Ce n’est pas n’importe quelle course de SUP Race que prépare Samuel Vauthier sur sa Starboard Allstar, avec son binôme Nicolas Fayol de la Team French Paddler : la Yukon 1000 ! Yukon comme le fleuve d’Amérique du Nord Yukon, qui part du Canada avant de traverser l’Alaska. 1000 comme 1000 miles, soit environ 1600km à parcourir à la rame ! A 47 ans, Samuel a un parcours bien rempli. Kayakiste et canoéiste de course en ligne, il a été moniteur de kayak, a fait STAPS et puis les brevets d’état de premier et deuxième degré. Après STAPS, Samuel a travaillé en Bourgogne comme agent de développement canoë kayak au sein du comité régional et c’est à ce moment là qu’il a rencontré un certain Nicolas Fayol en tant que stagiaire athlète ! Ensemble, ils ont participé à des stages d’eaux-vives, de freestyle… Ensuite, Samuel est rentré en Loire, à Angers, pour être entraîneur du pôle espoir de course en ligne pendant huit ans. Puis, il a monté son magasin de kayak, tout en étant chef de base du canoë au Club Nautique d’Écouflant. Après ses 40 ans, Samuel s’est lancé dans une reconversion dans le commercial. Il a tout d’abord été chez Egalis, où il a recroisé le chemin de Nicolas Fayol, une vingtaine d’années après, et les deux se sont remis en connexion à partir de ce moment là. Samuel est ensuite parti d’Egalis pour devenir agent commercial avec la marque Starboard, ce qui était concomitant avec les aventures SUP de Nicolas. Nicolas lui a ensuite partagé sa passion de la longue distance, et Samuel a fini par se lancer : tout d’abord à la Nautic Paddle de Paris, 10 km, et, ensuite, comme deuxième course, la Dordogne Intégrale 350km ! Cette aventure partagée avec Nicolas Fayol s’est ensuite poursuivie sur la Loire725 en 2021, et continuera donc en juillet prochain sur la Yukon 1000 ! Alors comment se prépare-t-on a une telle expédition ? Samuel nous répond.
Samuel et Nicolas sur la Loire 725
Bonjour Samuel, pour commencer, comment se passe ta préparation au Yukon 1000 ?
La préparation est un peu compliqué parce que j’ai un travail, j’ai une femme et j’ai trois enfants, dont la petite qui a trois mois qui me prend beaucoup de temps, plus mon travail d’agent commercial donc c’est pas une préparation idéale. Mais grosso modo de septembre à décembre, j’ai fait un peu préparation physique générale, c’est à dire j’ai couru, j’ai fait un peu de vélo, j’ai fait une semaine de ski de fond, j’adore le ski de fond… J’étais plus voir ce qu’on appelait la phase de préparation spécifique générale, et là on rentre dans ce qu’on appelle la phase de préparation physique spécifique où grosso modo je ne fais que du paddle. De toutes façons, je n’ai pas trop le temps de faire autre chose. Grosso modo l’objectif c’est de s’entraîner au moins quatre fois par semaine, le minimum 4 x 10 km et puis temps en temps quand j’arrive à faire une sortie plus longue, quand j’ai le temps, eh ben je le fais voilà. On essaye de faire à peu près les mêmes choses avec Nicolas Fayol. Est-ce que je me sens prêt ? Non pas vraiment mais est-ce que tout va bien ? Oui, à partir du moment où on part avec Nicolas tous les deux, c’est une aventure humaine, et puis après on sait qu’une fois qu’on est sur l’eau tous les deux ça fonctionne, que ce soit difficile ou pas, voilà on ira.
Samuel et Nicolas sur la Loire 725
Comment est-ce venu, avec Nicolas Fayol, de vous lancer dans une telle aventure ?
On s’était retrouvé quand moi j’étais commercial chez Tahe Outdoor et que lui il venait faire le marketing pour Tahe Outdoor par mon intermédiaire. De là, je savais qu’il s’était mis au paddle etc. Il savait que j’avais fait des trails et que j’aimais bien la longue distance, on connaissait bien nos caractères et nos envies. Après, on est tout le temps restés en contact, et quand moi j’ai commencé à faire Starboard SUP et à pratiquer le SUP race, clairement c’est venu de Nicolas qui a commencé à me chauffer sur les courses etc. Quand j’avais fait la Nautic de Paris il était pas là, mais il s’était un peu moqué de moi sur mes résultats donc ça m’avait un peu piqué. Après, c’est lui qui m’a proposé de venir directement à la DI 350 ensemble. A ce moment-là, on était trois, et je me souviens qu’au tout début de la DI moi j’étais arrivé fatigué, pas très préparé… Mais on était parti à 3 et au bout de 50/60km, Benjamin Vaurs et Nicolas étaient 200/300m devant, et apparemment tous les deux ils discutaient et disaient “bon Samuel c’est fini”. Moi qui était derrière je me disais de toutes façons quoiqu’il arrive les gars je lâcherai pas, je serais juste derrière vous et je lâcherai jamais. Puis à un moment, on s’est rejoint dans la course et puis on s’est plus lâché jusqu’à l’arrivée de la DI 350. Cette DI 350 a eu lieu grâce à Nico, et c’est Nico, je ne connaissais pas la Yukon, qui m’a parlé de la Yukon. Après la DI 350, l’enjeu c’était de savoir comment ça se passait tous les deux dans l’effort avec la fatigue et savoir si notre entente était toujours là et elle y était toujours, donc on s’est dit c’est bon c’est validé. Comme la Yukon n’a pas eu lieu, on a fait la Loire725 l’année dernière, et là ça faisait 3 ans qu’on attendait la Yukon donc c’est parti pour la Yukon. Voilà c’est clairement Nicolas qui est venu me chercher pour la longue distance en SUP.
