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Surf, Freeride, Logistique et E-commerce, l’ADN du système GONG

GONG est une marque française basée à la Baule. A ses débuts, en 1996, elle fabriquait des planches de surf, puis a rapidement innové en lançant des SUP, avant de compléter ses gammes avec des Kitesurf et des Foil. Plus de 20 ans après sa création, la marque mène une croissance à deux chiffres dans un marché très concurrentiel. Patrice Guénolé, à la tête de la marque depuis 2008, a tout misé sur sa pratique sportive, ses besoins, ses envies, son flair et l’anticipation du besoin client pour développer son offre. Aujourd’hui, GONG est l’un des rares acteurs du marché à se dispenser du circuit traditionnel des shops pour se consacrer à la vente en direct en ligne à des prix concurrentiels. Rencontre avec “l’Ours”, un passionné qui nous explique comment et pourquoi il en est arrivé là.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Bonjour Patrice, peux-tu nous retracer ton parcours de sportif et d’entrepreneur ?

Hello. Je viens du produit, du R&D comme on dit pompeusement. Je suis un passionné de matos. Ado j’apprenais tout par cœur, je connaissais absolument tout le marché du windsurf au millimètre. J’ai toujours été comme ça; boulimique de certains trucs qui me passionnent : les animaux et les études (tardives) par exemple. Jeune, j’étais ultra timide, alors pour vendre du matos en shop je voulais maitriser à la perfection les données du problème. Du coup quand je me suis tourné, tardivement là encore, vers la compétition en surf et en planche à voile, c’était principalement pour valider les performances de mon matos. Paradoxalement je ne supportais pas de ne pas gagner, autant dire que c’était douloureux hahaha. Mais ce que j’aimais c’était développer un support et le pousser en compétition. Bien souvent ce que je ridais ne ressemblait à rien de connu. J’ai eu la chance immense de bosser avec ceux qui comptent parmi les meilleurs, donc souvent nos idées avaient quelques années d’avance. Ça c’était “tripant”.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Il y a deux trucs dont je suis fier en course : avoir gagné la NKM qui récompensait le meilleur en surf ET en windsurf et avoir toujours fait 1er en longboard dans notre région; ça ne pèse pas lourd, mais j’ai fait cela en venant de La Baule. Cette baie aimée autant que critiquée est un formidable lieu de polyvalence. Rien de radical, mais ça change tout le temps. Pour s’amuser tous les jours il faut savoir passer d’un support à l’autre en un clin d’œil. C’est ce que j’adore. Je n’ai jamais été champion de rien, mais sur une moyenne annuelle tous supports confondus, je ne suis pas ridicule. En compétition il faut être fort le dimanche. Moi j’aime donner le meilleur chaque jour si tu vois ce que je veux dire. Concernant l’entrepreneuriat, je m’étais toujours juré de ne jamais faire ça. J’ai fait une carrière longue puisque que j’ai commencé à « bosser » vers 13 ans. Je viens d’une famille d’agriculteurs, chez qui on bosse et on reste à sa place. Se projeter dans une vie comme celle que j’ai aujourd’hui, était absolument impensable. Pourtant, j’estime que tout ce que j’ai vécu fait de moi un entrepreneur légitime. Il y a eu mille étapes et détours, mais chaque pas m’amenait là où je suis. Cela parait stupide mais, une infime minorité de gens ont la chance de basculer sur la bonne voie à chaque carrefour. J’ai tout fait à l’envers, job de 13 à 23 ans, études de 23 à 28 ans et à la fin ça marche. La clef est double : j’ai toujours voulu mieux.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Ado ma mère me surnommait « c’est de la merde ». Je critiquais tout. Jamais content du matos, je voulais toujours mieux. L’autre clef était l’envie. A chaque fois que le système classique me rattrapait, j’avais l’énergie de fuir. Je me suis endetté comme peu le font, je me suis mis dans des situations pas possibles, en étant videur par exemple, j’ai bossé jour et nuit pendant plus de 20 ans. Pourtant, je suis un gros feignant. Cette flemme a son importance elle aussi parce qu’elle me guide vers l’essentiel. Dans ce bazar ambiant, elle guide mes choix. Avant 30 ans je gérais le plus gros réseau de magasins indépendants de notre marché au monde. A 33 ans, je fermais tout pour redémarrer 100% online de mon coté. En 2008, personne ne croyait vraiment au SUP et encore moins à la vente à distance de planches ! Pourtant, là aussi ça a marché. Le timing était bon, on a forcé les choses et ouvert les voies, et nous voilà dix ans plus tard avec une marque d’audience mondiale. Que ce soit dans le produit ou dans le business, faire comme les autres ne m’intéresse pas. Même faire comme j’ai fait ne m’intéresse pas. Je me lasse hyper vite et je m’ennuie. Donc je développe des trucs et dès que ça marche je délègue et je passe aux suivants. C’est ça qui me passionne : toujours plus et toujours mieux. Et là je ne parle pas d’argent. J’en ai longtemps manqué cruellement, mais aujourd’hui je n’en fais pas une récompense. C’est un simple moyen de faire encore plus et encore mieux. D’ailleurs la quasi-totalité des résultats de GONG ont été réinvestis ces dix dernières années dans GONG. Paradoxalement là aussi j’ai conscience que c’est en pure perte car dans la glisse tout ce qui monte fini par descendre, et très vite 😉 Mais je ne suis pas là pour amasser, je suis là pour faire ce que je veux faire. Et le jour où ça sera fini, je retournerai surfer avec une board, un van et mes proches.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

