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Air France Paddle Festival: à 14 ans, Keoni Sulpice devient un géant du SUP

A à peine 14 ans (il en aura 15 le mois prochain), Keoni Sulpice le jeune prodige du SUP tahitien vient de frapper un grand coup et de faire un immense bond en avant sur la scène internationale. Sur la 6ème édition du Air France Paddle Festival, devant des 10aines de milliers de télé-spectateurs et e-spectateurs du monde entier, il termine 2ème à 10 mètres de Titouan Puyo et devant Enzo Bennett, actuels 3ème et 14ème mondiaux au classement Paddle League. Alors que nous annoncions sur TotalSUP au même moment l’année dernière que Keoni deviendrait un jour champion du monde suite à la dernière édition où il terminait 11ème à 13 ans, nous étions ravis de retrouver le champion tahitien en pleine progression et confiance et enfin avec le contrat international avec Starboard qu’il méritait. (Photos: Onit, Paddle League, Tahiti SUP Rapa Hoe, Emilie Masson)

Bonjour Keoni, peux-tu te présenter et nous dire comment tu as commencé le stand-up paddle ?

J’ai 14 ans. J’habite à Punaauia à 15 kilomètres de Papeete. Je pratique le paddle depuis maintenant 5 ans. J’ai commencé en 2014 à l’âge de 9 ans. Dès que j’ai gagné dans la catégorie des tous petits, j’ai commencé à avoir des sponsors ce qui m’a permis de continuer jusqu’à aujourd’hui. Je suis en classe de 3ème au collège de Punaauia.

Que représente pour toi cette 2ème place au Air France Paddle Festival?

C’est mon plus beau résultat sur une course de haut niveau. A un niveau international avant ça mon plus beau résultat était la victoire en junior sur les Pacific Paddle Games en octobre dernier. Ici à Tahiti j’ai déjà gagné deux fois devant les meilleurs riders locaux, sur la Arii Hoe No Papeete, la 1ère course de l’année et une autre en 2017 quand j’avais 13 ans.

Raconte-nous ta course en détail.

Au départ ma stratégie était de bien sortir, de rester dans le draft le plus longtemps possible pour m’économiser au maximum. Ça a marché sur les 8 premiers kilomètres jusqu’à Papeette, puis Titouan et Enzo ont envoyé et j’ai du ramer tout seul pour revenir pendant 20 minutes puis j’ai réussi à raccrocher le draft. J’étais avec Niuhiti Buillard et Georges Cronsteadt qui n’arrivaientt pas à revenir, du coup j’ai décidé de tenter tout seul. Mon père me suivait en Jet Ski pendant toute la course et me donnait des informations pour pouvoir me repérer pendant la course. Je pense que j’ai attaqué aux bons moment.

Sur le dernier segment de course, Titouan a réussi à attraper une bonne vague et il a mis quelques attaques, comme j’étais collé à lui j’ai pu répondre en même temps que lui, sauf que lui a pu attaquer plus fort. Juste avant de tourner vers la plage j’ai envoyé une grosse série de sprints pour essayer de passer devant mais il a réussi à contre-attaquer facilement et garder le contrôle. Il est vraiment très fort et a pu gérér la course. Il a su envoyer aux bons moments et juste ce qu’il faut à chaque fois.

On a eu le sentiment que cette 2ème place sonnait comme une victoire pour toi. Qu’as tu ressenti à l’arrivée ?

J’ai levé les bras à 50 mètres de l’arrivée quand j’ai vu que je ne pourrais pas rattraper Titouan. Arriver à peine 11 secondes derrière le 3ème mondial, à seulement 10 mètres de lui, ça m’a rendu très fier par rapport à mon âge. Sur la ligne d’arrivée, il y avait toute la famille, les amis, les sponsors, les supporters, j’étais vraiment très content. La course du Air France Paddle Festival, c’est un tracé que je connais bien, je le fais tous les samedis depuis janvier, et je l’ai connu sous toutes les conditions. Il n’y avait que les vagues de bateau à la fin à gérer et ça s’est bien passé. J’avais un record sur le circuit à 2h22 et j’ai pu faire mieux sur la course en 2h20. L’année dernière ça s’est gagné en 2h16 mais on avait un petit clapot qui nous permettait de mieux glisser.