Benjamin Vaurs, Nicolas Fayol et Samuel Vauthier à l’arrivée de la DI 350
Le Yukon 1000, c’est une expédition qui ne s’improvise pas : 1600km en autonomie sans assistance en pleine nature sauvage ! Quel est le matériel indispensable que tu va embarquer ?
Le paddle d’abord, la pagaie ensuite, une tente, une gourde filtrante, un duvet, de la nourriture lyophilisée, on a du matériel spécifique à embarquer tels que téléphone satellite, un tracker GPS pour que les gens, notamment l’organisation, puissent nous embarquer et puis la bombe au poivre pour les ours ! On n’est pas toujours les rois de la préparation en amont, mais on se débrouille quand même, ce qui est sûr avec Nicolas c’est qu’on va changer de sacs, en théorie on va prendre des sacs Ortlieb avec des fermetures vraiment étanches, et ça on le sait parce que Nicolas avait déjà pu les tester quand il avait fait son expédition au Monténégro en eaux-vives dans les Gorges de Tara.
Samuel et Nicolas sur la Loire 725
On se souvient de ta Starboard bien chargée lors de l’édition test de la Loire 725, est-ce que la planche le supporte bien ? Comment organises-tu tes sacs embarqués ?
En poids on va essayer d’être bien meilleurs qu’à la Loire725, c’est à dire qu’on va pas embarquer notre eau douce, on va prendre gourde filtrante comme tout le monde. Le principe c’est que notre nourriture le matin on la prépare en lyophilisée, on est un peu des barbares nous dans le sens où on met même la nourriture du midi à l’avant et on la lyophilise dès le matin, comme ça on en mange le midi sur la planche. On aura un Duffle de 80L pour s’assoir dessus derrière. Avec le poids, la stabilité change, on privilégie des plus gros ailerons pour apporter de la stabilité à la planche.
Benjamin Vaurs, Samuel Vauthier et Nicolas Fayol
Vas-tu prendre la même board pour le Yukon 1000 ? Quel genre de planche conseilles-tu pour partir sur de longues expéditions en SUP ?
Sur ce type d’épreuve là, comme sur la Loire725, la stabilité à tendance à se dégrader au fur et à mesure que la condition physique décline, au fur et à mesure des jours. La Yukon on est obligé d’avoir des boards en 25 de large donc déjà ça règle le problème, sur la Loire, j’avais une 23,5. La pagaie c’est la même que d’habitude, par contre en seconde pagaie je vais prendre une taille en dessous en taille de pale, je vais être en Lima 2022 S. Sur la Yukon 1000 j’aurai une 14 par 24,5 Allstar, j’ai vu avec les gens du Yukon ça passe, c’est l’ancienne planche de Bart (Bart de Zwart, vainqueur du Yukon 1000 2018 en SUP, ndlr). Je conseille beaucoup plus les Allstar, avec du litrage et surtout les modèles à partir de 2021 avec pont creusé pour la stabilité.
Le campement de Bart de Zwart lors de la Yukon 1000 2018 avec sa Starboard Allstar – Photo : @BARTDEZWART
Et niveau alimentation, ça se passe comment ?
L’alimentation on a lyophilisé et on va prendre sûrement le pack MX3 Nutrition qu’on avait utilisé la fois. On a un partenaire qui s’appelle Mulebar pour tout ce qui est barres énergétiques, gels, hydratation… et ça c’est vraiment top, c’est fait par un gars du canoë, elles sont vraiment bonnes et ça ça nous convient vraiment parfaitement. On va essayer d’être beaucoup plus léger que la dernière fois ça c’est sûr !
Les barres et gels Mulebar
Quelles aptitudes particulières faut-il acquérir pour partir en expédition de pleine nature ?