D’où vient ton surnom “L’Ours” ?

Même si je progresse avec les années, je ne suis pas très loquace et je m’embarrasse peu des conventions sociales. J’ai un but et j’avance. Il n’est pas anormal qu’on me trouve souvent froid ou distant. Mais avec un grand-père champion de France de bras de fer au surnom de l’Ours, comment pouvais-je faire autrement 😉

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Quelles ont été les évolutions majeures de la marque depuis sa création et jusqu’à aujourd’hui ?

Les premières planches ont été faites en 1996 pour Magic Surf. Des boards en Epoxy, rares à l’époque, donc solides mais qu’on ne vendait pas cher car sans intermédiaire. En 2006, on a été les premiers au monde à mettre en série la production de SUP. Alors, je sais bien que tout le monde refait les dates pour changer l’histoire mais, les faits sont que GONG a été le pionnier du SUP pour tout le monde.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

GONG a été la ou l’une des premières marques à se lancer dans le Stand Up Paddle en France ? Comment s’est passée ta rencontre avec le SUP ?

Contrairement à beaucoup de shapeurs de surf, j’ai surfé des grosses planches toute ma vie. D’abord des planches à voile dans les vagues, ensuite des gros 12’ que je ramenais d’Hawaii pour pousser ma culture longboard. Donc shaper et surfer des planches volumineuses n’a jamais été un problème : j’y voyais une évidence. Du coup je n’ai pas perdu de temps à me questionner sur leur pertinence, leur forme, leur potentiel commercial. J’ai foncé et la suite m’a donné raison. En 2008, on vendait déjà des milliers de SUP GONG. Ça a aiguisé l’appétit des vautours qui ont flairé la bonne affaire hey hey. Bref, on s’est fait plumer par des voleurs de moules et d’histoire. Un grand moment de déception sur le genre humain…

Pourquoi avoir fait le choix de la vente en direct ?

Ce n’était pas un choix car, je ne me pose jamais face aux clients. Je suis mon premier client. Je shape ce que j’aime et par chance j’aime beaucoup de choses… Mais ma réflexion part toujours du client. On le dit souvent mais moi c’est vrai 😉 Alors, comment faire pour se payer un quiver avec des shortboards à 800€ et des SUP à 2900€ ? Plus des kites à 1500€ etc etc etc… Si tu prends moins de 10k€ par mois tu es frustré. Ça ne va jamais car c’est impossible de combiner des revenus normaux et un quiver qui t’assure de t’éclater le weekend.
La vente directe, c’est avant tout un moyen pour moi de parler aux gens sans distorsion. Je n’ai pas envie que l’on vienne flinguer la précision de mon job avec des discours de place du commerce. Chez GONG on fait tout alors on sait de quoi on parle. On n’a pas besoin de se maquiller ni de se masquer. Ça j’adore. Alors bien entendu en vendant sans intermédiaire on supprime deux marges et ça fait jaser. Mais je ne bosse pas pour mes concurrents ! Je bosse pour mes clients et un client heureux est un client fidèle et généreux. Voilà ce qu’on veut : bosser dans un happy world. On a vraiment une clientèle qui nous rend ce plaisir de bosser. En prise directe, les gens sont cash. Si t’es nul t’es super nul, si t’es bon on t’envoie des bisous cœur 😉 et bien ça c’est cool! On travaille énormément, on double tous les deux ans, voire tous les ans, et tout ça dans un monde sympa, courtois où les soucis ont des solutions.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Quels sont les pays sur lesquels GONG est présent ?

Tous ou presque. Depuis quelques années nous livrons le monde entier. Tous les jours aux USA, en 4 jours au Japon, en Australie, en Brière… On vend tous les jours des leash à Hossegor, un comble. Nous avons un staff multilingue qui assure un service optimum même sur des très grandes distances. Notre principal savoir faire est la logistique. On est vraiment bons là-dessus car livrer ce qu’on livre à raison de 80 commandes par jour dans le monde entier, faut être bien réveillé pour que ça déroule. Ça c’est notre job ! On a en permanence 20 containers sur l’eau, des centaines de commandes en transit, et quand un mec appelle en panique pour être livré demain : on assure. Tout ça c’est mon équipe. Ce sont eux qui font ce job ingrat sans jamais faiblir. Des passionnés ultra motivés.

