Carte blanche à Loïc Olivier à son retour d’Indonésie – en partenariat avec Fanatic SUP France, Swell Addiction et Koalition
L’idée est venue comme toute ces idées étranges : on ne sait trop comment, au coin du feu après une session bien humide en Bretonnie, les extrémités gelées se réchauffant autour d’un bon rhu.. thé à la canne à sucre, sûrement. Pour mes 40 ans, je veux tuber en SUP ou au moins surfer des vagues de magazine.
« T’as qu’à aller à Simeulue » , la phrase atterrit au milieu de la table du goûter comme ça, dans un moment de silence. En effet, un des protagonistes connait quelqu’un qui connaît quelqu’un …enfin c’est toujours comme ça quoi.
Va pour Simeulue donc ! Le monde étant ce qu’il est, c’est à dire petit, il se trouve que Gauthier Le Men, un ami d’un ami, possède un resort sur cette petite ile de la province d’Aceh, au nord de l’Indonésie, pas si loin de la Malaisie…Pour le coup, dépaysement garanti, ainsi que le sevrage de facebook à priori….La décision est prise, nous partons à 2, en célibataires et en mode surf only. C’est un retour à nos 15 ans : trip surf entre potes !
Pour le voyage, plusieurs options s’offrent à vous : jeunes sans le sous, plein d’énergie, vous pouvez multiplier les avions, les escales et dormir sur un banc par ci ou par là, sinon, Singapore Airlines fait un Paris-Singapour, puis Singapour-Medan. L’avantage, hormis le service au top, c’est que vous n’avez aucune escale à gérer niveau sommeil, pas plus que le matos qui vous suit gentiment.
Une fois à Medan, récupération des board bags, puis il faut monter dans un petit coucou à hélices qui fait le trajet Medan-Simeulue. Jusque là tout allait bien, mais au moment de décoller, nous apercevons nos planches, bien posées là, en plein soleil, à côté de l’avion.
Cata ! Négociations avec l’hôtesse, qui ne pige pas franchement grand-chose de ce qu’on lui baragouine ( m’enfin, le Breton c’est international, non???) , bilan « tomorrow misterrrr » Soit, on est là en vacances, pas pour se prendre la tête. Et puis quoi, on est aussi là pour prendre le rythme. A l’aéroport de Simeulue, la chaleur est bien là, les cocotiers aussi d’ailleurs et notre chauffeur, à qui on explique tant bien que mal que nos surfs ne sont pas là. « No worries, Tomorow misterrrr » ok ok, on prend le rythme. Benjamin, mon acolyte, bien décidé à profiter de chaque minute de surf, emprunte du matos au resort, mais pour moi, point de SUP ( logique en fait).
Anna, notre charmante guide et hôtesse en l’absence de Gauthier, rentré en France, nous gère le scoot du séjour, et nous fonçons à bride abattue vers notre première sess. Je me contente de shooter, mais la douceur locale m’attaque déjà, à moins que ce ne soit la chaleur, je suis zen, le fondement sur du sable blanc, entouré de cocotiers. Benj enchaîne les droites jusque tardivement, puis retour au resort.
Petit aparté sur l’aspect routier du séjour, qui mériterait à lui seul un chapitre de roman ( et probablement un traitement psychiatrique à vie pour un gendarme ) : nous slalomons en short, casquette et tongues de sécurité, entre divers obstacles plus fous les uns que les autres : dans le désordre : bœufs, vaches, veaux, buffles et leur bouses, chèvres et chevraux, chien, chats, scooters, véhicules frankenstein, enfants, adultes, bref …. au final on s’y fait et je n’ai pas aperçu un seul accident, donc on va admettre que ça marche comme ça.
Au matin du deuxième jour, nous nous rendons à One Tong : une gauche pas trop violente, accessible après un petit rallye motocross entre les cocotiers, et une traversée de mini rivière. Toujours sans SUP ( un avion par jour on a dit, et c’est l’après midi), je me contente encore une fois de shooter. Cette vague est plutôt pas mal pour le SUP : pas trop tendue, une belle masse d’eau mais vraiment pas effrayant ( sauf à se faire enfermer et goûter le comité d’accueil, un poil coupant).
