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Joseph Gueguen, la découverte du Nautic SUP Paris Crossing

Intrigués de trouver un nom peu connu sinon inconnu au bataillon en 7ème position à l'issue de la longue distance du Nautic SUP Paris Crossing, entre les deux pointures que sont Martin Letourneur et Peter Bartl et devant des riders de classe internationale comme Kai Lenny ou Roman Frejo, nous avons voulu connaître le nouveau venu, Joseph Gueguen.

Bonjour Joseph, peux tu te présenter à nos lecteurs?

Je m'appelle Joseph Gueguen (ndlr: prononcé “ein” et non “ène”), j'ai 23 ans, je suis originaire de Plomeur et je suis étudiant en école d'ingénieur à Rennes.

Quel a été ton parcours sportif jusqu'à aujourd'hui ?

Joseph Gueguen: J'ai suivi un cursus hyper classique dans le sport. Sport-études tout d'abord puis membre de l'équipe de France de planche a voile pendant plusieurs années. J'ai eu la chance d'être champion du monde en jeunes en planche à voile olympique en 2009 et j'ai continué jusqu'en 2012.
Malgré un statut confortable et un bon encadrement, j'ai décidé de mettre un terme à ma carrière de sportif de haut niveau fin 2012. Pour une question d'équilibre. A 14 ans déjà je faisais mes premiers championnats de France et après 8 ans à fond je me suis retrouvé essouflé au niveau de ma pratique. Quand j’ai décidé d'arrêter de naviguer, j’étais perdu, je ne savais plus pourquoi je me battais. J'ai donc dû dire stop. 

Comment a réagi ton entourage et la fédération?

Joseph Gueguen: Tout le monde a réagi avec beaucoup de surprise. Je suis quelqu'un de plutôt introverti et j’avais gardé ça en moi. Mais ce break était vraiment nécessaire. Ils ont fini par accepter bien sûr mais je suis conscient qu'en tant qu'athlète de haut niveau, ils avaient misé sur un potentiel, avec notamment des enjeux matériels et financiers. Je me suis coupé du monde de la planche pendant 6 mois suite à ça. 

Comment es-tu arrivé au Stand Up Paddle?

Joseph Gueguen: J'ai découvert le SUP en 2013. J'ai commencé à ramer en douceur. J'ai vu qu'il y  avait une belle dynamique en Finistère d'où je suis originaire. Je suis assez proche de Faustine Meret et quand j'ai commencé à ramer, c'est avec elle que je faisais mes premières sorties en SUP. A travers Faustine j'ai rencontré rapidement le groupe des brestois: Greg Closier, Amaury Dormet, Stéphane Guiomar, Jérémy Branchu, Christophe Guérin, Franck Le Ven, etc… avec qui j'ai fait plusieurs sessions de canoeing. On s'est bien marré, j'ai pu voir qu'il y avait un bel esprit. Du coup j'y ai pris goût, je me suis entraîné un peu plus et ai participé à mes premières compétitions. Depuis Septembre je suis suivi par Nahskwell. Le team (Renaud Noyelle, Greg Vitry, Valérie Vitry) m'a fait comprendre qu'il y a quelque chose à faire et que je pouvais essayer de jouer devant. 

Début du SUP fin 2013 donc, as-tu déjà un petit palmarès en SUP race ?

Joseph Gueguen: J'ai participé au Nautic SUP Paris Crossing en 2013. Je crois que je fais 25ème. J'étais plutôt surpris et content de cette place. 

En 2014, j'ai participé à la Coupe de France sur La Jade Paddle Race où je fais 11ème, j'ai fait une bonne partie du circuit Swell Beach Race avec une 5ème place pour mon meilleur classement. C'est un super circuit hivernal avec un plateau très relevé que je recommande. 

Sur la city race de la Pen Ar Bed je fais 4ème. Je fais aussi 10ème à la Torche. 

J'ai participé aussi aux championnats de France. Je fais 17ème sur la longue distance et 15ème sur la beach race.

Comment as-tu vécu ta 2ème participation au Nautic SUP Paris Crossing et ta 7ème place sur la Longue Distance?

Joseph Gueguen: J'ai beaucoup échangé avec Renaud Noyelle avant la course, qui m'a beaucoup apporté sur le plan de la gestion de l'effort notamment. Je suis arrivé à Paris avec une vraie stratégie. Je pensais que je pouvais obtenir une place correcte. Evidemment je ne pensais pas atteindre le top 10 mais je savais que je pouvais me faire plaisir.

Ce que je vois sur les courses de SUP, c'est que le départ est primordial. Sur le plat notamment, il faut se positionner sur le départ sinon la course est flinguée. Au coeur de ma stratégie, j'ai donc misé une grosse partie sur mon départ. Me dégager, sortir du paquet. Je suis arrivé en me disant que j'allais me mettre 15/20 minutes dans le rouge et ensuite lever la tête et et me positionner par rapport à ce qu'il se passe autour de moi. Je me suis dit: “Pas d’economie, si je choppe le bon draft, je pourrai m'économiser plus tard.”