L’équipe GONG Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Malgré ton passé de champion, GONG semble avoir adopté tout de suite un positionnement “freeride” c’est-à-dire non tourné vers la compétition que ce soit en surf ou en SUP race…

Encore une fois, je n’ai jamais été champion. Peut-être champion des morts de faim… La réponse à ta question est simple : je bosse pour mes clients et ceux qui vont le devenir. La série est faite pour eux, pour leur plaisir. Donc je fais ce qu’on me demandera, avec deux ans d’avance sur les envies des gens pour les stimuler. Je n’ai rien contre la compétition, elle est nécessaire. Mais ayant été peu fortuné, j’ai mal vécu ce marché “rich only ». Si tu regardes bien l’offre il y a dix ans, il n’y avait que des marques de luxe. Rien pour vous et moi, que du “wow, du plus plus, du moi je “. Avec GONG j’ai créé une marque premium de la glisse. On n’est pas low cost, au contraire on fait d’excellents produits. Mais on n’est pas luxe non plus. Le coeur de notre offre c’est la golf de la glisse. Qualité prix optimum !

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Je n’empêche pas les gens de se craquer sur une planche de luxe, au contraire je fabrique des futurs clients pour ces marques qui tractent les sports vers le haut. La mission de GONG est différente : nous sommes un pur provider de plaisirs. C’est le seul truc qui compte : le smile, le fun, l’éclate, tous ces termes qui font marrer les marques de luxe qui toisent et comptent des points. Ce monde n’est pas celui de GONG. Nous voulons simplement que les gens soient heureux 2h par semaine avec nos créations. Alors je sais que dans le plaisir d’acheter il y a celui du bel objet, du prestige. Et bien on met tout dans l’objet et peu dans le prestige. Le seul prestige associé à l’achat d’un produit GONG c’est celui d’avoir mis le bonheur comme valeur numéro 1. Pour mémoire, j’ai été le premier à faire une planche de race dans le monde. Pas pour la course, mais pour le franchissement : aller plus loin. Et nous avons poussé ce concept à l’extrême avec la traversée Méditerranée – Atlantique de Jean Paul Averty, les innombrables aventures d’Ingrid Ulrich, la Loire intégrale de Manu Faure. Ce sont des projets très engageants. Je crois que sur le positionnement de la marque, l’immense différence est que nous n’avons jamais mis d’égo dans GONG. On me voit partout et je le regrette mais j’ai longtemps été seul. Quand on monte une marque qui porte son nom, on est dans l’égo, dans le je suis ça ou je fais ça. C’est très bien et c’est souvent la pierre angulaire d’une volonté farouche de se distinguer. GONG est l’acronyme de Galaxy Of New Generations. En clair, on va faire de vous la nouvelle génération. On ne parle pas de nous, on parle de nos clients, de la fusion qu’on peut avoir avec eux. Ça pose bien l’ADN d’une marque je trouve.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Quels sont les nouveaux projets vers lesquels se tourne GONG SUP ? du Foil ? du Wing foil ?

Tous ou presque. Je pense que j’ai été le premier shapeur à numériser l’intégralité des données des 25 dernières années. Avant cela, faire une nouvelle planche me prenait 3h en moyenne. Depuis c’est 3 minutes. Mon job technique est de fusionner des templates. Mais mon vrai métier est d’écouter les gens, de sonder les moindres de leurs envies pour y répondre à ma manière. Ce temps gagné je le donne aux clients et à mes usines. Car notre savoir faire est aussi d’avoir numérisé de bout en bout notre chaine de valeurs. Les clients voient les sites web. Mais ils n’imaginent pas que nous avons structuré toute la chaine autour des données et des méthodes. Si nous grossissons aussi vite sans se planter, c’est que tout est dimensionné pour intégrer des volumes énormes. On n’obtient pas de productivité en usant du fouet, on l’obtient en étant organisés et visionnaires. Une chose nous freine : le temps car il faut du temps pour faire les choses. Pour tout le reste, nous avons mis en place des solutions qui étape après étape nous font grossir pour qu’à chaque minute nous soyons meilleurs face aux demandes des clients.

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Crédit photo: Patrice Guénolé – GONG

Pour plus d’information sur la marque GONG, rendez-vous sur :
Web :https://gongsupshop.com/
Facebook : https://www.facebook.com/gong.sup
Instagram : https://www.instagram.com/gongsupboards

A propos de l’auteur

Marie Esnaola

Originaire du Pays Basque, Marie se tourne naturellement vers le sauvetage côtier, les courses de prone et le SUP après des années de natation. Passionnée de sport, elle organise des évènements sportifs et BtoB et accompagne les entreprises en webmarketing.