Alors pour faire la Yukon 1000, de toutes façons, c’est sur dossier, il faut faire un dossier sur tes capacités sportives et sur tes capacités de survie, on va dire, c’est un bien grand mot mais c’est comme ça. Les aptitudes, et ben je sais pas, à partir du moment où on est kayakiste, qu’on a déjà descendu des rivières et qu’on a un peu dormi au bord de la rivière, je pense que on a déjà une petite base de prête. ça nous gêne pas de dormir sans tente au bord de l’eau, voilà. Lecture météo et environnement oui, on regarde beaucoup les nuages, l’orientation du vent, etc. Maintenant j’avoue qu’au Yukon Alaska, j’y connais rien, on verra, je vais juste faire des relevés de carte sur Google Earth du Yukon, qu’on va imprimer plastifier, on va partir avec, c’est obligatoire de toutes façons. Premiers secours, on a des petites trousses. Techniques de survie, c’est avant tout le matériel : il faut avoir des vêtements chauds, secs, donc là on va être en Gore-Tex Haglofs avec Njord Aventure, qui est un magasin partenaire, on va voir des sous-vêtements techniques Saxx, et après peut prendre des Craft ou des lycras. L’essentiel c’est que ça sèche rapidement sur soi, puisque l’année dernière, sur la Loire725, on a pris trois jours de pluie, on était intégralement trempés et on arrivait à sécher rapidement le temps de monter le bivouac. Quand on se mettait dans le duvet ça séchait directement, c’était plutôt bien, il faut vraiment sécher vite. Mais par contre, on a bien vu sur la Loire725, on n’avait pas de vrai gore-tex très imperméables et ça c’est un problème, chose qu’on a corrigé normalement pour cette année. Sur le bivouac, on a pris un type Jetboil, c’est des réchauds rapides, puis on a une nourriture lyophilisée qu’on a expérimenté pendant 7 jours sur la Loire725 et on s’est plutôt bien adapté aux repas, ça nous allait bien.
Samuel et Nicolas sur la Loire 725
As-tu des conseils sur comment acquérir ces compétences ?
Alors moi je n’ai jamais rien eu là dessus, ce que je sais c’est qu’on faisait déjà des bivouacs nous en canoë, moi j’étais déjà partie même avec mes filles une semaine au bord de Loire quand elles avaient peut-être entre cinq et huit ans, peut-être un peu plus vieille mais voilà. Ce que je conseille c’est de se rapprocher de gens, de club qui connaissent et de partir avec. Encadré c’est quand même mieux au départ pour apprendre, il y a quand même tout un tas de structures maintenant qui proposent des bivouacs sur la Loire, notamment les loueurs de canoës, et je pense que la Loire pour faire les premières expéditions en SUP c’est génial. Il faut se renseigner, il y a des îles avec des périodes où on peut pas y aller à cause de la nidification des sternes, mais une fois qu’on respecte ça, qu’on est toujours propre, voilà, il y a plein de structures tout au long de la Loire, des professionnels, qui peuvent vous accueillir pour créer des bivouacs. Il y en avait qui ont des techniques de cuisine particulière, il y a du choix en tout cas, de chez moi entre Nantes et Orléans, voire un petit peu au dessus, il y en a partout. Vous pouvez vous rapprocher les professionnels. Les courses longue distance en augmentant progressivement la distance, je suis contraire de ça, c’est à dire que ma première course était 10km ma deuxième était 350. J’avais déjà fait des trails longue distance, bon pas très longs, 75km, mais j’en ai déjà fait. Je les fais avec des collègues, mais il faut déjà être sûr de soit seul et puis savoir partir avec les bonnes personnes. Je pense qu’il y a tout un tas de gens maintenant, tout une nouvelle culture sur la longue distance qui se développe, donc soit les professionnels pour les bivouacs ou se rapprocher des compétiteurs qui font une longue distance, même si on veut me demander, on est tout à fait prêts à donner des conseils là-dessus il n’y a pas de soucis, même sur l’entraînement.
La question bonus : est-ce que tu es prêt pour croiser des ours ?
Je ne crois pas ! Je ne crois pas que je sois prêt, mais je suis impatient ! En tout cas si je les vois de loin ça m’ira très bien aussi, on a la petite bombe au poivre, on sait que dans le briefing du Yukon 1000, il y a toute une partie sur les ours, on sait que ça inquiète plus les européens que les américains évidemment, nous on en a pas, à part quelques uns dans les Pyrénées mais voilà. On a une bombe au poivre, j’ai bon espoir que si on respecte toutes les consignes, ça devrait bien se passer, voilà.
Si vous voulez suivre nos aventures, voir tous les partenaires qui nous suivent et nous aider, parce que on avait perdu le contrôle de notre page Facebook, Team French Paddler Yukon 2022, abonnez vous à la page et mettez un j’aime ça, nous aidera, vous verrez tous nos partenaires et on met des petits posts sur notre préparation. Plus ça va approcher, plus on va en mettre et on va expliquer qu’est ce qu’on fait et comme on part. Donc n’hésitez pas : Team French Paddler Yukon 2022 sur Facebook, vous trouvez ça, vous vous abonnez, vous likez et puis vous pouvez même nous poser des questions directement sur la page !
Merci Samuel pour tes réponses, on vous souhaite la plus belle des aventures sur le Yukon 1000 avec Nicolas Fayol !
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