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Ludovic Dulou et Greg Rabejac découvrent un mascaret en Inde

Véritable ‘’pays-continent’’ d’une immense richesse culturelle, dont la démographie dépasse le milliard d’habitants, l’Inde est une destination fascinante mais finalement assez peu convoitée des surfers. Fidèle à l’ADN de son partenaire, basée sur l’exploration et le voyage, le waterman de la Team Oxbow Ludovic Dulou et son ami photographe Greg Rabejac sont partis trois semaines en avril 2018 dans une zone très peu touristique à la recherche d’une vague de rivière jamais surfée. Ils nous livrent un récit passionnant sur cette expérience inoubliable. Texte : Ludovic Dulou / Photos : Greg Rabejac

SUP Trip en Inde : à la recherche d’un mascaret

L’Inde c’est un autre monde pour nous, “occidentaux”. J’ai voyagé auparavant au Népal, au Pakistan ou au Sri Lanka et j’aime cette culture qui est en « opposition » avec la nôtre. Je recherche dans mes voyages de vraies expériences, je souhaite m’enrichir et apprendre. L’Inde est un pays fantastique pour cela, tout est spectaculaire et mystique. Après quelques recherches, nous avons décidé de nous concentrer sur la période du printemps qui est plutôt une saison sèche. Il n’y a donc pas trop d’eau dans les rivières, ce qui était idéal pour une remontée des eaux propices aux mascarets et nous savions également que sur la côte, les eaux seraient plus propres à cette époque. Nous sommes partis dans la région du Bengale, à 70 km de la mégalopole de Calcutta, sur un fleuve parallèle au Gange, le Rupnarayan, pour tenter de découvrir une vague de rivière (un Mascaret) jamais surfée.

On savait que ça ne serait pas facile. Les indiens, parlant très mal anglais, veulent nous satisfaire, et répondent toujours « oui » à toutes nos questions, ce qui rend la tâche très ardue. Ils ne savent pas vraiment pour la plupart ce qu’est un Mascaret, sauf les pêcheurs et ceux qui travaillent pour fixer les abords du fleuve mais il est encore plus dur de communiquer avec eux car ils ne parlent pas un mot d’anglais… En plus, en tant « qu’occidentaux », on ne peut pas accéder à certains services, car les indiens ne veulent pas prendre de risques et sont très conditionnés par rapport aux lois! On a par exemple croisé de nombreux camions benne de 20 tonnes qui roulaient à contre sens sur de grands axes routiers, avec des dizaines de personnes en haut de la benne mais il nous était en revanche impossible, et même interdit, de mettre nos planches de SUP sur le toit des voitures, même avec un système de sangle qui fonctionne sans problème au niveau sécurité. Ne pouvant pas louer de voiture nous-mêmes à cause de l’immense danger sur les routes, nous avons dû improviser.

Le stand up paddle comme seul moyen d’exploration

Le SUP est véritablement devenu notre véhicule et on traversait ainsi le fleuve pour aller faire nos courses et voir les jeunes sur la rive, là se trouvait le temple de Shiva. Ils venaient nous rejoindre le soir, puis on rentrait en stand up paddle, une fois la nuit tombée, en passant sous les ponts éclairés par la lumière des trains et la réverbération de la ville. On devait traverser le fleuve pour rejoindre notre hébergement basé sur l’autre rive. On devait zigzaguer entre les filets, alors qu’il faisait nuit ! Nous avons même eu le droit à deux articles dans le journal local tant ils étaient surpris et amusés de nous voir nous balader avec nos SUP, sur le fleuve et le long des berges.

On a ramé des kilomètres sur le fleuve pour effectuer nos recherches de mascaret et cela nous a d’ailleurs donné lieu à l’un de nos plus beaux souvenirs de voyage : la rencontre avec le dauphin du Gange, le ‘’Susu dolphin’’, une espèce très rare et en voie de disparition. Ce dauphin d’eau douce pourvu d’un long rostre et d’une peau noire très brillante est presque aveugle et très méfiant. Il nous a fallu une semaine pour réellement en voir un, de manière très furtive, sortant juste son flanc, respirant très vite et replongeant directement dans les eaux troubles du fleuve. Cette rencontre et les échanges que nous avons eus resteront dans nos mémoires.

Après des journées de quête, nous avons finalement trouvé le graal ! Le Mascaret que nous avons découvert faisait 2 km de long et n’était pas gros, en termes de taille de vague mais nous avons eu de longues glisses sur cette onde magique en plein soleil de plomb. C’était vraiment une expérience unique ! Les pêcheurs nous ont vu et nous avons réussi à avoir de vrais échanges avec eux. Ils étaient réellement surpris de nous voir là, avec nos planches et nos pagaies ! Ils n’avaient jamais vu de Stand up Paddle et encore moins de surfeurs !

