie. Ce fut une très bonne expérience de rencontrer tant de personnes travaillant dans le surf business, de voir toutes les nouveautés pour 2016 concernant le surf, le SUP… mais surtout de pouvoir commencer à réaliser des ventes et conseiller les clients, mon anglais et mes connaissances techniques s’étant améliorés au bout d’un mois et demi aux Etats-Unis.

 

La période fin septembre/début octobre promettait d’être chargée et elle le fut, avec au moins une compétition par semaine.

La première compétition à laquelle j’ai participé fut le BigBear PaddleFest, une longue distance de 10 km à 2 000 mètres d’altitude dans les montagnes. Plusieurs des meilleurs rameurs californiens avaient fait le déplacement. Nous avons pris un départ très rapide avec Slater Trout mais il a finalement creusé l’écart en prenant une vague de bateau que je ne suis pas parvenu à prendre, il a maintenu son avance jusqu’à la fin et j’ai fini 2e de cette course, qui rapporte beaucoup de points au classement de la Salt Life Cup (Classement américain officieux de SUP Race). Le séjour en montagne était vraiment sympa : j’adore découvrir de nouveaux endroits et paysages grâce aux compétitions, et le lac de Big Bear est magnifique.

S’en est suivi l’US OPEN OF SUP à Huntington Beach, avec l’étape de SUPsurf du Stand Up World Tour, tout d’abord. Les conditions étaient vraiment difficiles, avec de très petites vagues peu puissantes. Mon objectif était de finir dans les 4 finalistes des Trials pour accéder au “main event”. J’ai passé mon premier tour sans problème, mais me suis retrouvé au 2e tour contre Colin McPhillips et Riggs Napoleon, un heat très relevé pour lequel je n’ai pas de regret concernant la manière dont j’ai surfé, puisque j’étais 2e jusqu’à la dernière minute où Riggs m’est finalement passé devant et a continué son chemin jusqu’aux portes des 1/8 de finale du main event. Pour l’occasion, j’avais retrouvé Ben Carpentier, qui a fini 13e de l’evénement et donc 9e mondial cette année sur le Stand Up World Tour.

Après les épreuves de surf, place aux Stand Up World Series de l’US OPEN OF SUP. Ironiquement les vagues étaient beaucoup plus consistantes que durant la compétition de surf et le vent était cette fois-ci de la partie. La longue distance était vraiment difficile avec un très long bord upwind suivi d’un bord de downwind et d’un passage à terre. Il fallait réaliser 5 tours. Après un départ et un premier tour correct, j’ai perdu du temps sur le bord upwind qui était vraiment difficile avec un clapot très court de face. Le downwind était assez glissant et me permettait à chaque fois de remonter légèrement, mais j’ai manqué de peu de rattraper le groupe devant moi et ai terminé à une très décevante 19e place. Même si le plateau était relevé, l’objectif est manqué. Même bilan sur les sprints du lendemain où j’ai terminé 17e. Ces formats ne sont finalement pas si courts et je pense axer mon entraînement hivernal dessus. Il semblerait que le format des courses les plus importantes soit le suivant : une longue distance pas si longue que cela (10-12 km maximum) et des sprints d’environ 500 mètres-1 km.

A noter la très bonne performance de ma petite soeur américaine, Lexi Alston, qui a fini 3e des sprints chez les filles en Pro !

Il est donc temps d’aborder les PACIFIC PADDLE GAMES, le plus gros objectif de mon séjour aux USA, puisqu’il s’agit sans doute de la plus grosse compétition jamais organisée en termes de moyens, de communication, de niveau et de spectateurs (via le LIVE Webcast d’excellente qualité prévu pour l’occasion). Les conditions prévues promettaient de belles vagues pour pimenter la course et un grand soleil pour le weekend : tout ce que j’aime ! Après quelques entraînements sur le spot avec Ben Carpentier, qui est également resté aux USA pour y participer, nous nous sommes préparés à un long weekend de SUP Race. Le samedi était une petite journée pour les riders en Elite, puisque nous n’avions qu’un seul heat à passer, les quarts de finale de la Technical Race, pour se qualifier en demi-finale. Après un départ raté à cause d’un problème technique que j’ai dû réglé juste après le coup de trompe, je suis parti plus ou moins dernier. Le chemin a été long pour atteindre le top 10 qui permettait de se qualifier sans passer en repêchage. Nous étions 23 dans chaque heat, mais je suis parvenu à gérer mon effort et, avec de bons choix stratégiques, j’ai terminé 8e de ce premier heat. La journée était donc terminée et j’ai pu aller me reposer, car le dimanche nous avions la longue distance, les demi-finales et la finale de la Technical Race dans la même journée.