Au début j'ai donc drafté avec Kai lenny, et puis j'ai vu qu'on perdait trop de terrain par rapport au groupe de tête parce que Kai n'était vraiment pas en forme.  Après un peu d'hésitation, il s'agit quand même de Kai Lenny, j'ai fini par le passer et j’ai donc terminé tout seul. 

Si tu n'avais pas été hésitant par rapport à l'état de forme de Kai, tu penses que tu aurais pu rattraper le train de devant?

Joseph Gueguen: Rattrapé non, il y a du taf avant d'aller aussi vite que les 6 premiers. Mais je pense qu'il y aurait eu moyen d'accrocher le draft de devant au moins une partie de la course. Mais en tout humilité, je pense qu’il y a un écart de vitesse conséquent avec Eric Terrien, Leonard Nika et Martin Letourneur (4, 5 t 6).

Niveau matos ?

Joseph Gueguen: J'ai la Nahskwell Scow 12'6 et je suis hyper content de la planche. J'ai commencé à ramer avec une Exocet 25'7 et je suis beaucoup plus à l'aise sur une planche plus large. Je pèse 82 kilos, j’ai un geste ample et puissant et du coup je peux mieux le développer sur cette planche sans me poser trop de questions sur mon équilibre. En downwind notamment je trouve mes appuis très facilement. Je suis véliplanchiste et donc je m'éclate sur les vagues. J'aime beaucoup le concept de Nahskwell et j'espère qu'on va faire des choses chouettes ensemble. 

Pour les pagaies, je vais être suivi par Direct Sailing, un shop de la Baule qui va m'équiper en pagaies QuickBlade.

Quelles différences vois-tu entre la planche à voile et le SUP?

Joseph Gueguen: Déjà, en Planche à voile olympique on est en monotypie. Tout le monde a la même planche. Il n'y a donc pas d'enjeux de matériel. Les sponsors privés viennent compléter le budget de la fédération et du club, mais essentiellement en apport financier. 

Autre différence majeure, la planche à voile olympique c'est une discipline tres élitiste et donc pas ouverte à tout le monde. Sur une compétition on n'est une qu'une trentaine. Il n'y a pas de place pour les “amateurs” (entre guillemets). Il faut arriver aux championnats de France entrainé et prêt à faire feu. 

Dans le SUP, ce qui m'a surpris et que j’apprécie, c’est qu'il s'agit d'un sport ouvert à tous. Les compétitions sont intergénerationnelles et différents niveaux se côtoient. Cette découverte était d'autant plus plaisante après un arrêt de la compétition en planche à voile assez délicat. 

Par contre, avec un oeil encore extérieur, certaines choses me surprennent ou me semblent un peu confuses. Par exemple inclure une épreuve promotionnelle dans le classement de la piscine sur le Nautic Paris et, entre autres, voir Titouan perdre la compétition sur l'épreuve.  C'est intéressant en terme de visuel mais pas tres révélateur sur le plan sportif je trouve. J'avoue que j'ai été assez déçu pour lui. 

Sur le plan fédéral ou sur certaines épreuves clés, peut-être faudrait-il trancher ou séparer épreuve élite ou épreuve familiale? Sur les Championnats de France notamment, il y avait des conditions engagées mais des choix ont dû être faits pour l'adapter au plus grand nombre. 

Quels sont tes objectifs en 2015? 

Joseph Gueguen: En 2014,  j'ai eu une pratique amateur, de plaisir et de dillétante. J'ai ramé régulièrement mais je ne peux pas dire que j'ai suivi un vrai programme d'entraînement. J'ai savouré chaque bump, chaque downwind, chaque confrontation et là je commence à me prendre au jeu et j’attaque 2015 avec l'envie de me placer devant. L’objectif pour 2015, c’est donc de continuer sur les épreuves nationales qui me plaisent et de participer à quelques épreuves européennes pour découvrir cet aspect là et potentiellement m'engager plus. 

Quels sont les athlètes qui te servent de référence?

Joseph Gueguen: J'apprécie la vision de Greg Closier qui m'a donné envie de faire de la compétition en stand up paddle, notamment sa recherche et ses questionnements constants sur le matériel. J'aime beaucoup aussi Yohann Cornelis, sa technique, son approche de la compétition et sa gestion des courses, c'est à dire avec serenité et calme. Je suis très admiratif de la qualité du geste technique de Titouan Puyo et de son état d’esprit: cool, sympa et le couteau entre les dents quand le départ est donné. Je suis aussi bluffé par la précocité et la maturité d'Arthur Arutkin. 

Merci Joseph Gueguen pour nous avoir accorder cet interview et rendez-vous le 11 janvier à Saint-Michel-en-Grève pour la 2ème étape des Swell Beach Race Series 2015

A propos de l’auteur

Mathieu Astier

Mathieu est le fondateur hyperactif de TotalSUP mais aussi un vétéran du marketing et de la communication web avec plus de 20 ans d'expérience aux côtés des plus grandes start-ups internationales. Son coup de foudre pour le Stand Up Paddle en 2013 l'a amené à construire l'une des principales plateformes d'information en ligne dédiées au SUP, en anglais et en français pour une audience mondiale, et à tourner sa vie de famille résolument vers l'océan.

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