Direction l’océan pour des sessions surf en stand up paddle

A force de négociations et d’explications, on a fini, au bout de 10 jours, par pouvoir mettre nos planches sur le toit de la voiture et on s’est rendu, pour la seconde partie de notre voyage, sur la côte à 800 km du fleuve Rupnarayan, explorer une zone maritime très intéressante dans la région de Visag. C’est un littoral de sable, avec quelques pointes de roches, qui délivrent des vagues en droite. On y trouve de petits villages de pêcheurs, avec des barques et un savoir-faire local fascinant. Ils sont totalement connectés à l’océan ! Le matin, les pêcheurs partent avec leur embarcation à la rame. Parfois, pour passer la zone d’impact des vagues, ils rament debout dans l’embarcation : cette position debout pour ramer leur est familière. Ils rentrent au « port » avec la brise thermique, qui se lève en fin de matinée, propulsés par leur voile triangulaire, comme on peut le voir à Madagascar ou dans certains coins en Polynésie.

Il y a d’ailleurs des points communs avec la culture Austronésienne, qui est la base de la culture Polynésienne. Les vagues ne sont pas très puissantes là-bas et les enfants y jouent avec agilité sur des planches en mousse, cousues par les pêcheurs. Il n’y a pas de surfeurs dans cette zone mais ils ont inventé leur surf à eux. Après tout, surfer les vagues, c’est s’amuser et célébrer l’océan à sa manière : que l’on soit debout, allongé ou à genoux. Sur n’importe quel type de support, ils jouent et s’amusent, et cela nous ramène à la base de la discipline.

Greg a eu le déclic avec eux au départ et moi, intimidé, je me suis ensuite ouvert à eux. Certains voulaient tester nos planches et on leur a fait essayer. Les enfants sont souvent livrés à eux même là-bas, donc très dégourdis, même à 8-10 ans. Ils étaient parfois 8 sur notre SUP à s’amuser dans les vagues, c’était un moment extraordinaire ! Les pêcheurs nous faisaient des signes depuis les bateaux, pendant que nous prenions des vagues. Sur leur retour, les pirogues à voiles rentraient en surfant les vagues de travers : ils pratiquaient eux aussi la même discipline que nous, simplement d’une autre manière.

En Inde, on doit lâcher sa « manière occidentale » de réagir, se plier à leurs habitudes et à leur rythme… C’est cette capacité d’adaptation qui permettra de se faufiler dans ce pays en pleine mutation. Je fus stupéfait par leur détachement du monde matériel et de la réussite professionnelle, mais aussi la bienveillance de tous ces gens très pauvres, qui sont heureux alors qu’ils ne possèdent pas grand-chose finalement. C’est l’opposé de ce que nous apprend notre société et notre éducation. C’est véritablement un autre monde…

L’œil de Greg Rabejac

L’Inde est un des pays les plus méconnus au niveau des vagues, océan comme mascaret… Pourtant, le potentiel est immense : des milliers de kms de côte, plutôt propices aux vagues et une constellation de deltas immenses favorisant l’apparition d’éventuels mascarets… Si l’on rajoute le côté humain, les différentes ambiances de l’Inde, la richesse et la diversité des religions, des paysages, des Ethnies… Le potentiel pour un beau voyage d’exploration devient évident !

Nous savions que Calcutta ne serait qu’une étape, tant nous avons été marqués par le niveau de pollution du fleuve, et le fait qu’il nous fallait absolument nous échapper de cette fourmilière humaine… Heureusement, la campagne n’est jamais très loin en Inde, et après quelques heures de routes (un peu folles), nous avons découvert une version de l’Inde plus attirante, plus saine, avec un fleuve qui nous semblait enfin plus propre ! »

C’est une Inde « profonde », comprenant les campagnes qui abritent des petits villages… Une Inde caractérisée par des odeurs, des couleurs, des temples, des marchés, des étales improbables… La vie sur place est tournée vers la rivière : la pêche et le transport du fret y sont développés, c’est ce qui fait marcher l’économie locale, même si certains bateaux ne se déplacent encore qu’à la force des rames… Il n’y a pas beaucoup de forêts, mais plutôt une végétation luxuriante, et de nombreux endroits propices à la culture du riz.

Au beau milieu de cette Inde « profonde », tout est aussi plus compliqué… Tout prend du temps et cela devient une leçon de tolérance, d’acceptation et de bienveillance… Dans chaque village et chaque port, nous sommes allés à la pêche aux infos sur le mascaret : la plupart du temps, sans véritable résultat… Mais parfois, nous tombions sur la bonne personne, celle qui est capable de nous aider vraiment pour le débusquer… Malgré toutes ces étapes vaines, jamais nous n’avons regretté un seul arrêt dans ces villages : à chaque fois, notre passage devenait un événement et déclenchait un moment magique ! La plupart du temps dans la campagne, nous finissions invités chez les gens pour un thé : une rencontre, un échange, des moments simples mais tellement intenses. Sur la rivière, nous allions directement auprès des embarcations, échanger avec les familles de pêcheurs, au plus proche de leurs vies et de leurs habitudes. »

   

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A propos de l’auteur

Marie Esnaola

Originaire du Pays Basque, Marie se tourne naturellement vers le sauvetage côtier, les courses de prone et le SUP après des années de natation. Passionnée de sport, elle organise des évènements sportifs et BtoB et accompagne les entreprises en webmarketing.