Le départ de la longue distance a été donné à 8h. Ma journée a commencé donc vers 5h, où j’ai dû manger un délicieux bol de pâtes pour prendre des forces avant la course et surtout, avoir le temps de digérer tout ça (toujours 2h30-3h avant l’effort). Il s’agissait d’un départ en ligne et quand celui-ci a été donné, c’était vraiment le chaos. J’ai fait le choix de m’écarter de l’énorme groupe du milieu pour ne pas risquer de tomber à cause des autres concurrents. Je n’avais pas la meilleure place à la fin du premier tour (il n’y a que 2 tours pour 10 km de course), puisque je me trouvais autour de la 25e place, alors que je m’étais fixé l’objectif d’être dans le top 20. Juste avant d’attaquer le dernier bord, une grosse série de houle est passée au large. Je savais d’expérience que cela permet souvent de créer de petits bumps latéraux sur chaque vague, je me suis donc écarté de mon groupe de draft, ai ramé très fort sur 2 de ces petits bumps latéraux et je suis parvenu à recoller le premier groupe de draft. J’ai dû me reposer un peu après cet effort puisque mon cardio était monté assez haut et je me suis donc recalé dans le train de draft derrière Fernando Stalla et Vinicius Martins. 2Km avant l’arrivée. J’ai retrouvé mon énergie et voyant que les autres faiblissaient devant, j’ai décidé de prendre les devants. Je me sentais bien sur ma planche et j’arrivais à glisser sur des petits bumps qui me faisaient revenir très vite sur les rameurs en tête. J’ai dépassé les riders un par un, dont un certain Kai Lenny, et ai recollé le groupe de devant juste à la dernière bouée. Après celle-ci j’ai vu qu’il n’y a pas de série à rentrer, et ai donc tenté ma chance en ramant le plus fort que je pouvais pour espérer prendre une petite vague avant les autres. La stratégie s’est avérée payante, car j’ai pris une ondulation qui passait juste avant une série qui rentrait avec 7 riders sur la même vague, juste derrière moi. Je suis arrivé sur la plage et ai gagné une autre place au sprint jusqu’à la ligne d’arrivée. A ce moment-là, je savais que j’avais fait une bonne place, sûrement la meilleure de ma saison mais je n’ai appris que 2h plus tard que j’avais fini 14e de cette longue distance. L’objectif était plus qu’atteint et j’ai pu aborder la Technical Race avec moins de pression.

La Technical Race était l’épreuve phare de ces PACIFIC PADDLE GAMES : un parcours d’environ 3-4 km en 2 tours pour les demi-finales et 3 tours pour la finale, au milieu des vagues (qui font bien 1 mètre ce jour-là). J’ai fait mes calculs pour le classement combiné et je savais qu’en accédant juste à la finale j’étais sûr de finir dans les 20 premiers au combiné. Mon père me parlait à distance d’un possible top 10 overall pour moi, auquel je ne croyais pas du tout. Ma série de demi-finale peut se résumer en 1 seul mot : CARNAGE. C’est ce qui se passe quand vous lancez 30 riders de niveau international sur une course avec des bouées à passer dans les vagues. A préciser que si tout le monde pouvait gagner celle-ci, seuls les 15 premiers passaient en finale. Ma stratégie était donc d’éviter au maximum les autres et de ne pas commettre d’erreur, je me suis fait bloquer sur le début, mais ai remonté petit à petit les places en essayant de prévoir les mouvements et chutes des autres pour les éviter. Sur le dernier bord avant l’arrivée, j’ai compté qu’il ne restait plus que 3 places en finales et nous étions 6 riders sur la même vague pour arriver au bord. J’ai appliqué mes techniques d’entraînement pour sauter efficacement de ma planche et, ai obtenu ma place en finale en terminant 14e de cette demi (merci aux cours d’athlétisme !) La finale avait lieu 3 heure plus tard et ça allait être le plus grand moment de l’année en SUP Race.