L’après midi, fébriles, nous nous rendons à l’aéroport pour enfin… euh… ben non.. nos bags sont toujours à Medan… Mon calme et ma patience légendaires ressortent du bois et je commence à grogner. Retour au Resort, Anna et Gauthier gèrent et nous assurent que demain, ça sera bon. Ok, soit… ( je découvre les joies du voyage avec un boardbag de SUP en somme ).
Le lendemain tout rentre dans l’ordre et effectivement, quelques appels et aboiements ont portés leur fruits, nous déballons nos surfshop portatifs… Du coup, vite, nous prenons la direction de One Tong, histoire de se mouiller enfin. Malgré un léger vent onshore qui rend mon stubby 7,10 un poil difficile pour mes 85 Kg, le rêve s’installe...
La session me fait réaliser que mon système de refroidissement est plutôt adapté à nos contrées bretonnes, je suis littéralement en surchauffe permanente. Ceci étant, les vagues sont top, je me régale, et pourtant backside.. Les potes surfeurs sont un peu plus à la peine, ça manque un peu de creux pour eux.
Le séjour entre alors dans une phase plus agréable pour moi, le matos est toujours prêt, les spots sont relativement nombreux, mais attention, aucun n’est réellement très adapté à un débutant, il faut quand même une bonne expérience de surf, des chaussons de reefs et ne pas avoir peur de charger quand c’est creux sur pas d’eau.
Les spots s’égrennent au fil des jours dans une nonchalence toute relative, ça se passe souvent le matin tôt pour éviter le vent et la foule. Car foule il peut y avoir, finalement, sur des spots qui souvent ne tolèrent que quelques surfeurs à la fois, ajouter un SUP peut faire grogner, révisez vos priorités, votre sourire colgate et la patience. La période est longue, très longue, et grande est la tentation de se caler un peu au large et choper tout ce qui bouge, c’est tellement facile.
Mentions spéciales aux spots comme Thailand, accessible en bateau uniquement, qui ajoute une dimension de solitude au surf. La vague est une gauche un peu rapide, sur lit de reef acéré, option patates à découvert en sortie de vague si on traine. Mon top 3 du séjour ! Toujours dans le top 3, une droite pas très loin, super hardcore, qui m’a fait peur les 2 premières fois, et dans laquelle je me suis jeté le dernier jour de fonctionnement. Vague à hurler de plaisir tellement elle est parfaite : ultra rapide, je ne reste pas trainer dessus, surtout au take off, un peu engagé avec du reef coupant en face ( ma tongue droite y a gagné une balafre, en marchant dessus), et ensuite un mur à manœuvres ( sans trainer), glassy, creux, magique. Je regrette de ne pas y être allé les jours précédents, le tube aurait pu sûrement passer. Ce spot ne tolère pas du tout le monde, et l’irrespect.
Enfin, une deuxième droite, pas si loin du resort, du même type, m’a offert les take off de ma life, rien que ça! Droite très rapide aussi, sur du reef non moins coupant, qui ferme en fin de vague. Sur celle là, pas plus d’un roller, 2 en cas de folie furieuse, sous peine de se faire exploser à l’arrivée.
Le bilan de ce séjour est totalement positif, à un bémol près : j’ai amené la pluie avec moi. Sur 12 jours de séjour, nous n’avons eu que 4/5 jours de franc soleil, le reste hésitant entre gris clair, gris foncé ou mousson totale.
Vous devrez vous armer de patience, mais ça semble logique: on ne vient pas là en mode excité, apprenez à savourer l’endroit où vous êtes, à vous immerger dans le rythme locale et à écouter la vie s’écouler. Par ailleurs, on sent par moment, l’impact de la présence de personnes peu respectueuses de la vie locale, parfois le magnifique « hello misterrrr » est remplacé par un surprenant « fuck you » dont on se doute qu’il a été appris grâce à quelque indélicat et grossier personnage.
Si vous n’êtes pas à même de partager les vagues et la vie locale, passez votre chemin, cette belle île doit être préservée, elle le mérite !
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