Tu es rentré en début d’année dans le team Starbard International. Qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Grâce à mon résultats sur les Pacific Paddle Games, j’ai pu passer dans le team Starboard International. J’ai grâce à ça beaucoup de planches à disposition ici à Tahiti mais aussi dans mes voyages. Je n’ai plus à transporter mon matériel lors de mes déplacements. Et puis j’ai aussi une aide financière qui m’aide à voyager. Jusqu’à maintenant j’étais suivi ici par Jean-Claude Desanti de Starboard Tahiti que je remercie pour tout ce qu’il a fait afin de me permettre de passer international. C’est Bart de Zwart le team manager de Starboard qui s’occupe de moi maintenant et c’est avec lui que je gère mes déplacements. Le team Starboard est très gentil, très cool, ils sont toujours à me féliciter, à me soutenir et à me pousser. Vu que je suis le plus jeune dans la Dream Team ils veulent que je réussisse. J’ai eu l’occasion de beaucoup parler à Michael Booth face à face mais aussi sur les réseaux sociaux. Il m’a envoyé un mot d’encouragement avant la course de la Air France Paddle Festival.  C’est vraiment le rider qui m’inspire le plus. Sa technique, son niveau sont très hauts et j’espère pourvoir le battre un jour.

Au niveau du coaching, qui s’occupe de toi ?

C’est mon père qui m’entraîne et qui me donne mon programme. Il ramait en pirogue V6 avant dans la grande équipe de Shell Va’a et il a beaucoup d’expérience. On a mis en place un programme d’entrainement sur l’année pour me préparer aux diverses compétitions. Là, pour la Air France on a beaucoup travaillé les grandes distances et ça a payé.

Parle-nous de ton matériel…

Aux entrainements je suis sur une Starboard All Star 12’6 x 24 2017, plus petite et beaucoup plus large que mes planches de compétition. J’utilise cette planche car pour la faire avancer il faut forcer 2 fois plus. 1 semaine avant, je reprends mes planches de compétition, pour avoir de meilleurs sensations de vitesse. Sur la Air France, j’avais la Sprint 14 x 21,5. J’alterne en fonction des conditions entre la Sprint pour du flat ou petit clapot et la All Star dès que ça bouge. En pagaie j’ai une QB V-Drive 71.

Tu as un coup de rame très particulier, long et puissant. Peux-tu nous en parler ?

Oui. Dès petit j’ai opté pour un coup de rame que l’on appelle ici dans le milieu de la pirogue le “huuti paari” (tirer fort). Ça consiste à aller chercher loin devant et tirer bien sa rame profond et bien derrière, pas forcément en fréquence mais en technique et puissance. Aussi je vais chercher très loin devant, je pense avoir un coup de pagaie 10 cm plus long que les autres qui eux ont plus de fréquence. C’est un coup de rame qui me permet d’économiser beaucoup d’énergie.

Quel est ton programme 2019 ?

Cette année mon premier objectif est de devenir champion de Polynésie en junior et senior. J’ai calculé tous mes points par rapport à mes concurrents et après 4 course je pense être devant Enzo, Georges, Ricky et Niuhiti pour l’instant. En Polynésie il y a 10 courses et on retient les 6 meilleurs résultats. Je vais essayer de faire encore 2 bons podiums pour renforcer ce classement.

A l’international, je serai cette année sur la Carolina Cup, San Sebastian et Bilbao en juin, en août les Gorges, j’irai peut-être à Osaka en septembre au lieu des Pacific Paddle Games et j’espère pouvoir participer aux ISA avec une équipe Tahiti.

VOUS POUVEZ REVOIR LA COURSE DANS SON INTEGRALITE ICI!

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

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