Suite à ma 14e place en distance et mon accession à la finale, je me sentais dans un très bon état d’esprit, à vrai dire je me sentais dans le même état d’euphorie, de force et de détermination qui m’avait permis de finir 16e et 10e sur les courses de la BOP l’an dernier. Je savais que dans tous les cas je finirais l’event dans le top 20, l’objectif était atteint et je pouvais donc aborder cette finale sans pression. Je me sentais presque avantagé par rapport aux autres de me préparer en me disant que j’allais vraiment m’amuser : les vagues étaient là, les meilleurs mondiaux étaient réunis, et nous avions 3 tours pour faire nos preuves.

J’ai regardé la finale des filles en attendant de me placer sur la ligne et Lexi a fini 7e de celle-ci. C’était vraiment top de voir la façon dont elle rame à seulement 13ans !

On pouvait sentir toute la concentration des compétiteurs une fois sur la ligne de départ. Je suis parti entre Danny Ching et mon pote hawaïen Bullet Obra. Quand le départ a été donné, je me suis plutôt bien placé et je pense avoir passé la bouée dans les 15 premiers, mais seuls Mo Freitas et Titouan Puyo se sont détachés en prenant une vague. Nous nous sommes donc retrouvé à 23 sur une seule vague dès le 2e bord du premier tour. Le carnage pour passer la bouée située dans la zone d’impact promettait d’être violent et j’ai décidé de sortir de la vague juste avant celle-ci pour éviter les chocs, ma stratégie a une fois de plus payé et après avoir passé la bouée je me suis retrouvé en 7e position, aux côtés de Travis, Zane, Kody et Casper. Mon objectif pour la course était donné : je devais maintenir cette position à tout prix. Au final, seul Connor Baxter, le champion du monde en titre m’aura dépassé puisque je suis arrivé sur la plage au sprint avec Kai Lenny et Giorgio Gomez. Je suis parvenu à devancer Giorgio, et Kai a pris une pénalité d’une minute pour comportement antisportif au passage d’une bouée.

J’ai donc terminé 8e de cette course mythique. J’ai eu un peu de mal à réaliser sur le coup mais je savais que c’était de loin la meilleure performance de ma carrière et le top 10 overall dont me parlait mon père est bien moins impossible à présent, puisque je termine 8e overall des PACIFIC PADDLE GAMES.

Je suis vraiment très satisfait de l’événement et j’ai adoré y participer. J’espère voir mon sport continuer à évoluer vers ce type d’événements de très grande échelle. L’organisation a été irréprochable et si certains choix dans le format de course auraient pu être plus judicieux, je suis persuadé que l’équipe d’organisation fera tout pour faire encore mieux l’année prochaine!

Enfin,  le week-end suivant, j’ai fini mon séjour aux USA par la finale de la WPA Salt Life Cup à San Francisco à l’occasion de la “Battle Of the Bay”. Je n’avais jamais eu l’occasion d’aller à San Francisco et cette course a été l’un de mes moments préférés de ce séjour. Ramer autour de l’île d’Alcatraz et du pilier sud du Golden Gate au cours d’une course sont des moments inoubliables.

La longue distance et la Technical Race étaient serrées avec Mo Freitas, vainqueur des deux courses et du classement annuel de la Salt Life Cup, et Tucker Ingalls avec qui j’ai bataillé pour la 2e place, que j’ai fini par obtenir sur les deux courses également. Le bilan est donc très bon pour la team Hobie, puisque April Zilg finit 2e de l’event et remporte la Salt Life Cup, et Lexi finit 3e overall.

Il est déjà temps de rentrer sur Dana Point pour profiter des 2 derniers jours qu’il me reste avec ma “famille américaine” avant de prendre l’avion pour rentrer en France !

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

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